Lettre 244 : Pierre Bayle à Jacob Bayle

[Rotterdam,] le 9 de janvier 1684

Je ne saurois assez dignement vous remercier, M[onsieur] e[t] t[res] h[onoré] f[rere] de la peine que vous avez prise de m’ecrire si amplement [1] : je vous eusse repondu d’abord, si je n’eusse attendu de jour à autre l’arrivée de n[otre] c[adet] à Paris ; depuis qu’il y est [2], j’ay receu votre autre lettre commencée sur le chemin de Toulouze, et je me mets aujourdhuy en etat de vous repondre non pas dans l’exactitude que la chose demanderoit (je n’ay pas assez de tems presentement) mais du moins en gros sur les choses principales[.]

En premier lieu je loüe Dieu de tout mon cœur de la naissance du garçon qu’il vous a donné, et fais mille vœux pour sa conservation [3]. Toutes les particularitez que vous m’avez communiquées concernant sa naissance, son bapteme etc sont des choses où je prens un grand interet, et pour lesquelles je vous rends un million de graces. Je felicite ma sœur de sa delivrance, et comme il y a long tems qu’elle ne se souvient plus des douleurs de l’enfantement, je ne meleray point aux felicitations que je lui fais des temoignages de tristesse pour cette longue souffrance. Les bonnes nouvelles que vous m’aprenez de la santé de n[otre] t[res] h[onoré] p[ere] dans sa vieillesse me ravissent plus que je ne saurois l’exprimer, et sur tout ce que vous m’apprenez de sa tendresse pour moi, J’y repons par un respect, et par une amitié* d’autant plus grands que je suis hors d’etat de meriter par mes services cette particuliere amitié qu’il me porte : le bon Dieu le veuille conserver comme la prunelle de son œil, et le laisser joüir longtems d’une vie qu’il employe encore si utilement à l’edifica[ti]on et à l’instruction de son troupeau : ce sont mes vœux les plus ardens[.] Toutes les asseurances que vous me donnez de l’amitié et de l’estime de ma sœur, et de Mad lle / de Mademoiselle Brossard [4] me donnent une confusion qui ne m’empeche pas d’etre fort sensible à un bien que je ne merite pas, et pour lequel j’ay une reconnoissance infinie.

Comme je me regle sur l’ordre de vos lettres, je commence à repondre à vos questions par celle qui regarde l’ archeveque de Paris [5]. Il est fort vrai que l’ auteur de La Politique s’est mepris là, et dans le fait des urbanistes [6], et cela ne doit pas vous surprendre ; car il n’est rien de plus mal aisé aux gens de la Religion*, que de ne pas broncher sur des faits de cette nature, lorsqu’ils n’ont pas la patience de s’eclaircir sur les moindres choses. Au fond cela ne fait point tort à un livre : il est vrai qu’il seroit mieux de n’errer point ; vous avez pu voir l’insulte que l’ eveque du Bellai fit à Mr Drelincourt qui avoit dit que Bembus etoit secretaire d’un pape, et cardinal [7]. Il luy fit voir qu’il n’y avoit rien de plus absurde que de croire que la dignité de cardinal fut compatible avec la qualité de secretaire, et que l’usage de la cour de Rome ne souffrent [ sic] pas que les papes donnent aux cardinaux des emplois mediocres.

A l’egard de la Lettre des cometes il faut vous dire que toutes les particularitez des lieux, des entretiens, des personnages nommés et designés sont des petites adresses pour divertir davantage les lecteurs. On vous dit cela confidemment* : car pour tenir le lecteur plus agreablement attaché ; il faut lui laisser penser que les circonstances sont veritables ; ce qui est si necessaire que dans la lecture des romans on n’auroit presque nul plaisir, si le vrai semblable bien gardé n’empechoit le lecteur de faire reflexion que ce sont de pures fables. Il faut pour ainsi dire se persuader que les avantures sont arrivées : autrement on n’est pas touché. Cecy repond à plusieurs endroits de la lettre, et vous delivre de la peine d’imaginer cent choses, et de chercher des voyes d’application. Il n’y a point d’autre mistere dans tout cela que le / dessein de varier les matieres, et de faire un plus beau spectacle aux yeux du lecteur. Vous avez raison de m’avertir que dans la Critique on a mis Henry 3 po[ur] Charles 3. C’est la faute non de l’imprimeur, mais de l’auteur qui faute d’attention laissa passer un nom pour un autre : il n’y avoit rien de plus aisé que de voir que ce n’etoit pas Henry, puis qu’on marquoit une paix faite avant le massacre ordonné par Charles : mais combien de choses y a t’il qu’on ne voit pas, quand on est distrait, quoi qu’elles passent sous nos yeux ? Il se fait une 3e edition de la Critique où cela sera corrigé [8].

Je serois bien aise d’avoir le traitté de Mr Bruguier sur le chant des pseaumes [9]. Je le demanderay à un ami de Paris. Pour ce qui regarde le P[ere] Loubaissin, il n’y a point d’autre mistere à chercher sinon que l’auteur l’a ouï effectivement disputer une chaire de theologie à Toulouse, mais au lieu de le dire de son chef, il l’attribuë au gentil homme manceau, qui est un personnage feint, vous dit on confidemment [10]. Des-preaux, et Boileau sont une meme personne. Le dernier nom est celui de la famille, et le premier propre à celuy qui a fait de si beaux vers ; Je vous ay envoyé la 2 e edition de la Lettre des cometes [11] et la grande reponse de Mr Jurieu au s[ieu]r Maimbourg [12]. Mr Ferrand a donné ordre à son ami de les envoyer à Montauban par voïe seure. Je croi qu’ils y sont à l’heure qu’il est.

