Lettre 1486 : Jacques Du Rondel à Pierre Bayle

[Maastricht, le 28 juin 1700] Je vous ay toujours entre les mains, mon cher Monsieur, soit pour apprendre quelque chose de nouveau, soit pour me ressouvenir de ce que j’ay appris ; et je m’acquitte si fidellement de cette tasche que je me suis imposée, que je croirois avoir perdu la journée, si je ne vous avois point leû. A l’ouverture du second tome, je suis tombé à l’article de « Périclés » p.800 où vous attribuez à Claudien ce qui est assurément d’ Ovide, de Ponto l[ibrum] I. el[egia] 3 [1]. J’ay peur qu’on ne vous reproche cela, à cause de ce que vous dites auparavant de Mr Le Febvre [2]. Prenez la peine de revoir cela. Mr de Roüen commence à se mieux porter [3]. Il m’escrivit l’autre jour, et vous asseure de ses très humbles respects. Dans une visite qu’il receut, on y parla fort de vous ; et il y eut un homme qui asseura que de nouveau certaines gens s’estoient bandez pour empescher l’entrée à vostre livre, sur quoy un autre homme dit que c’estoit là le moyen de faire souhaiter vostre ouvrage avecque plus d’empressement, et qu’au lieu de 20 escus, cela le feroit vendre 40. C’est effectivement une bien grande folie, que de s’opposer au debit d’un livre. Plus on le décrie, et plus on le veut lire. On se roidit contre la défense ; et de ce que des devots veulent supprimer un ouvrage, on s’imagine que la vérité y est estalée avecque toutes ses circonstances. Jamais hommes ne haïrent tant la sincérité que ces gens là. Ils la défigurent de toutes manieres, et la persécutent • en tous lieux. Ce ne sont que chicanes, supercheries, courtes reveuës, petits livrets, cabales invisibles, emissaires déchaisnez etc. Autant vaudrait Goulu avec ses novices et ses freres lays [4]. C’est un vray orkianisme [5], un vray repaire de toute iniquité. Vous avez passé par là, mon cher Monsieur, et vous n’en estes pas encor fort éloigné [6] ; mais vous vous estes consolé comme la famille de Grotius [7] dont vous parlez p.1312. Continuez : on en reviendra à la fin, et tout le monde vous fera justice :

Perfer et obdura : dolor hic tibi proderit olim.Sæpe tulit lassis succus amarus opem [8]. /
Dans ma derniére lettre, je vous priois, mon cher Monsieur, de m’envoyer la maculature de ce que je vous écrivis autrefois sur Balzac [9], et qui ne vous a pas dépleû. Je vous en prie encore aujourd’huy très humblement. Vous ne sçauriez croire combien vous m’obligeriez. Mais, peutestre que cela ne se peut. Tous nos illustres [10] vous baisent très humblement les mains, et vous asseurent de leurs respects. Adieu, mon cher Monsieur. Je suis toujours à mon ordinaire, vostre tres passionné et très fidelle serviteur Du Rondel Ce 28 juin, 1700. Des gens revenant d’Aix ont conté icy que Mr Le Clerc allait lascher un 4 to contre Mr Vander Vayen [11]. A ce compte là, voila véritablement Les Entre-mangeries et guerres ministrales de vostre Feuardent [12]. Mais dites moy un peu d’où je sçais, que ce cordelier s’appelloit ou qu’on l’appelloit φερώνυμος [13]. Il ne me souvient point où j’ay leû cela. A Monsieur / Monsieur Bayle Professeur / en Philosophie et en Histoire / A Rotterdam •

Notes :

[1] Voir le DHC, art. « Périclès », rem K, note marginale 96 : « Les bons princes se plaisent à distribuer eux-mêmes les graces, et à donner à leurs ministres la commission de châtier ; ils usent de prom[p]titude quand ils récompensent, et de lenteur quand ils punissent. » Bayle avait donné la référence imprécise « Claudianus » dans la première édition ; il corrige dans la deuxième selon la remarque de Du Rondel : « Ovide, De Ponto, libr. I, eleg. II, vs 123 ».

