Lettre 27 : Pierre Bayle à Vincent Minutoli

[A Coppet, le 19 décembre 1672]
Mon cher Monsieur,

Je ne saurois jamais asses dignem[en]t vous exprimer l’estime que nous avons faitte icy de vos belles et savantes remarques sur l’epitaphe de question [1]*. Je croi que Mr le comte dans la lettre qu’il vous écrit [2] vous temoigne le plaisir que vous luy avez fait de prendre la peine de revoir la piece, et combien il trouve judicieux et digne de l’opinion qu’il avoit de votre esprit, tout ce qu’il a veu de vous cet ordinaire* dernier. Il est certain que la lettre que vous luy avés addressée a receu de sa bouche les plus magnifiques eloges qui se peuvent et comme elle fait pour* la gloire de leur Maison et pour la consolation des parens, elle partira demain pour l’armée des confederés [3] avec l’epitaphe corrigée et les remarques qui raisonnent sur les changemens. Je suis si pressé que je ne puis vous dire autre chose pour ce coup* sinon que je souhaitte qu’un aussi habile homme que Mr Fabry soit le Seguier de notre academie [4], je dis notre puis que vous me faites la grace de m’en mettre. A la premiere commodité* je vous ecrirai plus amplement. Cependant je vous prie de me croire mon cher Monsieur

Votre tres hum[ble] et obeiss[an]t servit[eur]
BAYLE

ce 19 decembre 1672

 

ps S[on] E[xcellence] vous envoye un extrait d’une lettre qui circonstancie la mort de son neveu [5].

 

A Monsieur / Monsieur Minutoly le / fils / A Geneve

Notes :

[1Sur cette épitaphe, voir Lettre 26.

[2Cette lettre ne nous est pas parvenue.

[3Les confédérés regroupaient alors les Provinces-Unies, le Brandebourg et l’Empire. Des méfiances et des jalousies réciproques (en particulier, entre Brandebourgeois et Impériaux) affaiblissaient considérablement les confédéres face à l’unité de commandement des forces françaises.

[4L’« académie » désigne une réunion amicale, qui se réunissait le jeudi, sans doute chez Minutoli ou chez Fabri, son beau-père. Parmi ses membres, on comptait, outre Rocolles, Basnage (tant qu’il n’eut pas quitté Genève pour achever ses études à Sedan, à l’automne 1673), très probablement Antoine Léger (sur lui voir Lettre 40, n.9) et Bénédict Pictet (1655-1724). Bayle devait revoir ces deux amis à Paris en 1675. Le chancelier Pierre Séguier (1588-1672), après avoir été l’un des fondateurs de l’Académie française, en était devenu le protecteur après la mort de Richelieu en 1642.

[5Sur la mort de Christophe de Dohna, voir Lettre 26.

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