Lettre 1105 : Pierre Bayle à Jean-Baptiste Dubos

[Rotterdam,] le 19 d’avril 1696

Vous me croirez, Monsieur, ennemi de mon bonheur puisqu’aiant recu si promptement une reponse remplie de tant de bonnes choses, et de curiositez litteraires [1], je laisse passer deux mois entiers sans vous en remercier pour me procurer encore un semblable tresor. Le peu de loisir que me laissent les imprimeurs [2] n’est pas la seule raison de mon silence ; la sterilité des nouvelles y contribue beaucoup plus : j’ai honte de vous ecrire lorsque je n’ai rien de curieux à vous mander*, et je suis dans cette disette, soit parce qu’il paroit ici peu de bons livres, soit parce que je n’ai pas le tems de m’instruire exactement des nouveautez de ce genre là.

Avant que de vous communiquer ce que j’en sai, je repondrai Monsieur, à diverses choses qu’il vous a plu de m’ecrire. Je vous suis infiniment obligé d’avoir rafraichi mon idée à Mons r Perrault [3]. C’est une personne que j’estime et que j’honnore infiniment, et dont je lis les ouvrages avec une extreme satisfaction. Je ne puis encore vous rendre compte de la maniere dont il se trouve dans les ecrits de M rs Francius et Perizonius [4], car les pieces qu’ils ont publiées l’un contre l’autre n’ont point paru chez les libraires de cette ville, et je n’ai trouvé personne qui put me les preter. Je sai seulement que dans • le premier ecrit de Mr Perizonius où il reproche à son adversaire de n’avoir pas repondu à une lettre publique de Mr Perrault, il n’y a rien que d’obligeant pour ce dernier. Mr Francius a fait trois lettres contre cet ecrit que je n’ai point veues. Il a declaré qu’il en demeureroit là. Mr Perizonius vient de repliquer ; je n’ai point encore vu sa replique. Le sujet de leur querelle n’est pas l’epigramme dont vous me parlez. Les vers de Mr Perizonius sur la prise de Namur [5] remplissent une demie feuille in fol[io].

J’ai scu que Mr Perrault m’a fait l’honneur de me citer dans une de ses reponses à Mr Despreaux [6], et j’ai prié autrefois Mr Pinsson de lui en temoigner ma reconnoissance [7], mais je n’ai pas vu l’ecrit où j’ai recu cet honneur. Il n’a point paru en ce pays-cy. Je suis faché qu’un homme qui rend de si beaux services à la Republique des Lettres ait l’age que vous me marquez. Je souhaitte Monsieur, que vous vous y soiez trompé comme à celui de Mr Dacier [8]. Vous me marquez que Mr Despreaux et lui passent la soixantaine. Souffrez Monsieur, que je vous contredise à l’égard de Mr Dacier ; je l’ai toujours cru un / peu plus jeune que moi, et tout au plus il ne peut etre que de mon age, entre quarante huit et cinquante ans. C’etoit je vous l’avouë, une besogne assez rude pour ce nouvel academicien que l’eloge de son predecesseur, et celui de la derniere campagne [9], et puisqu’il ne s’en est pas mal tiré, il faut qu’il soit de ceux dont Balzac a dit qu’ils savent danser sur la corde [10]. Nous ne voions ici aucun des discours qui se prononcent ou qui se lisent dans l’Academie francoise. Les libraires ne les rimpriment point ; ils ne vendroient pas cette marchandise, parce qu’elle paroitroit trop encensée pour des personnes qu’on n’aime pas. Nos nouvelistes raisonnans, je parle de ceux qui font chaque mois les Lettres historiques et le Mercure historique [11] ne s’avisent plus d’en • inserer aucun. Ils insererent le discours de Mr Pavillon, [12] et n’en furent pas loüez.

On rimprime ici quantité d’autres livrets qui viennent de France. De ce nombre est le livre attribué à S[ain]t-Evremont [13] contre lequel vous m’ap[p]renez que quelques dames se sont soulevées à cause de leur amitié pour cet auteur. 2° L’ Histoire secrete du connetable de Bourbon [14]. 3° Furetieriana, un peu maltraité dans le Mercure historique de mars dernier [15]. 4° Détail de la France [16], où on a changé le titre car il paroit ici sous le titre de La France ruinée sous le règne de Louis XIV par qui et comment. Puisque vous lisez nos nouvelles raisonnées, vous savez qu’on tire de ce livre là presque tous les mois, divers morceaux pour représenter par ce temoignage d’un auteur non suspect la misere de la France. On n’avoit garde en ce pays cy de laisser tomber ce livre. Je croi qu’on l’imprimera en toutes langues.