[2] Voir le DHC, art. « Périclès », rem. E, où Bayle reprend Tanneguy Le Fèvre à cause d’une citation fausse qu’il attribue à saint Augustin.

[3] L’archevêque de Rouen entre 1691 et 1707 fut Jacques-Nicolas Colbert (1655-1707), fils de Jean-Baptiste Colbert. Il paraît très invraisemblable que Du Rondel, au Refuge huguenot, ait été en correspondance avec cet éminent membre du clergé de France, même si celui-ci avait pris la défense des réformés en 1685 : voir P. Blet, Les Assemblées du clergé et Louis XIV de 1670 à 1693 (Rome 1972), p.475. Il doit donc s’agir ici d’un nom de code pour un correspondant rouennais ou bien d’un réfugié huguenot originaire de Rouen, que nous n’avons su identifier. Si c’est le cas, c’est sans doute par une association de pensées involontaire que Du Rondel en vient à évoquer quelques lignes plus loin l’activité « inquisitoriale » du feuillant Jean Goulu, qui s’était attaqué à Guez de Balzac, puisque, précisément, comme le suggère R. Zuber, l’archevêque de Rouen avait inspiré et appuyé le Père Goulu, adversaire de Balzac : exemple de l’opposition qui régnait entre ces tenants du gallicanisme et le catholicisme très « romain » de Balzac : voir la note suivante et Lettre 85, n.14.

[4] Du Rondel avait une tendresse toute particulière pour les œuvres de Guez de Balzac : il était donc très hostile au Père Jean Goulu, supérieur de l’ordre des feuillants, qui s’était attaqué aux Lettres de Balzac (Paris 1624, 8°) dans ses Lettres de Phyllarque à Ariste, où il est traité de l’éloquence françoise (Paris 1627-1628, 8°, 2 vol.), dont le premier volume connut une seconde édition au titre plus explicite dès l’année de sa parution : Lettres de Phyllarque à Ariste, où il est traité de la vraye et de la bonne éloquence, contre la fausse et la mauvaise du sieur de Balsac (Paris 1627, 8°). Ce sont donc les religieux feuillants qui sont ironiquement désignés comme les « frères lays » du Père Goulu – littéralement ses « frères laïcs » ou « moines convers » – qui se consacraient à « l’œuvre de Dieu ». En effet, Du Rondel devait être familier avec le contexte polémique de la querelle des Lettres de Balzac. Celles-ci avaient été attaquées d’abord par François Garasse dans sa Response du sieur Hydaspe au sieur de Balzac, sous le nom de Sacrator, touchant l’anti-Théophile et ses escrits (Paris 1624, 4°), qui s’en prenait très violemment à la « jactance » de Balzac et à ses « larcins ». Cette dernière critique fut reprise par un moine feuillant – généralement identifié au frère André de Saint-Denis – dans un texte manuscrit distribué sous différentes formes, sous le titre Conformité de l’éloquence des Anciens avec celle du s[ieur] de Balzac, que nous ne connaissons que par les extraits cités dans les deux pamphlets suivants : d’une part, l’ Apologie pour Monsieur de Balzac (Paris 1627, 4° et 8° ; Toul 1627, 8° ; éd. J. Jehasse, Saint-Etienne 1977) de François Ogier, et d’autre part les Lettres de Phyllarque à Ariste de Jean Goulu. On comprend donc que Du Rondel ait pu se représenter la querelle des Lettres comme une bataille des défenseurs de la bonne rhétorique renouvelée par Balzac contre des moines obscurantistes. Sur cette querelle, voir Balzac, Œuvres diverses (1644), éd. R. Zuber (Paris 1995), p.247-249 ; H. Merlin, Public et littérature en France au XVII e siècle (Paris 1994), et M. Bombart, La Querelle des « Lettres » de Guez de Balzac : écriture, polémique et critique dans la France du premier XVII e siècle (Paris 2007), ch. V : « La Cour et le monastère : Phyllarque contre Narcisse », p.301-362, et du même auteur, « Entre littérature et religion : les pratiques d’auteur de Jean Goulu », Revue de synthèse, 6 e série (2007), p.123-140.

