Lettre 1114 : Pierre Bayle à François Janiçon

[Rotterdam, le 13 mai 1696 [1]]

On vient d’imprimer ici quelques piéces anecdotes. C’est un petit in 4° intitulé Jacobi Tollii insignia Itinerarii Italici quibus continentur Antiquitates Sacræ [2]. Les piéces qu’on donne, sont 1° plus de mille vers de Gregoire de Nazianze de se • ipso et adversus episcopos ; 2° Euthymii Zygaleni, • Victoria et triumphus de Massalianorum Secta ; 3° formula recipiendi eorum qui a Manichæorum et paulicianorum hærese ad puram fidem convertuntur ; 4° Testamentum Theodori interprete Jacobo Sirmundo ; 5° Macarii Alexandrini Sermo de excessu justorum. Tout cela est en grec et en latin, et accompagné d’un commentaire de Tollius. Ce scavant homme est mort depuis quinze jours [3], il a plus édifié en sa mort que pendant sa vie ; car il a reconnu qu’il avoit eté dans de mauvais sentimens, parcus Deorum cultor, et infrequens ; et en a temoigné du regret.

Un Allemand nommé Crenius a publié un petit livret entrelardé de lettres qui n’avoient pas encore paru [4] : il y en a mis une entr’autres écrite par le medecin qui traita Mr Descartes ; où il • confirme ce que Mr Baillet en a dit dans la Vie de ce philosophe [5] : mais ce medecin se plaint fort du refus obstiné de Mr Descartes contre ses remedes.

Ayés la bonté de vous informer, si l’on a publié / à Paris des lettres françoises de Bongars environ le temps que l’on y publia, in usum Delphini, la traduction françoise de ses lettres latines [6]. J’ai lu qu’on a publié en françois, (et on ne dit pas l’année) Le Secretaire sans fard, ou recueil de diverses lettres du s[ieu]r Jaques de Bongars [7].

Notes :

[1Cette lettre ne nous est connue que par les extraits envoyés par François Janiçon à Jean-Alphonse Turrettini sous la date du 13 mai 1696. C’est uniquement sur cet indice qu’est fondée l’identification du destinataire initial de la lettre de Bayle.

[3Sur la mort de Jacob Tollius, voir Lettre 1112, n.6.

[4Sur Théodore Crusius dit Thomas Crenius, voir Lettre 928, n.11. Dans sa lettre du 11 novembre 1695, Bayle avait demandé à Crenius de lui prêter l’édition de la correspondance entre Georg Michael Lingelsheim et Jacques Bongars, voir Lettre 1060, n.3. Dans la présente lettre, il s’agit peut-être des petits ouvrages de Crenius parus de 1693 à 1699 à Rotterdam sous le titre : Fasciculus I-IX opuscularum quæ ad historiam ac philologiam sacram spectant (Rotterdami 1693-1699, 8°).

[5Voir Johan Arckenholtz, Mémoires concernant Christine de Suède, pour servir d’éclaircissement à l’histoire de son règne et principalement de sa vie privée, et aux événements de l’histoire de son temps civile et lit[t]éraire : suivis de deux ouvrages de cette savante princesse, qui n’ont jamais été imprimés (Amsterdam , Leipzig 1751-1760, 4°, 4 vol.), i.288 : « [ Descartes] ne voulut pas se servir d’un médecin [ Johan van Wullen ou Wullenius] ami de ses antagonistes. » Voir aussi Adrien Baillet, Vie de Monsieur Des-Cartes (Paris 1691, 4°, 2 vol.), livre VII, ch. 21, p.417 : « [En l’absence de son ami médecin Du Ryer, ancien capucin, Descartes a recours à un] Hollandois nommé M. de Weulles, ennemi juré de M. Descartes dés le tems de la guerre que les ministres et les theologiens d’Utrecht et de Leyde lui avoient déclarée. »

[6Jacobi Bongarsii et Georgii Michælis Lingelshemii epistolæ (Argentorati 1660, 8°) ; Lettres latines de Monsieur de Bongars resident et ambassadeur sous le roi Henri IV en diverses negociations importantes : traduites en françois (Paris 1681, 12°, 2 vol. ; Paris 1694, 8°) : la traduction est attribuée à Jean Dehénault, l’épître dédicatoire adressée au Dauphin étant signée « D.H. ». Les lettres latines de Jacques Bongars (vers 1554-1612) à Joachim Camerarius (1534-1598) avaient paru déjà en 1647 : Viri illvstris Iacobi Bongarsi epistolæ ad Joachimum Camerarium [...] scriptæ, et historicis ac politicis documentis instructæ (Lugduni Batavorum 1647, 12°).

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