J’ai ap[p]ris avec beaucoup de plaisir ce que vous m’avez ecrit touchant la philosophie qui s’enseigne dans les colleges de Paris [17] au sujet du cours de Mr Cally [18]. Je con[n]ois depuis long tems cet habile cartesien. Le Testament de Monsieur Louvois [19] est un ouvrage fait à Paris, par un catholique de naissance. Il pourroit etre que les libraires de ce pays cy qui l’ont fait imprimer ont fait mettre au titre la qualité de premier ministre d’Etat, mais je croi que dans tout le reste ils ont suivi fidelement la copie manuscrite de Paris, et je m’etonne qu’ils aient osé publier un ouvrage au fond si rempli d’eloges pour le roi de France. Ils ont imprimé depuis peu Les Revolutions d’Angleterre par le P[ère] d’Orleans [20], je ne sai pas s’ils y ont oté ou changé quelques endroits. Avant que de passer à d’autres choses, je vous dirai Monsieur que j’ai vu dans le Furetieriana avec surprise que le Sonnet de l’avorton ait pour auteur un nom qui ce me semble n’est pas fort con[n]u, et qui a eté le maître de feuë Madame Des Houlieres. Elle est assez mal traitée dans cet ouvrage [21].

Ce que vous m’ap[p]renez de la Lettre contre les Gordiens [22] m’a fait songer à ces eblouissemens dont je trouve bien des exemples et à ce que disoit Mr Burnet contre Mr Varillas, / qu’un auteur doit avoir toujours sous les yeux de bonnes tables chronologiques [23]. Tous ceux à qui j’ai communiqué votre ouvrage en sont tres contens et souhaitent qu’il paroisse souvent des ecrits si propres à eclaircir l’ancienne histoire. M’imaginant que Mr Pinsson vous aura montré ce que je lui ecrivis il y a un mois ou environ [24], je ne vous parlerai point des nouveautez litteraires dont je lui parlai ; j’en cherche d’autres.

Nous avons recu depuis quelque tems d’Angleterre une edition de Lucrece qui est fort bonne. La paraphrase qui est aux marges, et les notes qui sont au dessous du texte expliquent fort nettement cet auteur. Mr Screeck a fait cela [25]. Il traite durement et avec beaucoup de mepris le Lucrece in usum Delphini [26], ce n’est point par haine ou par jalousie de nation, car il donne de grans eloges à Lambin, à Le Fevre de Saumur, pere de Mad[ame] Dacier, et surtout à Gassendi [27]. On attend du meme pays le Pausanias et le Thucidyde que l’on y a imprimez [28]. On attend d’Allemagne une autre edition de Pausanias avec les notes de Kuhnius [29] savant homme en grec qui enseigne dans Strasbourg. Nous aurons bientôt le 4 e et le 6 e volume du Thesaurus Antiquitalum [sic] Romanorum ; on a dejà les 3 premiers et le 5 e. Mr Grævius ajoute à chaque volume des prolegomenes bien ecrits et doctes et une pompeuse epître dedicatoire [30]. On n’inserera pas dans ce gros recueil l’histoire des grans chemins ; ce sera un livre qu’on publiera à part traduit en latin par Henninius [31], homme assez bon grec, qui est passé à l’académie de Duisbourg ayant eté avant cela recteur d’une ecole à Til en Gueldre. Il seroit à souhaiter qu’il eut les observations que vous avez faites sur cette histoire [32]. Mr Gronovius [33] a publié une nouvelle edition de Pomponius Mela où il maltraite Isaac Vossius encore plus que dans l’edition precedente [34]. Il a joint à celle-cy l’ Anonymus Ravennas que le Pere Porcheron a publié à Paris, [35] et comme il entend très bien la geographie, mais plus l’ancienne que celle du moien tems, il a • donné un avant goût dans sa preface de notes critiques sur cet anonyme. Mr Perizonius a sous la presse un Elien qui sera meilleur que celui de Kuhnius [36].