Votre lettre dattée du 22 s[eptem]bre m’apprend diverses particularitez de Montpellier que nous ignorions. Nous ne savions pas que les assemblées domestiques pour le service divin s’y fissent aussi librement [13]. Elle m’apprend aussi bien des choses touchant monsieur Sarrau. Il a envoyé cinquante exemplaires de son dernier sermon à Mr Ferrand [14] pour les troquer avec la reponse de Mr Jurieu ; ce que le libraire n’a pas refusé, quoi qu’il n’y ait rien dans ce païs cy de moins de debit qu’un sermon. Il avoit en quelque facon, (je parle de Mr Sarrau) esperé que Mr / Jurieu lui feroit present d’un exemplaire ; mais comme Mr Jurieu traitte avec ses libraires ( quod inter nos [15]) et qu’en suite il ne peut leur demander de ses livres qu’en rabattant sur ce qu’on lui donne, il n’en fait que peu de presens : il m’en a donné à moi, mais j’ay acheté celui que je vous envoïe. La reflexion que vous faites sur l’aigreur qui regne entre les episcopaux, et les presbiteriens, est fort judicieuse ; mais nous ne comprenons pas trop pourquoi on se fait un cas de conscience à Moncy de recevoir un ministre nommé par le roy, ou indiqué par l’evêque [16] ; car il ne s’agit point de recevoir d’eux le pouvoir d’administrer les sacremens, ou la mission ecclesiastique, il est question seulement d’avoir permission d’exercer sa charge, et le droit qu’on a receu dans un synode ; laquelle permission le roy affecte à qui bon lui semble par ses ordres. N’avez vous pas ouï dire que Mr Daillé alla de l’ordre du magistrat exhorter Roux à la mort sur la potence ? [17] N’eut il pas pu recevoir un pareil ordre de baptiser un enfant, si le Roy ayant d’un coté envie que le fils d’un homme de la Religion* ne mourut pas sans bapteme, et ne voulant pas de l’autre forcer les parens à le faire baptiser ou par une femme ou par un prêtre, prenoit le milieu d’envoïer commandement à un ministre de le venir baptiser au plutot. Ce ministre obeissant aux ordres du Roy ne feroit point de tort ny a sa mission, ny à son caractere [18]. Pourquoi donc regarde t’on Mr Bories [19] comme un intrus ? Mr Jurieu ne trouve point que les raisons de conscience aïent aucun lieu dans ce cas là, et il croit qu’on apprehende seulement les consequences par raport à la liberté temporelle de nos Eglises. Mr Satur [20] est à Londres, et Mrs Du Bourdieu pere et fils [21] aussi, on doit nommer au premier jour un ministre à la place de Mr Lombard dans l’Eglise francoise de Londres, et on croit que Mrs Du Bourdieu la rempliront ; le pauvre Mr Lombard a quitté cette Eglise, on ne sait pourquoi, et s’en est venu icy, où / il preche quelque fois pour le collegue de Mr Jurieu, son bon ami [22][.] On ne sait si son inconstance en est cause, ou les chagrins qu’il croioit avoir receu de Mr Lortie son collegue [23] ; il y en a qui disent que Mr Lortie se trouvant pourvû de bons benefices, sera prié de faire place à des gens qui ayent plus de besoin que lui de l’appointement de l’Eglise.

J’approuve fort vos sentimens sur la prise d’armes : nos gens du Dauphiné, et des Sevennes, ont tres mal fait ; leur entreprise n’etoit point chretienne, et a eté fort malheureuse[.] Nous avons veu plusieurs petites relations mais peu exactes, et fausses en bien des particularitez [24][.] Un auteur protestant en a inseré quelques unes dans un livre nouveau intitulé L’Esprit de Mr Arnaud [25], et il eut mieux fait, à mon avis de n’en rien dire. Cet ouvrage est fort curieux[,] bien ecrit, et contient plusieurs satyres qui ont deja couru par le monde. Mr Arnaud y est dechiré d’une maniere impitoyable : on y a parlé de la derniere conspiration d’Angleterre, savoir contre le duc d’Yorck, d’un air fort choquant pour le roi de la Grand’ Bretagne, et cela fait que le livre a eté deffendu ; mais on le trouve neanmoins fort aisement. Mr La Riviere se trompe de dire q[ue] la reponse de Mr Jurieu à Mr Maimbourg ait eté imprimée in folio ; il n’y a que les deux editions que vous savez faites en meme tems in 4° et in 12° [26][.] Il n’y a point non plus d’edition de la Critiq[ue] en deux tomes, et trente huit lettres : il n’y a eu jusques icï que deux editions, l’une de vingt deux lettres, et l’autre de vingt sept, dont neanmoins la derniere n’est marquée que vingt six, vous l’avez veüe je vous l’ay envoyée : on a eu raison de condamner le passage de Brantome sur le duc de Momp[ensier], il sera oté de la 3e edition à laquelle on travaille [27] : cette troisieme edition ne sera pas augmentée, on fera seulement un petit deplacement / dans l’ordre des lettres, mettant ensemble tout ce qui est de controverse, par ce moïen le nombre des lettres croitra ; car il y a des lettres dans la 2e edition qui sont en partie de critique, et en partie de controverse ; separant la controverse on en fera deux d’une necessairement. Outre cela on mettra un sommaire au devant de chaque lettre, et des indices pour trouver bientot ce que l’on cherche, ce qui n’est pas aisé dans les editions : on auroit pu ajouter bien des choses dans cette troisieme edition ; mais on a mieux aimé renvoïer le tout à un volume separé auquel peut etre les imprimeurs travailleront dans quelques mois. Je croi que la conversation qu’on fait avoir à Mr Jurieu en bonne compagnie, est un roman : il est vrai qu’on luy a attribué l’ouvrage, et qu’il s’en est deffendu, mais il n’en a connu l’auteur que quand les recherches curieuses de quelques gens l’eurent decouvert [28].