[5] Néologisme : entreprise digne de Pierre Jurieu, surnommé Orkius.

[6] Entendons : vous avez été exposé à la vindicte de Jurieu et vous n’êtes pas encore tout à fait à l’abri de ses attaques.

[7] DHC, art. « Grotius (Hugo) » : « [ Jurieu] a osé débiter que Grotius étoit mort comme athée. Plusieurs ont trouvé étrange que ses petit[s]-fils n’aient pas demandé réparation de cette injure, et qu’ils aient paru moins sensibles sur ce point-là, que les paren[t]s de Jansenius sur des calomnies bien plus légeres. Mais des personnes très-sages approuvent fort qu’on ait négligé là-dessus toute procédure juridique. » A la remarque K, Bayle explique que l’exemple des parents de Jansénius justifie la conduite de la famille de Grotius, qui a préféré mépriser la calomnie. Sur le Factum des petits-neveux de Jansénius contre le Père jésuite Corneille Hazart, qui avait affirmé que le père de Jansénius avait été protestant, voir les NRL, janvier 1686, art. VIII, et février 1686, art. VIII.

[8] Ovide, Amores, iii.XI.8 : « Endure et tiens bon ; cette douleur te sera avantageuse un jour ; souvent un breuvage amer a apporté secours au voyageur fatigué. »

[9] Voir Lettre 1479 du 24 avril, n.10 : il s’agit apparemment du passage de la lettre de Du Rondel du 10 mai 1698 cité dans le DHC, art. « Balzac (Jean-Louis Guez de) », rem. F : voir Lettre 1360.

[10] Les amis de Du Rondel, notables à Maastricht : Etienne Groulart, le doyen Bonhomme, le médecin Jean Barthélemy et un « janséniste » anonyme. C’est une formule habituelle de Du Rondel : voir Lettre 1479, n.11.