Pour de petits livrets sur les matieres du tems, nous en avons à foison, mais qui plaisent peu aux gens de bon gout, et non passionnez. Nous avons Le Marechal de Luxembourg prisonnier dans le chateau de Namur [37] ; Le Contre-impromptu de Namur, comedie [38] ; l’ Histoire des amours de Mr le Dauphin et de la comtesse du Roure, etc [39]. Le voiage du roi Jaques à Calais [40] va faire eclore une legion de petits libelles ; c’est une ample moisson pour nos nouvelistes reflexifs, la decouverte de la conspiration et la / punition qu’on continuera de faire des assassins à Londres [41] sera une matiere inépuisable tout le reste de cette année à nos ecrivains anonymes. On regarde cela comme un avantage pour le roi Guillaume plus solide que le gain d’une bataille et la prise de Namur. On se confirme dans la pensée que depuis un ou deux ans son bonheur qui etoit un peu moindre que sa prudence, egale sa prudence, et que le concours de ce bonheur et de cette souveraine habileté le poussera au plus haut point de grandeur, de triomphes, et de puissance qui se puisse imaginer.

Vous me croiez sans doute d’humeur à suivre à la trace les nouvelles des prodiges : vous ne serez donc pas surpris Monsieur, que je vous sup[p]lie de vous informer d’une chose que j’avois negligée comme une invention de gazettier, mais que je ne traitte plus ainsi depuis que le Pere Coronelli m’a fait voir une lettre qu’il a recuë de Venise. Ce Pere Coronelli, grand auteur de globes et de cartes, est à la suite des ambassadeurs que la republique de Venise envoie à Londres [42] ; on lui a ecrit de Venise que Mr Erizzo, ambassadeur de la republique à Paris [43], a envoié à Venise la copie d’une lettre ecrite par Mr de Lavardin [44] au Roi son maître pour lui ap[p]rendre qu’on a vu en Bretagne trois armées en l’air, dont l’une paroissoit être un corps de reserve. Les deux autres etoient commandées chacune par un chef à taille gigantesque, l’une portoit la banniere blanche ; l’autre la ban[n]iere rouge ; elles se bat[t]irent long tems ; enfin celle qui portoit la banniere blanche fut contrainte de s’enfuir. On sentit une odeur de soufre assez longtems depuis que ce prodige eut disparu. On m’avoit dejà dit qu’une gazette d’Anvers avoit debité que Mr de Lavardin voiant la consternation où ce prodige jettoit les peuples de Bretagne, avoit defendu d’en parler, et qu’il avoit meme fait emprisonner des gens. Cette gazette • disoit que l’une des deux armées etoit commandée par une figure de soleil et que ce fut celle qui fut bat[t]uë. Les histoires font mention de plusieurs telles ap[p]aritions ; je ne dispute point sur l’existence de ces choses en plusieurs rencontres, mais je croi qu’il y a des gens mal intentionnéz qui divulguent quelquefois ces bruits pour etonner un parti et pour remplir l’autre d’esperance. Je voudrois bien savoir s’il est vrai 1° que Mr de Lavardin ait ecrit une telle lettre, 2° ce que les personnes moderées, qui ne se piquent ni d’esprit fort, ni de devotion pensent sur la lettre qui a couru dans Paris, car puisque l’ambassadeur de Venise en a envoié une copie, il est seu qu’il a couru dans Paris une lettre vraie ou sup[p]osée de Mr de Lavardin. S’il se trouvoit que cela fut chimerique, il y auroit / bien des reflexions à faire qui plairoient aux philosophes.

J’ai oublié presque une nouvelle que l’on me dit l’autre jour. Les professeurs de la nouvelle academie de Hall aux Etats de Brandebourg [45] sont dejà à couteaux tirez. Le professeur Thomasius [46] est fort inquieté par les professeurs en theologie sur les notes qu’il a faites en faisant reimprimer un ouvrage de Mr Poiret De • falsa et solida eruditione [47]. On le harcele sur tout parce qu’il enseigne qu’il y a deux ames dans l’homme, substantiellement distinctes l’une de l’autre. L’une est spirituelle et raisonnable ; l’autre est semblable à l’ame des betes.

Je ne dois pas oublier que Mr Le Clerc vient de donner au public un ouvrage qui merite d’être lu ; il a pour titre De l’incredulité [48], dont il recherche les causes, et il montre que les incredules n’ont rien de solide à opposer à la religion chretienne. On a imprimé une traduction francoise de deux traittez du docteur Scharlok Anglois, l’un de la mort, et l’autre du jugement [49]. On verra avec le tems ce qu’il a fait sur le paradis et l’enfer, et ainsi on aura un ouvrage complet sur les quatre fins dernieres, et on pourra voir s’il y a mieux reussi que Mr Nicolle [50] , qui a traitté de ces quatre fins dans l’un des volumes de ses Essais de morale [51]. Un janseniste de ce pays cy vient de publier quelque chose contre l’histoire du jansenisme qu’un professeur d’Utrecht nommé Leidecker nous donna l’année passée [52][.] Le parti des jansenistes se dissipe peu à peu dans le Pays Bas : il est dejà divisé en deux branches, en jansenistes rigides et en jansenistes mitigez. Les premiers sont mal satisfaits des dernieres années de Mr Nicolle [53], et ne se sont point melez de fournir à nos nouvelistes de quoi le loüer, comme ils leur fournissent soigneusement ce qui concerne les avantages que les carmes ont obtenu sur les jesuites à Tolede [54], et qu’ils esperent d’obtenir aussi à Rome.