Je rencontre encore sur mon chemin des endroits qui concernent la Lettre des cometes. La preface est de l’auteur même, et n’est qu’un tour qu’on a pris comme il est ordinaire à tous les auteurs qui se cachent ; il faut faire le meme jugement des autres endroits. Quant aux expressions qui sentent le catholique romain, elles y ont eté mises expres afin qu’on ne reconnut pas que l’auteur etoit protestant, ce qui etoit necessaire pour donner plus de poids aux reflexions semées deça, dela.

Je suis surpris que ma lettre du 15 de juillet [29] ait eté si long tems en chemin : je ne sai à quoy en attribuer la faute, me souvenant que je la mis à la poste pour aller droit à Toulouze[.] Je ne finirois jamais, si je voulois m’etendre sur les sentimens qui me naissent dans le cœur, en lisant les endroits où vous me parlez de votre petit et des pensées pieuses que vous avez eües à son occasion : j’admire ce que vous me dites, et confirmez plusieurs fois qu’il me ressemble : ce sont des jeux de la nature / moins etonnans à la verité que la ressemblance qui se trouve entre des gens qui ne sont pas d’une même famille, mais neanmoins profonds et abstrus[.] Dieu veuille le faire croitre en sa crainte, et me donner l’occasion de le cultiver ; ce que je ferai avec une joye, et une tendresse tres particuliere.

J’ay leu avec beaucoup de plaisir les lettres que vous avez ecrittes à Leurs Excellences de Dona, et la reponse à Mr Daguesseau : le cadet a pris la peine de m’en envoïer des copies [30] ; j’ay trouvé tout cela bien sensé, et bien exprimé, et pour tout dire en un mot, j’en ay eté charmé. Les pieces que notre oncle avoit dans ses papiers sur la Ligue, pourroient etre d’usage, si on les avoit. Il n’y a que deux mois ou environ que l’ Histoire de la Ligue se debite [31] ; nous n’y sommes pas fort interessés : car Mr Maimbourg y dit tout le mal imaginable de la Ligue, et ne parle de nous qu’en peu d’endroits, et sans beaucoup d’animosité.

Votre lettre du p[remi]er o[cto]bre dit nettement que la reponse de Mr Jurieu n’a point eté veüe aux Hauts-Murats, mais celle du 15 d[ecem]bre dit tout le contraire, et que vous savez d’original qu’elle y a eté leüe [32]. Vous parlez d’une edition de Geneve ; il n’y en a point eu ; on y en a envoyé d’icy seize ou dix sept cens exemplaires ; on en envoïoit quatre cens à Montpellier ; mais le vaisseau ayant eté pris par les corsaires de Tunis, on court risque de ne les ravoir jamais. La reponse de Mr Le Bret au Preservatif n’est point connue en ce païs cy [33] ; Mr Arnaud a eté poussé dans les derniers tomes de la reponse à Mr Maimbourg[,] dans Le Janseniste convaincu etc et dans ce livre que je vous ai dit qui s’appelle L’Esprit de Monsieur Arnaud, tout ce qu’on peut etre poussé [34].

Vous desirez savoir si Mr Jurieu a beaucoup d’auditeurs ; voicy de quoi vous satisfaire. Il fait trois lecons en quinze jours ; deux lors qu’il ne preche pas sur semaine, et une lors qu’il preche ; d’abord il faisoit / deux lecons en latin tous les quinze jours, une chaque jeudy sur un livre commun de theologie, et il prit au commencement, de trinitate, et une en francois sur l’histoire ecclesiastique le mardy de la semaine dans laquelle il ne prechoit pas ; mais comme il vit qu’il avoit plus d’auditeurs en francois qu’en latin, il changea l’ordre, et il ne fait plus qu’une lecon latine en quinze jours, le jeudy de la semaine qu’il ne preche pas sur quelque matiere curieuse, sur l’idolatrie des peuples voisins de la Judée, et deux en francois, l’une sur l’histoire ecclesiastique, comme auparavant, l’autre sur un lieu commun de theologie ; comme il y a icy beaucoup de jeunes marchands francois, et plusi[eu]rs bourgeois de la ville, qui quoi que naturels du païs entendent le francois, il y a raisonnablement d’auditeurs aux lecons francoises, mais en recompense il en va si peu aux latines que c’est une pitié ; tous les proposans qui ont eté icy depuis que nous y sommes, se reduise[nt] à un neveu de feu Mr Le Blanc, professeur en theologie à Sedan qui s’appelloit Beaulieu, quoi qu’il ne mit dans ses theses que le nom de la famille qui est Le Blanc qui a eté logé environ un an chez Mr Jurieu, co[m]me le bon ami de la famille, et à deux proposans francois, qui sont encore icy [35]. Le neveu de Mr de Beaulieu qui a eté mon ecolier est à Leyde depuis quatre ou cinq mois ; les deux autres dont l’un n’est arrivé que depuis deux mois, vont les apres soupées chez Mr Jurieu, qui est un tems qu’il ne donne pas à l’etude, et discourent avec lui sur des passages ; c’est tout ce que Mr Jurieu fait pour eux ; comme ils sont si peu, il ne veut pas se detourner en leur faveur de ses travaux ; il s’est jetté sur la composition des livres francois, et s’en fait un divertissement continuel ; comme toutes mes leçons se font en latin, vous jugez bien que je n’ay pas beaucoup d’auditeurs : cela se reduit à present à 8 ou 9 dans mes colleges, c’est à dire dans des leçons particulieres qui sont les seules dont on tire quelque petit revenu ; Je n’ay à present que cinq auditeurs.