[11] A cette époque, Jean Le Clerc était occupé à critiquer l’édition de saint Jérôme par le bénédictin Jean Martianay, Divi Hieronymi operum tomus I[-V] (Parisiis 1693-1706, folio, 5 vol.) : voir Le Clerc, Epistolario, lettre n° 317 du 22 février, et n° 320 du 6 avril 1700 (ii.330-331 et 335-337) et préparait ses Epistolæ criticæ et ecclesiasticæ (Amstelodami 1700, 8°) contre William Cave et contre « Publius Ventidius » ( Johannes van der Waeyen), et il est possible que Du Rondel annonce ici ce dernier ouvrage, dont un compte rendu avait déjà paru dans l’HOS, février 1700, art. VII. Cependant, cette mention d’un ouvrage polémique contre le théologien de Franeker Johannes van der Waeyen peut aussi éclairer un mystère bibliographique lié à la publication de la Bilibra veritatis et rationis de [Memera de-Yeya] seu Verbo Dei, Libræ Joh. Stephani Rittangelii et appendix Josepho de Voisin Raymundoque Martini, opposita. Præmissa est Disceptatio de Verbo Dei cuius creberrima sit mentio apud Chaldeos Paraphrastas (Freistadii [Amstelodami] 1700, 8°). L’histoire complexe de cette publication est détaillée par David Clément dans sa Bibliothèque curieuse historique et critique, ou catalogue raisonné de livres difficiles à trouver (Göttingen, Hannover, Leipzig 1753, 4°, 8 vol.), iv.242-247. George Vechner, professeur du Collège Illustre de Béthanie en Silésie, fit imprimer en 1639 un sermon sur les quinze premiers versets de l’Evangile de saint Jean, à la fin duquel il mit divers passages tirés des Targumistes chaldéens portant sur l’interprétation trinitaire du terme « Parole de l’Eternel ». Jonas Schlichting publia des remarques sur le sermon de Vechner sous le titre Notæ in D. Georgii Vechneri concionem, quam habuit super initium Evangelii Joannis, Lesnac anno 1639 (Racoviæ [Belgio] 1644, 8° et 12°), qui sont signalées par Christophe Sandius, Bibliotheca antitrinitariorum (Freystadii [Amstelodami] 1684, 8°), p.128 ; Sandius évoque aussi une nouvelle édition augmentée ...Cum Dissertatione de Verbo Dei (Belgice 1649, 4°) ; cette dernière dissertation n’est pas attribuée à Schlichting mais à Guillaume-Henri Vorstius ; elle avait déjà paru sous le titre Disceptatio de verbo vel sermone Dei, cuius creberrima fit mentio apud Paraphrastes Chaldæos, Jonathan, Onkelos et Targum Hierosolymitanum (Irenopoli 1643, 8°). Joseph de Voisin s’était attaqué à cette même dissertation dans son traité Disputatio theologica orthodoxa de sanctissima Trinitate, adversus Disceptationem Antitrinitarii anonymi (Parisiis 1647, 12°). Cette réponse ayant paru insuffisante à Johann Stephan Rittangel, celui-ci publia un petit traité intitulé Libra veritatis qua Irenopolitæ cujusdam Ariani innumeri, in citandis Scripturæ, Doctorumque, utriusque Judicæ et Christianæ Ecclesiæ, contra Æternum et per se subsistentem LOGON auctoritatibus, errores aut falsitates, accuratè expenduntur (Elbingæ [1650], 4°). La réponse de Rittangel « excita la bile d’un anonyme qui lui opposa la Bilibra veritatis, qui courut assez long-tem[p]s en manuscrit : et qui n’auroit peut-être jamais été mis au jour, si M. van der Waeyen ne s’étoit avisé de faire une nouvelle édition [du livre de Rittangel] » dirigée explicitement contre Jean Le Clerc : Stephani Rittangelii Libra Veritatis et de Paschate Tractatus, Præmissa est Johanis van der Waeyen Dissertatio de λόγω| adversus Johannem Clericum (Franequeræ 1698, 8°). C’est cette attaque contre Jean Le Clerc qui provoqua l’édition de la Bilibra veritatis en septembre 1699 (sous la date de 1700), précédée d’une préface et de la Disceptatio de Verbo vel Sermone Dei de Vorstius, et suivie d’une réponse à Rittangel et à Joseph de Voisin. David Clément, qui suit le fil de cette histoire de très près, déclare qu’il soupçonne Jean Le Clerc d’avoir fait publier l’édition de « 1700 » de la Bilibra Veritatis pour contrer Van der Waeyen ; il est donc fort possible que ce soit cette édition que Du Rondel annonce dans la présente lettre. La Bilibra fait d’ailleurs l’objet d’un long commentaire dans la huitième des