Lettre 303 : Isaac Claude à Pierre Bayle

Ce lundy matin • [mi-juillet 1684]

Mr d’Harmonville [1] n’est point icy, mon cher Mr. Il est à Amsterd[am] depuis pres de 8 jours[.] Ainsy il ne scauroit vous donner la lettre que vous demandez. Mais il me semble que vous la trouverez dans la premiere edition de La Politiq[ue] du clergé de France [2].

Voicy un article copié mot à mot de la derniere lettre que j’ay recû[e] de mon pére sur le sujet de vos Nouvelles. « J’ay recû les livres que vous m’avez envoyé où sont les deux premiers journaux de Mr Bayle, faites luy s’il vous plaist scavoir que j’en ay eté enchanté. Ils sont en effet tres beaux[,] la science, l’esprit, et le bon sens y paroissent par tout, et d’aille[urs] ils sont fort bien ecrits. On y a seulement remarqué qu’il a mis en rang d’ oignon* quelque mechante petite piece de theatre qui n’est pas de la gravité et de la seriosité* de son journal. Je croy que desormais il fera bien de n’y rapporter que des livres dignes de la connoïssance des gens de lettres. Il faut laisser le reste pour le Mercure galans. » [3] Adieu mon cher Mr. aimez moy je vous prie toujours.

 
Claude •

 

Notes :

[1Caze d’Harmonville, résidant ordinairement à La Haye, où Isaac Claude avait été appelé comme pasteur de l’Eglise wallonne : voir Lettre 212, n.1.

[2Nous ne saurions identifier cette lettre désignée sans précision, puisque la demande de Bayle est perdue, mais il pourrait s’agir de la fameuse « Lettre de Paul Pellisson-Fontanier... » jointe par Jurieu en appendice à son ouvrage La Politique du clergé de France : voir Lettres 190, n.19, et 191, n.6.

[3Dans les lettres hebdomadaires que Jean Claude adressait à son fils Isaac à La Haye (Leyde, BPL ms 292), on trouve trois passages portant sur les NRL de Bayle, mais non pas le passage cité ici – qui exprime peut-être l’avis d’ Isaac Claude lui-même. Après une méprise (lettres du 30 mars et début avril 1684), où il suppose que Bayle est l’auteur du Mercure savant (qu’il juge sévèrement), Jean Claude écrit : « J’attendrai impatiemment le journal de M. Bayle dont vous me parlez, et je ne manqueray pas, puisqu’il le désire, de luy donner mon sentiment sur tout son dessein. Il y a déjà longtemps que je vous ay parlé de sa Critique générale contre Maimbourg et que je vous ay dit que c’est un des plus beaux livres et des plus galamment écrits qui ait paru il y a bien long-tems. Je ne doute pas qu’il ne s’acquitte admirablement bien de son journal, et de tout ce qu’il entreprendra » (19 mai 1684). « J’ai vu deux Nouvelles de M. Bayle, des mois de mars et d’avril, et j’en suis content au dernier point. Cela est très bien écrit, et surpassera tout ce que nous avons vû jusqu’icy dans ce genre » (30 juin 1684). « Je vous prie de m’envoyer les suites des Nouvelles de la république des lettres. Cet ouvrage réussit fort dans le monde. M. le Prince en a vu ce qui a déjà paru, qui sont les deux premiers mois, et il les a trouvés beaux. M. Buissiere m’a dit que vous luy feriez le plus grand plaisir du monde de les luy envoyer à mesure qu’ils paraistront, et qu’il en feroit payer le prix, et le port. Vous pourriez me les adresser, et je tiendrois conte de ce qu’ils couteroient » (7 juillet 1684).

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