Lettre 1427 : Pierre Bayle à Charles de La Faye
[Rotterdam, le]10 e d’avril [16]99 Monsieur J’ai recu l’exemplaire, et le prix de l’autre [1] ; je vous en remercie, et je vous prie de ne prendre point en mauvaise part s’il vous semble que j’aie eté un peu impatient. Je ne croi[s] point l’avoir eté, et je suis seur que j’aurois mille fois plus d’empressement s’il s’agissoit de vous rendre quelque service. Soiez bien persuadé de cela, et aiez la bonté de faire rendre l’incluse. Je vous en serai tres obligé, et suis, Monsieur votre tres humble et obeissant serviteur
Notes :
[1] Bayle semble reprendre son échange du 21 octobre 1698 avec « M. de La Faye », au sujet de deux exemplaires du DHC : voir Lettre 1387, n.1. Mais l’adresse qu’il donne ici, « à l’office de Mylord duc de Schrewsbury » introduit un doute sur l’hypothèse d’E. Labrousse concernant l’identité de son correspondant, car il y avait bien un « M. de La Faye » au service de Lord Shrewsbury à cette époque : voir A. Collins, Peerage of England : containing a genealogical and historical account of all the peers of England [...] (3 e éd., London 1756, 2 vol.), ii.56. Il s’agit sans doute de Charles de La Faye (1677-1762), fils de Louis, à qui Bayle se serait déjà adressé dans les Lettres 1374 et 1387. Charles de La Faye (ou Delafaye, comme il est désigné dans les archives britanniques) semble avoir commencé sa carrière comme clerc auprès de Lord Shrewsbury, puis auprès de James Vernon père entre 1700 et 1702, avant de gravir les échelons au service de Lord Jersey, de Lord Nottingham, de Charles Hedges, de Lord Sunderland, de Lord Dartmouth ; en 1713, il fut nommé secrétaire privé de Shrewsbury,
[2] Charles Talbot, 1 er duc de Shrewsbury (1660-1718), filleul du roi Charles 1 er , catholique se convertit à la religion anglicane en 1679 (à l’époque du « complot papiste ») suivant les conseils de l’archevêque de Cantorbéry, John Tillotson. Il fut par la suite l’un des sept hommes d’Etat qui signèrent la lettre d’invitation à Guillaume III d’Orange pour qu’il envahît l’Angleterre et chassât Jacques II du trône. Il hésita ensuite beaucoup entre son soutien au roi Guillaume et la tentation d’une restauration des Stuart. Après une absence due à sa mauvaise santé, il revint au gouvernement en 1699, avant de donner de nouveau sa démission l’année suivante et de partir en exil volontaire, voyageant en Europe jusqu’en 1705. Il revint alors en Angleterre, mais se cantonna dans son domaine de Heythrop Park. En 1710, cependant, il s’engagea de nouveau au gouvernement et soutint les efforts des Torys dans les négociations de la fin de la guerre de Succession d’Espagne. En novembre 1712, il fut nommé ambassadeur du Royaume-Uni en France, puis