Le collegue de Mr Jurieu se nomme Pielat, natif d’Orange [36] ; il ne manque point d’esprit ; mais comme il / n’a jamais aimé l’etude, il n’a pas acquis beaucoup de fond, et est mediocre en predication. Mr Vernejou a preché pour lui dix ou douze fois, et s’est fait admirer ; il a eu une Eglise de nouvelle fondation à Arnheim, par le credit de Mr de Mompouillan qui en est gouverneur [37]. Nous avons ici depuis deux jours Mr Pichot ministre du Perigord [38], et Mr Ferrand ministre de Nerac [39], tous deux ayant besoin d’emploi, et n’en trouvant point, surtout le dernier qui est venu avec cinq enfans et sans bien.

L’auteur de la Lettre des cometes vous sera fort obligé, si vous lui envoïez des remarques, et des choses à inserer, il leur cherchera quelque place comode[.] Un livre fait sur le plan que vous avez dressé, seroit beau, et je vous asseure sans flaterie que j’ay admiré l’etenduë, la justesse, et la beauté des veües qui vous sont montées dans l’esprit ; vous jugez bien qu’il faudroït tourner cela d’une maniere respectueuse, afin d’avoir quelque lieu de se flatter qu’on pourroit le faire glisser jusqu’au cabinet du Roy ; mais au reste il n’y a nulle apparence qu’il ait veu la moindre chose des livres de La Politique[.] On nous a conté, quand nous etions à Sedan qu’on avoit prié Madame de Maintenon, gouvernante des enfans de Madame de Montespan, et autrefois femme du poëte burlesque Scarron, de mettre ce livret là entre les mains du lecteur de S[a] M[ajesté], mais que le pere confesseur avoit detourné la chose, ce qui est peut etre un conte ; car on ne sauroit jamais croire combien sont vains et sans fondement la plus part des contes qui se disent de ce qui se passe à la Cour [40]. Mr de Rocoles a ecrit contre le Calvinisme de Mr Maimbourg[.] Ce bon homme ecrit toujours mais d’un stile fort mal peigné : il a donné au public depuis peu un livre qu’il intitule, La Marche des grands ; c’est un recueil de plusieurs histoires tragiques avenuës à des personnes illustres [41].

Mr Franzius est professeur en histoire à Amsterdam ; c’est un Hollandois, et ainsi sa poesie n’est que latine [42]. Je dis sur le plan du proselytisme la meme chose que sur le precedent ; il est beau et si une bonne plume le traittoit, il ne sauroit etre meilleur, mais comme vous le remarquez bien, il faudroit / beaucoup de memoires, et un grand loisir. Le frere de Mr Mesnard qui a eté cause de sa prison, n’est point du tout celui que j’ay connu ; celui là se nomme Mr Daire, et est ministre, ou etoit à Xainctes [43] : Je me reprens parce que le c[adet] m’a ecrit que l’Eglise de Xainctes a eté interdite [44][.] C’est un autre frere, grand fripon qu’on envoioit en Amerique, et qui ecrivit à l’ambassadeur de France à La Haye qu’on l’y envoioit pour l’empecher de professer la religion catholique. Ce n’est point par melencholie que Mr Des Mahis [45] a changé de religion ; il faut qu’il ait eu des motifs fort imperceptibles ; car il est constant qu’il n’est ni debauché, ni interessé.

C’est un de mes amis de Paris nommé Mr Cannisson qui a trouvé à propos le changement de nom de cadet, il a pris celui de Dupeyrac [46], et cela non pas afin qu’il soit inconnu aux gens du païs, car cela n’est pas possible, mais afin que des gens qui ont ouï parler de l’auteur de la Critique sans le connoitre en aucune maniere, entendant nommer cet autre, ne prissent occasion de demander, est ce le frere d’un tel ? Au fond je ne croi pas qu’il y ait à craindre la moindre chose pour ses parens, pourvû qu’on garde le silence prudemment [47].

Votre lettre du 15 d[ecem]bre m’aprend que vo[us] avez fait un voyage à Montauban avec Mr Brass[ard] [48]. Je voudrois bien qu’il obtint la permission de demeurer dans son Eglise, et je prieray de mes amis de solliciter Mr Bonfils [49] le capitaine pour cela, quoi qu’à dire le vrai on ne doive pas s’y attendre.

L’ auteur de la reponse au Calvinisme fait semblant de n’etre pas le meme que celui qui a ecrit les deux parties de La Politique du clergé [50] ; mais c’est par une licence que les auteurs se donnent aussi bien que les peintres et les poëtes. Cela deplait à ceux qui savent le contraire ; car ils pretendent que c’est un peché de mentir comme cela, c’est à dire de declarer en public, et à la face de toute la terre qu’on ne connoit pas un auteur quoi qu’on soit cet auteur ; mais il faut excuser ces petites menteries. L’ auteur des Entretiens des voyageurs sur la mer, se nomme Fleurnois, et a eté autrefois / ministre à Geneve ; c’est le meme qui a ecrit Les Lettres sinceres [51][.] La Reponse aux deux especes est de monsieur Larroque [52] : il y en a une autre qui a eté faite par un socinien, nommé de Versé, qui ecrit pour du pain[,] qui n’a aucune religion, et qui ecrit aussi bien le pour que le contre [53][.]

