[Gouda, le 15 octobre 1696]

A Pierre Bayle, Rotterdam

Je me réjouis beaucoup que vous ayez achevé l’impression [de votre Dictionnaire] [1], les efforts qui vous attendent à la fin de ce genre d’entreprise étant, il est vrai, beaucoup plus pénibles que ceux qu’il faut fournir au début.

En effet, il y a très grand espoir que vous allez bientôt accoucher de cet enfant et que vous accueillerez les deux volumes sur votre sein ; c’est un enfant que tout le monde porte depuis longtemps et dont vous ne regretterez pas de lui laisser vivre sa vie. Nous-mêmes avons préparé un endroit commode et honnête [pour accueillir cet enfant] ; j’espère que vous le verrez lorsque, déchargé de toutes ces affaires pénibles, vous viendrez librement vous reposer chez nous. Quand cela se fera, je voudrais que vous me préveniez en quelques mots, afin que des affaires domestiques ne me rappellent pas chez moi au moment où une fortune plus favorable amènera jusqu’à mon cœur un être plaisant et cher.

[J’ai] les notules que vous m’avez envoyées (le poème de Commire tiré de l’exemplaire de Henning [2]). Que n’avons-nous l’ouvrage lui-même que les imprimeurs attendent ardemment, et demandent, il est vrai cher ami, que vous lui consacriez un peu plus de votre temps.

Il est bon que vous ayez envoyé la dissertation de Cellarius contre Hardouin en France [3], mais je crains qu’on ne puisse pas facilement l’avoir. Mais pour vous, je m’en priverai facilement.

Le livre de Sanderus De viris illustribus Gandavensibus que vendaient les gens de Leyde [4] était un édition originale. J’ai vu autrefois un exemplaire assez riche de Valerius Andreas [5] dont je ne retrouve pas le titre.

J’ai demandé tout récemment d’acheter La Bibliothèque des Dames de Monsieur Grena[i]lle [6], mais comme les gens de Leyde n’ont pas répondu, je ne sais pas s’ils l’ont acquise. Si jamais vous la trouvez, communiquez-la moi.

Portez-vous bien, très chère tête.

Donnée à Gouda l’après-midi des Ides d’octobre 1696

Notes :

[1Bayle avait déclaré, dans sa lettre du 2 octobre (Lettre 1163), que « l’ouvrage toucha[i]t à sa fin ». L’achevé d’imprimer du DHC est du 24 octobre.

[2Le poème de Commire à la louange de Bergier, qui devait être inclus dans la traduction de Henning : voir Lettre 1148, n.5.

[3Bayle avait déclaré dans sa lettre du 2 octobre (Lettre 1163) que « Leers a bien reçu la dissertation d’Hardouin De nummis Herodiadum, mais pas la dissertation de Cellarius » : Almeloveen s’engage donc ici à lui envoyer son exemplaire de la dissertation de Cellarius.

[4Bayle avait annoncé la mise aux enchères d’un exemplaire de l’ouvrage de Sanderus : voir Lettre 1163, n.3. Sur ce titre, bvoir aussi Lettre 1159, n.8.

[5La première édition de l’ouvrage de Valerius Andreas était intitulée Bibliotheca belgica : in qua Belgicæ […] provinciæ, urbesq[ue] viri item in Belgio vitâ scriptisque clari ; et librorum nomenclatura (Lovanii 1623, 8°) ; cette première édition fut publiée par Heinrich Hasten à Louvain ; une deuxième édition, au titre légèrement modifié, parut également à Louvain par les soins de Jacob Zegers en 1643 in 4°. Voir Lettre 160, n.66.

[6Sur la La Bibliothèque des dames de François de Grenaille, voir Lettre 1136, n.7.

Accueil| Contact | Plan du site | Se connecter | Mentions légales | icone statistiques visites | info visites 261367

Institut Cl. Logeon