Vous voiez Monsieur, que nos nouvellistes ne s’occupent pas toujours à refuter Mr Devizé [55]. Ils commencent à le traiter de haut en bas, et s’ils continuent sur ce ton là, et que le Bureau leur soit favorable comme il l’est depuis 2 mois [56], ils le chagrineront terriblement.

Je vous prie de me dire qui est ce Mr Perron dont il est parlé dans la suite du Menagiana comme d’un homme qui a etudié fort particulierement l’histoire de Jean de Montaigu dont le cadavre fut si long tems au gibet de Monfaucon [57]. Mr l’abbé Nicaise me mande qu’il a recu le livre de Mr Morel [58]. J’ai remarqué dans votre ouvrage quelque chose qui se rap[p]orte au demelé de Mr Spon contre l’auteur d’ Athenes ancienne et nouvelle [59], qui avoit un peu maltraité les antiquaires. Qu’est-il devenu cet auteur-là ? Depuis son Mahomet II [60] il me semble qu’il n’a rien produit. Vous aurez sujet de vous moquer de moi comme d’un homme troppo interrogativo

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Je suis Monsieur, votre tres humble etc.

 

A Monsieur / Monsieur l’abbé Du Bos / à Beauvais

Notes :

[1Voir la lettre de Jean-Baptiste Dubos du 10 février 1696 (Lettre 1086).

[2L’impression du DHC se poursuivait : à la date du 19 mars (Lettre 1098), Bayle informait Minutoli que les imprimeurs en étaient à la lettre O et il recueillait des informations pour les articles de la lettre P.

[3Charles Perrault était un membre du réseau de l’abbé Dubos et de Pinsson des Riolles : voir Lettre 1086, n.2, et ci-dessous n.6.

[4Sur la querelle entre Francius et Perizonius, voir Lettres 1080, n.8, et 1086, n.3 et 4.

[5Sur ces vers de Francius et de Perizonius, voir Lettre 1086, n.4.

[6Sur cette allusion de Perrault à Bayle, voir Lettre 1086, n.12, et pour la réponse de Perrault aux remerciements (perdus) de Bayle, citée par Dubos, voir Lettre 1086, p.578. Voir aussi A. McKenna, « Pierre Bayle et le monde moderne de la République des Lettres », Revue Fontenelle, 9 (2011), p.45-56.

[7C’est la lettre de Bayle à Pinsson du 19 novembre 1693 (Lettre 955) qui est ici évoquée : voir Lettre 1086, n.12.

[8Voir la supposition de Dubos sur les âges respectifs de Boileau, de Perrault et de Dacier, Lettre 1086 (et n.10).

[9Voir les réflexions de Dubos sur le discours d’ André Dacier célébrant la mémoire de son prédécesseur à l’Académie française, François de Harlay de Champvallon : Lettre 1086 (et n.14 et 17).

[10Jean-Louis Guez de Balzac, Les Œuvres de Monsieur de Balzac divisées en deux tomes (Paris 1665, folio, 2 vol.), livre XIX, lettre V du 20 février 1636, à Jean Chapelain, i.764 : « Et à vous dire le vray, le rugissement perpétuel de ces lions n’est pas une musique qui me soit fort agreable. Les renards, les singes, et les autres animaux plus fins que farouches, me feroient bien mieux passer le temps avec leurs sauts et leurs gambades. Les marionnettes mesmes ont leur usage dans la Republique ; vous le sçavez bien. Mais vous savez aussi que quand un singe danse sur la corde, on prend ce temps-là pour couper la bourse aux plus attentifs des spectateurs. Expliquez cét enigme, apres m’en avoir donné tant d’autres à expliquer. » Voir le comentaire de J. Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain, 1597-1654 (Saint-Etienne s.d. [1977]), p.412.