Je ne m’etonne pas que Mr Dusson vous ait fait entendre qu’il etoit las des delais de notre cadet. J’ay admiré sa patience ; car il pouvoit trouver des sujets, dix pour un dans le malheureux tems où no[us] sommes : au lieu que notre cadet devoit se se saisir incessamment de la condition* : il s’est endetté jusqu’aux oreilles à Geneve, sans faire reflexion que vous et moi lui avions ecrit que nous ne pouvions pas lui envoïer la maille : je ne sai pas comment nous ferons. Dieu veuille prendre soin de nos affaires particulieres, mais surtout des generales, et conserver long tems à votre canton les douceurs dont il joüit. Mr Jurieu s’interesse fort aux nouvelles qui nous concernent, et vous fait mille amitiés, aussi bien que Mad le son epouse. Le cadet nous aprendra desormais les nouvelles de Paris à vous et à moi.

Ce païs cy n’abonde point en livres nouveaux : on a mis l’ Histoire des martyrs en abregé, et en nouveau francois ; c’est un petit livre in 12. L’abbreviateur est un jeune ministre de Guyenne, nommé Dartif receu dans le dernier synode de ce païs [54] : on m’a dedié une reponse à Mr Brueys qui est toute pleine d’esprit [55] : on a fait une reponse aux Methodes du clergé, qui est tres solide, et tres savante [56]. Les œuvres de Mr Claude s’impriment à Londres in folio, traduites en anglois [57] ; on va commencer d’imprimer un livre de La Verité de la religion chretienne, composé par un ministre de Berlin, à la cour de Brandebourg, nommé Abadie, natif du Bearn [58][.] Je saluë Mrs Oliveri [59][,] La Riviere [60], tous nos parens et amis. Je suis tout à vous.

Notes :

[1Les deux lettres de Jacob mentionnées dans ce paragraphe, datées du 1 er octobre et du 15 décembre 1684, ne nous sont pas parvenues.

[2Après s’être attardé chez les Dohna à Coppet, Joseph Bayle venait d’arriver enfin à Paris pour y être précepteur des enfants de Salomon d’Usson : voir Lettre 238.

[3Dans cette lettre, Pierre fait état de la réception de trois lettres de Jacob datées du 22 septembre, du 1 er octobre et du 15 décembre 1683. Il semble qu’il ait appris la nouvelle de la naissance du fils de Jacob par la lettre du 22 septembre : l’enfant serait donc né sans doute en septembre 1683. Nous ignorons son prénom ; il devait mourir le 15 octobre 1685, quelques semaines avant son père, alors emprisonné à Bordeaux.

[4Le copiste écrit « Brossard » au lieu de « Brassard ». La belle-mère de Jacob Bayle était vraisemblablement venue au Carla pour assister sa fille lors de ses couches en septembre ou octobre 1683. Née Constance de Constans, en 1630, Mme Brassard avait eu huit enfants.

[5Voir Jurieu, La Politique du clergé de France, entretien II, p.223, où il est question de l’archevêque de Paris, Harlay de Champvallon, en tant qu’il serait auteur, avec Toussaint Rose, secrétaire du cabinet du Roi, d’une Lettre de M. M. du clergé adressée au Roi qui visitait la frontière, lettre qui fut désavouée par les évêques.

[6La Politique du clergé de France, de Jurieu, premier entretien (Cologne 1681), p.77-79. Les urbanistes étaient des religieuses de Sainte-Claire auxquelles le pape Urbain V avait donné des règles qui leur permettaient de posséder des fonds. Louis XIV prétendait au droit de nommer les abbesses, et ces religieuses, établies à Toulouse, furent soutenues par l’évêque de Pamiers, le janséniste François-Etienne de Caulet, contre la brutalité étonnante de l’intervention de l’archevêque de Toulouse, Joseph de Montpezat de Carbon, qui fit briser par des soldats la porte du couvent que fermaient les moniales à leur nouvelle abbesse.

[8Erreur du copiste, qui écrit « Charles 3 » au lieu de « Charles 9 ». La troisième édition hollandaise de la Critique générale parut le 22 mai 1684. Il y avait eu une édition pirate à Genève, peu auparavant, faite, à l’insu de Bayle, sur la seconde édition de novembre 1682. L’erreur signalée se trouve dans les deux premières éditions, lettre XX ; elle est corrigée dans la troisième (Ville-Franche 1684, 12°, 2 vol.) imprimée par Pierre Le Blanc.

[9Ce court opuscule de Jean Bruguier avait paru vingt ans plus tôt : Discours sur le chant des pseaumes (Nîmes 1662, 8°), et fut réédité l’année suivante, ce qui semble attester son succès.

[10Il est question du gentilhomme du Maine dans la Préface de la première édition de la Critique générale : c’est à lui que les lettres sont censées s’adresser… et c’est donc lui qui serait responsable de leur publication. Il est fait allusion à « l’affaire » du Père Loubaissin, prieur des carmes, dans la section iii de la lettre VII de la Critique générale.

[11Les Pensées diverses : voir Lettre 220, n.3.

[13Voir Lettre 222, n.21, sur l’interdiction de l’exercice réformé à Montpellier.

[15« ce qui soit dit entre nous ».