Epistolæ criticæ et ecclesiasticæ de Le Clerc publiées cette même année. Voir aussi Le Clerc, Epistolario, n° 305, n.7, et 323, n.4-8, Friedrich Samuel Bock (1716-1786), Historia antitrinitariorum, maxime socinianismi et socinianorum (Lipsiæ 1774-1784, 12°, 4 vol.), i.793-796, et, sur le contexte intellectuel de cette publication, D. Klein, « Reimarus, the Hamburg Jews, and the Messiah », in M. Mulsow (dir.), Between philology and radical Enlightenment : Hermann Samuel Reimarus (1694-1768) (Leiden 2011), p.159-182. Bayle consacre un bref article du DHC à Guillaume Henri Vorstius, le fils de Conrad, et, renvoyant aux Acta eruditorum, décembre 1700, p.542, aux NRL de Jacques Bernard, août 1699, p.214, et septembre 1699, p.359, lui attribue la Bilibra veritatis de 1700 ; il précise que cet ouvrage avait été réfuté par l’évêque de Bath [ Richard Kidder (1633-1703), évêque 1691-1703, A Demonstration of the Messias, part III (London, 1700, 8°)] et par « M. Edzard, professeur à Hambourg » [ Sebastian Edzardi (1673-1736), Dissertatio philologico-theologica de verbo substantiali auctori Bilibræ opposita (Hamburgi 1700, 4°)]. A cette remarque de la deuxième édition du DHC, Des Maizeaux ajoute dans les éditions ultérieures la référence au Journal de Trévoux, mars 1702, p.33-34 (article « traduit du journal d’Angleterre », sans doute la History of the works of the learned, or, an impartial account of books lately printed in all parts of Europe, septembre 1701, p.545-549), où il est précisé que l’ouvrage de Stephen Nye, The Doctrine of the Holy Trinity, and the manner of our Saviour’s divinity, as they are held in the catholic Church and the Church of England, in several letters to a peer (London 1701, 8°) s’oppose à la Bilibra veritatis aussi bien qu’au traité de Pierre Allix, The Judgment of the ancient Jewish church, against the Unitarians, in the controversy upon the Holy Trinity, and the divinity of our Blessed Saviour by a divine of the Church of England (London 1699, 8°) : voir aussi le compte rendu de Jacques Bernard dans les NRL, décembre 1701, art. II, et janvier 1702, art. III. Or, Stephen Nye était un protégé de Shaftesbury et Des Maizeaux devait envoyer l’ouvrage de Nye à Benjamin Furly le 4 octobre 1701 ; sur la circulation des ouvrages d’Allix et de Nye ainsi que de la Bilibra veritatis dans le cercle de Locke, de Philippe van Limborch, de Jean-Baptiste Dubos et de Jean Le Clerc, voir Shaftesbury, Correspondence, n° 200, n.14, 15 et 16 ; sur la philosophie religieuse de Nye, voir M.C. Legaspi, The Death of Scripture and the rise of Biblical studies (Oxford 2010), et P.C.H. Lim, Mystery unveiled : the crisis of the Trinity in early modern England (Oxford 2012) ; sur l’ouvrage d’Allix, voir le commentaire dans la lettre de Longuerue à Turrettini du 20 janvier 1700 : Pitassi, Inventaire Turrettini, n° 1270. Nous remercions Christine Jackson-Holzberg pour son aide dans cette enquête bibliographique.

[12] Bayle consacre un article à François Feuardent (1541-1610), cordelier originaire de Coutances : « Son tempérament étoit si conforme à son nom, que jamais la vieille maxime, Conveniunt rebus nomina sæpe suis, n’a été plus véritable qu’en sa personne. C’étoit un des plus furieux adversaires, et un des plus violents persécuteurs, que les protestan[t]s aient jamais eu[s] sur les bras, à ne considérer que les gens d’Eglise. [...] il fut un des plus séditieux prédicateurs qui enseignassent dans Paris contre Henri III et Henri IV les maximes de Buchanan. Il n’épargnoit même pas le chef de la Ligue lorsqu’il le croioit auteur de quelque chose qui pouvoit nuire aux intérêts des rebelles. » A la remarque D de ce même article, Bayle évoque le titre cité par Du Rondel : « Il a intitulé l’un de ses livres Les Entre-mangeries et guerres ministrales (J’ai vu la 3 e édition qui est celle de Paris, chez Sébastien Nivelle, 1604, 8°), où ce qu’il pille d’autres auteurs est à tous égards la partie la plus considérable. »

[13] « le bien nommé ».

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