[11A cette époque, Jacques Bernard était le rédacteur des Lettres historiques contenant ce qui se passe de plus important en Europe, et les réflexions nécessaires sur ce sujet, publiées par Adrien Moetjens à La Haye. Depuis l’abandon de la rédaction du Mercure historique et politique contenant l’état présent de l’Europe, ce qui se passe dans toutes les cours, l’intérêt des princes, leurs brigues, et generalement tout ce qu’il y a de curieux pour le mois de mars 1696. Le tout accompagné de reflexions politiques sur chaque Etat (La Haye, Henry van Bulderen 1696, 12°) par Gatien Courtilz de Sandras en mars 1693, c’est sans doute Jean La Brune qui l’avait remplacé. Voir le Dictionnaire des journaux, s.v.

[12Etienne Pavillon (1632-1705) avait été élu membre de l’Académie française le 17 décembre 1691 : voir le Discours prononcé à l’Académie française, le 17 décembre 1691, par M. Pavillon, receu à la place de M. de Benserade (Paris 1691, 4°).

[13Il s’agit des Mémoires de la vie du comte D*** avant sa retraite, rédigez par M. de Saint-Evremond (Paris 1696, 12°, 4 vol.), dus à l’ancien jésuite Pierre de Villiers : voir Lettres 1067, n.52, et 1086, n.25.

[14Sur cet ouvrage, voir Lettre 1086, n.29.

[15Sur la publication des Furetiriana, voir Lettre 1086, n.34. Nous n’avons trouvé aucune allusion aux Furetiriana dans le Mercure historique et politique, rédigé par Jean La Brune, ni dans le Mercure galant du même mois.

[16Sur l’ouvrage de Pierre Le Pesant de Boisguilbert, Le Détail de la France, voir Lettre 101, n.32. Sur l’auteur, un ancien élève des petites écoles de Port-Royal, voir le Dictionnaire de Port-Royal, s.v. (art. de F. Delforge). L’édition évoquée parut, en effet, aux Pays-Bas : La France ruinée sous le règne de Louis XIV : par qui et comment : avec les moyens de la retablir en peu de tems (Cologne, Pierre Marteau 1696, 12°).

[17Dans sa lettre du 10 février (Lettre 1086), Dubos avait déclaré : « Sa philosophie [de Pierre Cally] est ici en reputation, la plus part des professeurs de l’université le lisent plus que saint Thomas. Pour vous le dire en passant il n’i a plus que le no[m] de peripatetisme qui i regne, tout le monde, jusques aux cordeliers enseigne la philosophie nouvelle. »

[18Sur la publication des œuvres philosophiques de Pierre Cally, voir Lettre 1086, n.36.

[19Sur cet ouvrage de Gatien Courtilz de Sandras, voir Lettres 936, n.16, et 1039, n.8.

[20L’ouvrage du Père jésuite Pierre-Joseph d’Orléans, Histoire des révolutions d’Angleterre, depuis le commencement de la monarchie (Paris 1689, 12°), avait été évoqué par Bayle dans sa lettre à Daniel de Larroque du 13 août 1694 (Lettre 1004 : voir n.3). A la date de la présente lettre, la dernière édition publiée était celle de Claude Barbin (Paris 1695, 12°). On trouve à cette même date, une édition in-8° publiée à Rotterdam chez Reinier Leers.

[21Voir Furetiriana, ou les bons mots et les remarques, histoires de morale, de critique, de plaisanterie et d’érudition par M. Furetière, éd. Guy Marais (Paris 1696, 8°), p.63. Bayle conduit une discussion serrée sur l’auteur de ce sonnet et sur l’identité de la personne dont la fausse couche avait inspiré le poète : voir le DHC, art. « Henault (N.) », rem. A. Il conclut que le sonnet est certainement de Jean Hénault (1611-1682) et qu’il ne fut pas composé à l’occasion d’une des fausses couches de M lle de Guerchy. Sur Hénault (ou de Hesnault), voir R. Pintard, Le Libertinage érudit, p.241, 433, 504, 624 ; du même, « Un ami mal connu de Molière : Jean de Hénault », RHLF, 72 (1972), p.954-975 ; A. Niderst, « Jean Hénault (suite) », RHLF, 78 (1978), p.707-721. Voir aussi le DHC, art. « Spinoza (Benoît de) », rem. F de la première édition, où Bayle cite longuement la lettre de Dubos du 27 avril 1696 (Lettre 1107) sur Jean Hénault, maître de M me Des Houlières.

[22Bayle désigne ainsi la Lettre touchant l’« Histoire des quatre Gordiens prouvée par les médailles » (Paris 1696, 12°) d’ Antoine Galland dirigée contre l’ouvrage de l’abbé Dubos : voir Lettre 1067, n.33. Bayle répond ici à une remarque de Dubos dans sa lettre du 10 février sur une bévue d’Antoine Galland : voir Lettre 1086, n.42.