[16Il s’agissait apparemment de Montauban. Sur le ministre en question, voir ci-dessous, n.18.

[17Claude Roux, sieur de Marcilly, un huguenot, fut accusé, à bon droit, semble-t-il, d’avoir projeté un attentat contre Louis XIV. Il fut arrêté en territoire suisse par quelques officiers français, le 12 mai 1669, condamné à mort et roué le 22 juin. Jean Daillé lui remontra sévèrement l’énormité de ses projets criminels et menaça d’abandonner le condamné si celui-ci persistait à ne pas se repentir. Voir A.D. Rabinel, La Tragique aventure de Roux de Marcilly (Toulouse 1969).

[18Voir D. Benoit, « Mesures de Louis XIV relatives au baptême des enfants protestants de Montauban deux ans avant la Révocation », BSHPF, 54 (1905), p.118-120. L’arrêt du Conseil fut pris le 26 juillet 1683 et, dès le 8 août, l’intendant Foucault enjoignait à Boriès, pasteur âgé et sans emploi qui résidait à Montauban, de baptiser les enfants réformés juste après leur naissance dans les maisons de leurs parents et sans exhorter quiconque, ce que la présence de témoins catholiques suffisait à garantir. Une solution très semblable avait été adoptée à Montpellier peu auparavant et, dans l’été 1685, la même formule devait être établie à Agen.
Après la suppression de l’exercice réformé à Montauban, les parents huguenots avaient fait baptiser leurs enfants dans le temple de Villemade, aux portes de la ville. Ce n’est sans doute qu’après que ce recours leur eut été interdit qu’ils s’adressèrent à Boriès : on a la trace de deux baptêmes célébrés par ce dernier en octobre 1684 et avril 1685 : BSHPF, 23 (1874), p.35-36. Sur des divergences quant à la nécessité du baptême, entre Jurieu et Isarn de Capdeville, voir Lettre 106, n.6.

[19Jean Boriès, né à Montauban en 1615, avait été pasteur à Layrac (actuellement Lot et Garonne) jusqu’en 1672, date de la suppression de cet exercice réformé, puis second pasteur d’Agen (Boé, dans les faubourgs de la ville) jusqu’en 1682, année où, en mars, il fut assigné, sans qu’on connaisse le motif de cette poursuite : voir C. Cambon, « L’Eglise réformée d’Agen sous le régime de l’Edit de Nantes (1594-1685) », Revue de l’Agenais 67 (1940), p.1-17 et 68 (1941), p.13-39, p.23-24. Il est probable que Boriès se retira à Montauban quelques semaines ou quelques mois plus tard, tandis que son collègue Laporte put maintenir l’exercice jusqu’au printemps 1685 en dépit de l’hostilité du parlement de Bordeaux. Au moment de la Révocation, Jean Boriès put gagner l’Angleterre : voir R. Garrisson, Essai sur l’histoire du protestantisme dans la généralité de Montauban sous l’intendance de N.-J. Foucault (1674-1684) (Musée du Désert 1935), p.198-200.

[20Thomas Satur, naguère pasteur de Montauban, devint ministre de la Savoye, communauté de langue française mais de rite anglican, à Londres, en 1684.

[21Sur Isaac et Jean Du Bourdieu, voir Lettre 11, n.3.

[22Le collègue de Jurieu à Rotterdam s’appelait Phinéas Piélat. Sur André Lombard (1635-après 1690), voir F. de Schickler, Les Eglises du Refuge en Angleterre (Paris 1892), ii.229-230 et 307, n.2, et Stelling-Michaud, iv.354-355, n°3443. Né à Nîmes, il fut pasteur de la Savoye, à Londres (1664-1668), puis pasteur à Nîmes (1669-1677). Il connut la Bastille de mai 1680 à janvier 1681 (voir Archives de la Bastille, viii.208-209), puis il put retourner à Londres, d’où il alla en Hollande, puis à Copenhague ; il s’en revint alors à Londres jusqu’en 1687, puis redevint pasteur en Hollande, à Flessingue. En 1690, son neveu et homonyme lui succéda, l’état de santé du pasteur gyrovague étant déficient.

[23Sur André Lortie, voir Lettre 107, n.24. La date de sa mort reste inconnue. Nous voyons ici que Lortie avait accepté une réordination anglicane, ce que Claude déplora (voir F. de Schickler, Les Eglises du Refuge en Angleterre, ii.327 et 331) et ce qui pourrait bien être en rapport avec l’accusation de socinianisme qui courait à son encontre.

[24Sur la tentative de résistance, en principe non-violente, à la démolition des temples par la célébration du culte sur leurs ruines, inspirée par Claude Brousson, on peut consulter la réédition d’un Avertissement aux protestans des provinces (Cologne 1684, 12° ; Paris 1986, 8°), texte présenté par E. Labrousse (Paris 1984).

[25Cet ouvrage de Jurieu avait déjà été mentionné par Bayle écrivant à son frère Joseph : voir Lettre 238, n.15.

[26Sur la réponse de Jurieu à Maimbourg, voir ci-dessus, n.12.

[27Critique générale, lettre xix : dans la troisième édition, sera abrégée une citation de Brantôme pour ne pas mentionner les détails les plus crus de son récit concernant le duc de Montpensier.

[28Jurieu ne sut pas d’emblée que la Critique générale était l’œuvre de Bayle : voir Lettre 206, p.301. Sur la manière dont Caze d’Harmonville put percer l’anonymat de Bayle, voir Lettre 212, n.1.

[29Il s’agit de la Lettre 224.

