[Rotterdam, le 12 mai 1695]

Homme très célèbre
Il m’est extrêmement difficile de vous exprimer à quel point j’ai été frappé d’admiration par l’oraison funèbre de la très auguste reine britannique que vous avez prononcée le jour même de l’enterrement [1]. On n’attend rien de votre part en ces occasions qui ne soit parfaitement limé et conforme aux principes d’une éloquence absolue, mais, si je ne me trompe, vous avez surpassé même l’opinion de ceux qui ont toujours tenu votre puissance de parole dans la plus haute estime. Je vous dois donc d’autant plus de reconnaissance que vous m’avez instruit et gratifié par un monument très exquis et très remarquable de votre éloquence, un monument qui, à cause du cadeau et du donneur, me sera toujours plus précieux que l’or.

Je m’étonne moins de n’avoir rien pu découvrir sur Michel Brutus [2] puisque je sais que vos recherches au sujet du temps de sa mort et de choses semblables se sont montrées vaines. Nous aurons, comme je l’espère, d’après ces auspices, une réédition de la collection des lettres philologiques publiées au siècle dernier, et beaucoup d’autres publiées jusqu’à présent. J’ai fait savoir à notre grand ami Nicaise les dernières nouvelles le concernant dans votre lettre [3]. Adieu, homme très heureux et consommé, aimez et protégez votre très dévoué admirateur, Bayle.

Donnée à Rotterdam, le 12 mai 1695.

Notes :

[1Sur l’oraison funèbre prononcée par Grævius à l’occasion de la mort, le 28 décembre 1694, de Marie Stuart, reine d’Angleterre, voir Lettre 1031, n.7.

[2Il s’agit sans doute de Jean Michel Brutus, Vénitien et étudiant à Padoue qui « s’attacha particulierement aux conversations et aux leçons de Lazare Bonamicus » : Bayle lui consacre un article dans le DHC.

[3La lettre de Bayle à Nicaise relayant les informations de Grævius sur Jean Michel Brutus ne nous est pas parvenue.

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