[23Sur la querelle entre Antoine Varillas et Gilbert Burnet, voir Lettre 632, n.1.

[24Voir la lettre de Bayle à Pinsson des Riolles du 15 mars 1696 (Lettre 1096). On voit ici comment fonctionnait (ou devait fonctionner) le réseau des correspondants parisiens de Bayle : celui-ci envoie à chacun des nouvelles différentes ; celles-ci sont mises en commun par les Parisiens entre eux et diffusées ensuite à leurs réseaux particuliers.

[26Sur l’édition de Lucrèce, De rerum natura libros sex interpretatione et notis illustravit Michæl Fayus in usum Delphini (Parisiis 1680, 4°), établie par Michel Dufay, et la censure dont elle fit l’objet, voir C. Volpilhac-Auger (dir.), La Collection ad usum Delphini, ch. 5 « La Censure », par E. Wolff.

[27Voir Lucrèce, De rerum natura : libri sex. A Dionysio Lambino [...] commentariis illustrati (Parisiis ; Lugduni 1563, 4°) ; De Rerum natura libri sex. Additæ sunt conjecturæ et emendationes Tan. Fabri cum notulis perpetuis (Salmurii 1662, 4°). Gassendi était évidemment reconnu comme l’acteur principal de la réhabilitation « christianisée » de l’épicurisme : voir O. Bloch, La Philosophie de Gassendi (La Haye 1971), III e partie : « Matérialisme et métaphysique ».

[29Sur Joachim Kuhnius (1647-1697), professeur de grec et d’hébreu à l’université de Strasbourg, voir Moreri, s.v. et Lettre 855, n. 7. Son édition de Pausanias parut quelques mois avant sa mort : Pausaniæ Græciæ descriptio accurata, cum Latina Romuli Amasæi interpretatione. Accesserunt Gul. Xylandri et Frid. Sylburgii annotationes, ac novæ notæ Joachimi Kuhnii (Lipsiæ 1696, 2°).

[30Thesaurus antiquitatum romanarum [...] Congestus a Joanne Georgio Grævio [tomes I-II] (Trajecti ad Rhenum ; Ludguni Batavorum 1694, 4°) ; tome III (Trajecti ad Rhenum, Ludguni Batavorum 1696, 4°) ; tome IV et V (Trajecti ad Rhenum, Ludguni Batavorum 1697, 4°).

[32Outre les notes que Nicolas Bergier avait lui-même portées dans un exemplaire de son propre ouvrage, signalées à Dubos par Oudinet (voir Lettre 1125, n.32), Dubos avait lui aussi composé des observations sur l’ouvrage de Bergier qui devaient être jointes à la traduction de Henning : voir Lettre 1031, n.9.

[37Bayle a sans doute commis une confusion dans le titre ; l’ouvrage suivant semble correspondre à celui qu’il évoque : Le Maréchal de Bouflers, prisonnier dans le château de Namur et les avantures secrettes qui lui sont arrivées pendant la campagne (Liège 1696, 12°).

[38Le siège de Namur suscita de nombreuses publications, dont L’Impromptu de la garnison (Paris 1693, 12°), qui ne fut joué que douze fois. L’auteur n’est pas Dancourt, mais certainement un officier de la garnison de Namur. Il existe une édition hollandaise, intitulée L’Impromptu de la garnison de Namur (Amsterdam 1694, 12°), qui pourrait être la copie de l’édition originale. Cette pièce fut jugée chauvine, puisqu’elle suscita une réplique imprimée en 1696 à Amsterdam : Le Contre Impromptu de Namur ; comédie (Amsterdam 1696, 12°), écrite après la reprise de la ville par Guillaume d’Orange en septembre 1695 ; dans cette pièce, les Français sont présentés comme des lourdauds s’inclinant devant les Anglais.

[40Sur les préparatifs d’un débarquement de Jacques II en Angleterre, abandonnés après la découverte du complot de George Barclay, voir Lettre 1098, n.7, et le Mercure historique et politique, mars 1696, p.305-309.

[41Sur le complot d’assassinat contre Guillaume d’Orange conduit par George Barclay, voir Lettre 1098, n.7.

[42Sur le Père Vincenzo Maria Coronelli et les globes de Marly, voir Lettre 611, n.11.