[30Jacob Bayle avait évidemment écrit au comte de Dohna afin d’exprimer au grand seigneur la reconnaissance de la famille de Joseph pour la généreuse hospitalité longuement prodiguée à celui-ci. Henri d’Aguesseau (1638-1716), intendant du Languedoc depuis 1673, s’était présenté en personne au Carla pour y faire signifier au consistoire l’ Avertissement pastoral émanant du clergé de France : sur ce document, voir Lettres 219, n.15 et 233, n.27. D’Aguesseau était accompagné par un vicaire d’ Antoine-François Bertier, évêque de Rieux, diocèse dans lequel se trouvait Le Carla. Rieux relevait de l’archevêché de Toulouse, ce qui paraît expliquer pourquoi ce fut l’intendant du Languedoc qui vint au Carla, et non Foucault, intendant de la généralité de Montauban, de qui dépendait le Pays de Foix pour l’administration civile. On connaît le texte des prises de parole de Jacob Bayle à cette occasion, qui s’est retrouvé dans les papiers de Pierre Bayle après sa mort et qui a été édité dans l’ Histoire de Mr Bayle et de ses ouvrages (attribuée ouvertement, mais à tort, à Bernard de La Monnoye) (Amsterdam 1716, 12°), p.99-106 et 106-108. Jacob Bayle, à l’instar des pasteurs de la France entière, s’était incliné respectueusement devant l’autorité civile, mais avait récusé la prétention du clergé romain à considérer les réformés comme ses fidèles égarés.

[31Quelques mois plus tôt, Bayle avait déjà signalé à son frère la parution prochaine de l’ Histoire de la Ligue de Maimbourg : voir Lettre 224, n.7.

[32Les Hauts-Murats était le nom de la prison de Toulouse, où, parmi d’autres, les pasteurs de Montauban avaient été incarcérés : voir Lettre 221, n.6, et aussi Lettre 224, n.10 et 11. Bayle n’arrive pas à croire que les prisonniers aient pu voir en prison un exemplaire de l’ Histoire du papisme et celle du calvinisme ; toutefois, comme le pasteur Isaac Brassard était venu au Carla après sa libération, si surprenant que soit ce détail, on ne peut en exclure la véracité.

[34Ces trois livres sont de Jurieu, mais Bayle ne lève pas explicitement pour son frère l’anonymat du troisième.

[35Ce fils de Pierre Le Blanc et neveu de Louis Le Blanc de Beaulieu est mentionné dans la Lettre 147, p.3. Un des deux autres proposant fut Isaac Pérou : voir Lettres 112, n.8 et 139, n.3.

[36Voir supra n.22.

[37Il s’agit ici d’ Armand de Caumont de La Force, marquis de Montpouillan (1626-1701), qui, devenu maréchal de camp, s’allia avec le prince de Condé pendant la Fronde ; fait prisonnier à Blaye, il fit son accommodement avec le roi en 1653 ; il devint lieutenant-général des armées du roi en 1655 et finit la campagne sous les ordres de Turenne. On licencia son régiment de cavalerie en 1656, celui d’infanterie en 1660. Pinard affirme qu’il sortit de France en 1685 et se retira en Hollande, où il fut fait gentilhomme de la Chambre du prince d’Orange, puis lieutenant-général des armées de Hollande et enfin gouverneur de la ville de Naërden. Malgré les différences par rapport aux informations fournies par Bayle, il semble bien qu’il s’agisse du même membre éminent de la famille du duc de La Force. Voir Pinard, Chronologie historique militaire, iv.222-224. Sur Daniel de Vernejoul, voir Lettre 224, n.15.

[38François Pichot, un Français, était étudiant en 1669 à Groningue ( BSHPF, 40 (1891), p.666), où il était probablement venu pour bénéficier de l’enseignement de Samuel Des Marets. En 1672, il était à Leyde au titre de proposant ( Livre synodal, Leeuwarden, art. 11 et 21). En 1677 au plus tard, il était revenu en France pour servir l’Eglise de Montbazillac, près de Bergerac ( BSHPF, 23 (1874), p.370). L’exercice réformé y fut interdit en décembre 1682 et Pichot reprit le chemin de la Hollande (voir Livre synodal, Leeuwarden, avril 1684, art. 2). En avril 1685, au synode de La Brielle (art. 3), Pichot fut nommé pasteur à Gouda ; il y mourut en 1703.

[39Jean Ferrand (ou Ferand), ancien pasteur de Nérac, est mentionné pour la première fois au synode de Haarlem, en avril 1683 (art. 14). En avril 1684, au synode de Leeuwarden, il fut déclaré « appelable » (art. 17 et 18). En septembre 1684, il se trouvait à Rotterdam, toujours sans emploi (art.11) ; mais en 1685, il devint pasteur à Clèves (Erman et Reclam, Mémoires pour servir à l’histoire des réfugiés françois dans les Etats du roi [de Prusse] (Berlin 1784), iii.379 ; il y mourut septembre 1702 ( BSHPF, 48 (1899), p.319).

[40Il s’agit ici du confesseur du roi, le Père de La Chaize, et du livre de Jurieu, La Politique du clergé de France : l’invraisemblance de l’anecdote est saisissante et montre que certains protestants espéraient absurdement un appui de la part de Mme de Maintenon, petite-fille d’ Agrippa d’Aubigné.

[41Sur l’ouvrage de controverse de Rocolles, Histoire véritable du calvinisme, voir Lettre 227, n.15. L’autre ouvrage de Rocolles cité par Bayle est certainement : La Fortune marastre de plusieurs princes et quelques grands seigneurs de toutes nations depuis environ deux siècles (Leyde 1683, 8°) : le copiste a mal lu le mot « marastre ».