[43Le chevalier Nicolo Guido Erizzo, ambassadeur de Venise à Paris entre 1694 et 1699 : voir sa Relation de la cour de France en 1699, éd. H. de Chateaugiron, in Mélanges publiés par la Société des bibliophiles français, vol. V, pièce 3 (Paris 1826).

[44Henri-Charles de Beaumanoir, marquis de Lavardin (1643-1701), lieutenant-général au gouvernement de Bretagne, ambassadeur de France à Rome en 1687 : il y prit la difficile succession du duc d’Estrées. Il tenait son récit des prodiges de Bretagne de la part du curé de Ruvengal : voir Lettre 1107, n.28 et 29, et le texte de Lavardin cité par Dubos d’après le Mercure galant à la fin de la Lettre 1107.

[45Sur la fondation de l’académie de Halle en 1694, voir Lettre 1095, n.17.

[46Sur Christian Thomasius, voir Lettres 758, n.18, et 944, n.12. Sur l’édition de l’ouvrage de Pierre Poiret, paru pour la première fois en 1692 chez Wetstein à Amsterdam, De eruditione solida, superficiaria et falsa libri tres, ed. nova acc. Chr. Thomasii « Dissertatio de scriptis autoris » (Francofurti, Lipsiæ 1694, 8°), voir Lettre 1507, n.6, F. Tomasoni, Christian Thomasius. Spirito e identità culturale alle soglie dell’Illuminismo europeo (Brescia 2005), p.86-97, et la lettre de Leibniz à Basnage de Beauval, datant du 13 janvier 1696 environ, éd. Gerhardt, iii.122-123.

[47Sur Christian Thomasius, voir Lettres 758, n.18, et 944, n.12. Sur l’édition de l’ouvrage de Pierre Poiret, paru pour la première fois en 1692 chez Wetstein à Amsterdam, De eruditione solida, superficiaria et falsa libri tres, ed. nova acc. Chr. Thomasii « Dissertatio de scriptis autoris » (Francofurti, Lipsiæ 1694, 8°), voir Lettre 1507, n.6, F. Tomasoni, Christian Thomasius. Spirito e identità culturale alle soglie dell’Illuminismo europeo (Brescia 2005), p.86-97, et la lettre de Leibniz à Basnage de Beauval, datant du 13 janvier 1696 environ, éd. Gerhardt, iii.122-123.

[48Jean Le Clerc, De l’incrédulité, où l’on examine les motifs et les raisons générales qui portent les incrédules à rejetter la religion chrétienne (Amsterdam 1696, 8°). Le Clerc annonce son intention de composer cet ouvrage dans sa lettre à Locke du 28 juin 1695 ; il en annonce l’achèvement dans celle du 15 octobre 1695 et la publication dans celle du 20 janvier 1696 (voir éd. E.S. de Beer, n° 1916, 1958, 1999). La traduction anglaise, intitulée A treatise of the causes of incredulity (London 1697, 12°), fut l’œuvre de John Toland : voir A. Barnes, Jean Le Clerc (1657-1736) et la République des Lettres (Paris 1938), p.183.

[49William Sherlock (vers 1641-1707), doyen de Saint-Paul, chapelain ordinaire du roi Guillaume, De la mort ; et du Jugement dernier. Traduit de l’anglois par David Mazel, ministre du S[aint] Evangile (Amsterdam 1696, 8°), traduction parue chez Henry Desbordes.

[53Antoine Arnauld et Pierre Nicole s’étaient exilés aux Pays-Bas dès la nouvelle de la mort de M me de Longueville en 1679, car ils savaient qu’ils n’avaient désormais plus aucune protection à la Cour. Le retour de Pierre Nicole à Paris, avec l’accord de l’archevêque de Paris, François de Harlay de Champvallon, souleva l’indignation de bon nombre des amis de Port-Royal et Nicole consacra de très nombreuses lettres à sa justification : voir Lettre 668, n.12, le récit de l’abbé Claude-Pierre Goujet, Continuation des essais de morale, contenant la vie de M. Nicole et l’histoire de ses ouvrages (Luxembourg 1732, 12° ; Liège 1767, 12°), ch. xvii et xviii, ainsi que l’étude approfondie d’E. Jacques, Les Années d’exil d’Antoine Arnauld, ch. 6 « L’entrevue de Bruxelles », p.87-106, et le Dictionnaire de Port-Royal, art. « Nicole, Pierre » (art. de B. Chédozeau et L. Thirouin) et « Hollande, mission de » (art. de H. Schmitz du Moulin).

[54Il s’agit de la condamnation par le tribunal de l’Inquisition de Tolède, à l’instigation des carmes, des quatorze premiers volumes de la collection des Acta sanctorum des jésuites bollandistes Daniel van Papenbroeck et Godefroid Henskens, dit Henschenius (Antverpiæ 1643-1960, folio, 68 vol.). En effet, les carmes flamands leur reprochaient d’avoir voulu démontrer que leur fondateur était Berthold et non Élie comme le prétendait leur tradition. Papenbroeck (1628-1714) répondit aux attaques et composa sa Responsio ad exhibitionem errorum (Anvers 1696-1699, 8°, 3 vol.). En 1698, le pape imposa sa médiation en réduisant au silence jésuites et carmes. Dans le DHC, art. « Raynaud », rem. D de la première édition, Bayle mentionne la censure des Acta Sanctorum des jésuites d’Anvers par l’Inquisition de Tolède. Voir aussi Lettres 1120, n.12, et 1137, n.29, et 1229, n.23, et la lettre de Leibniz à Thomas Burnett de Kemney du 24 août (v.s.) 1697 (éd. Gerhardt, iii.211).

[55Jean Donneau de Visé, rédacteur du Mercure galant.

[56Il s’agit sans doute du « bureau » de la douane, qui laissait passer les publications des Provinces-Unies avec plus ou moins de facilité selon les circonstances politiques. L’expression a cependant un sens très général, également, comme l’indique le Dictionnaire de l’Académie (éd. 1694) : « On dit prov[erbialement], quand on veut signifier que les apparences sont bonnes pour le succés d’une affaire, que le vent du bureau, l’air du bureau est bon, est favorable. Et au contraire, que l’air, que le vent du bureau n’est pas bon. On dit encore, connoistre l’air du bureau, sçavoir l’air du bureau, pour dire, pressentir l’evenement d’une affaire. »

[57Jean de Montagu (ou Montaigu) (vers 1349-1409), secrétaire du roi Charles V, grand trésorier de France en 1388 sous le règne de Charles VI, son chambellan vers 1397, et grand maître de France en 1401. Son immense fortune – dont témoigne la construction du château de Marcoussis – suscita l’inimitié du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, et du roi Charles de Navarre. Le 7 octobre 1409, Jean sans Peur, fils et successeur de Philippe le Hardi, le fit arrêter et, après un jugement hâtif, il fut décapité aux Halles de Paris le 17 octobre 1409. Son corps fut ensuite pendu au gibet de Montfaucon et y fut laissé pendant près de trois ans. Voir Menagiana, éd. 1715, iii.139-140 : « Ce Jean de Montaigu, grand maître de la maison et sur-intendant des Finances de Charles VI roi de France, fut accusé d’avoir volé les finances du roi, et à l’instigation du duc de Bourgogne et du roi de Navarre, il eut la tête tranché aux Halles de Paris le 17 octobre 1409 et fut porté ensuite au gibet de Montfaucon, où il resta pendu l’espace de près de trois années, puisque son corps ne fut ôté de ce gibet que le 27 septembre 1412 pour être porté aux Célestins de Marcoussi qu’il avoit fondez, et dont il étoit seigneur. Quoiqu’il eût été condanné sans la participation de Charles VI, le roi ne laissa pas de donner la confiscation de tous ses biens à Loüis duc de Guienne, Dauphin. J’ai pourtant appris de M. Perron, qui a fait une étude particulière de la vie de ce seigneur, que tous ses biens furent enfin rendus à ses heritiers. » Ce passage, avec des informations complémentaires, est donné dans la même édition (Paris 1715, 12°, 4 vol.), i.21-22, et ce dernier passage est cité tout au long par Bayle dans le DHC à l’article « Montaigu (Jean de) », rem. A, où il précise, dans une note marginale, que Perron, docteur en droit, est l’auteur d’un livre intitulé L’Anastase de Marcoussy, ou recherches curieuses de son origine, progrès et agrandissement (Paris 1694, 12°), recensé dans le JS du 13 juin 1695. Dubos ajoutera quelques informations sur Perron dans sa lettre du 25 juin 1696 (Lettre 1125).

[58Sur le Specimen rei nummariæ d’ André Morell, voir Lettre 1066, n.16.

[59Sur la querelle entre Jacob Spon et Georges Guillet de Saint-Georges, voir Lettres 74, n.16, 83, n.10, et 160, n.123.

[60Georges Guillet de Saint-Georges, Histoire du règne de Mahomet II (Paris 1681, 12°, 2 vol.). C’était, en effet, le dernier ouvrage de cet auteur.

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