[42Francius Petrus (1645-1704), savant et poète, ami de Johann-Frédéric et de Jacob Gronovius, était professeur d’histoire et de grec à l’Athenée Illustre d’Amsterdam, ensuite professeur d’histoire et d’éloquence à Leyde. A cause de ses talents poétiques, on le surnommait « l’Ovide hollandais ». Ses poèmes latins ont été publiés sous le titre Poemata (Amsterdam 1682, 12°). Voir A.J. van der Aa, Biographisch Woordenboek der Nederlanden (Haarlem 1859), vi.182-185.

[43Sur l’emprisonnement de Jean Mesnard, pasteur de Charenton, voir Lettre 238, n.7. Son frère Philippe Mesnard, sieur d’Aïr (1656-1727 ?), pasteur de Saintes, fut condamné en 1684 ainsi que son collègue Daniel Orillard sous le prétexte qu’ils avaient reçu un relaps dans leur temple. L’exercice ayant été supprimé, Mesnard partit pour Paris. Il devait ensuite devenir pasteur de l’Église française de Copenhague, puis de la Chapelle royale de St. James de Londres à partir de 1700 : voir Haag, vii.396. Le frère, « grand fripon », né en 1659, se prénommait Jacques : son sort reste inconnu.

[44L’Eglise réformée de Saintes ne fut interdite, par un arrêt du parlement de Bordeaux, que le 14 février 1685, mais les poursuites avaient commencé et on pouvait en prévoir l’issue.

[45Marin Grosteste de La Buffière, puis, à la mort de son père, Des Mahis (1649-1694) était frère cadet du pasteur Claude Grosteste de La Mothe, ministre de Lizy, réfugié par la suite à Londres. Marin Grosteste Des Mahis fut aussi pasteur, à Orléans, et abjura en 1683 : voir Mercure galant, juin 1683. Il devint prêtre et mourut chanoine d’Orléans : un opuscule anonyme lui fut consacré en 1695 : Abrégé de la vie de feu M. Desmahis, cy-devant ministre de ceux de la R.P.R. de la même ville, en forme de lettres (s.l.n.d.).

[46Janiçon (et non Cannisson) avait fait cette suggestion dans la Lettre 222 (voir n.5).

[47Jugement qui sera cruellement démenti par l’emprisonnement et la mort de Jacob Bayle.

[48Isaac Brassard, beau-père de Jacob, souhaitait pouvoir habiter Montauban comme une personne privée, même après la suppression de l’exercice réformé dans la ville, ce qui lui demeura interdit. Lorsqu’il sortit de la prison de Toulouse en mai 1683 (voir Lettre 221, n.6), il semble être venu au Carla.

[49Claude Bonfils, capitaine, intendant des fortifications, s’était marié à Berlin le 20 octobre 1674 (Haag 2, ii.162) et se trouvait au service de l’Electeur de Brandebourg. On voit mal comment la sollicitation d’un officier brandebourgeois d’origine française aurait pu avoir du poids pour obtenir à Isaac Brassard la permission d’habiter Montauban... Reste qu’il est intéressant de voir Bayle s’être fait par sa plume des relations plus ou moins directes avec des personnages quelque peu importants.

[50Il s’agit de Jurieu.

[51Sur Gédéon Flournois, voir Lettre 206, n.9.

[52Sur cette réponse à Bossuet par Mathieu de Larroque, voir Lettre 221, n.36.

[53Sur Aubert de Versé et sa réponse à Bossuet, voir Lettre 228, n.6.

[54Gabriel Artis, ou d’Artis (vers 1650-1730), initialement officier de marine, se tourna vers la théologie, qu’il étudia à Leyde. Il fut, un temps, pasteur à Berlin, et passa au luthéranisme par horreur du socinianisme, dont il jugeait entachés certains pasteurs réfugiés à sympathies arminiennes. Il s’agit ici d’un abrégé du Livre des martyrs de Jean Crespin (première édition : 1554) : Histoire abrégée des martirs françois du tems de la Reformation. Avec les reflexions et les raisons necessaires pour montrer pourquoi et en quoi les persécutés de ce tems doivent imiter leur exemple (Amsterdam 1684, 12°). La préface est constituée par le texte d’un sermon prêché par d’Artis à La Haye, le 7 novembre 1683. C’est le synode wallon de Goes, en septembre de l’année précédente, qui lui avait donné la permission de prêcher à titre de proposant. Pendant dix-huit mois, Jurieu avait formulé des scrupules à voir accéder au ministère un homme qui, neuf ans plus tôt, à Millau, avait été victime d’un « malheur », par quoi il faut comprendre qu’il avait commis un homicide involontaire. Les objections de Jurieu, inspirées par les règles du droit canonique, ne constituaient un obstacle que dans les Provinces-Unies, et, en 1685, d’Artis devint pasteur à Berlin. Par la suite, il correspondit avec Bayle.

[55Jacques Lenfant, Considérations générales : voir Lettre 235, n.3, et NRL, mars 1684, cat. xii.

[56Jacques Basnage, Examen des méthodes : voir Lettre 233, n.41, et NRL, mars 1684, cat. vii.

[58Sur cet ouvrage de Jacques Abbadie, voir Lettre 238, n.16.

[59Sur les Olivier (ou Olivery), voir Lettre 6, n.1.

[60Sur Paul Falentin de La Rivière, voir Lettre 77, n.19.

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