Lettre 353 : Isaac de Benserade à Pierre Bayle

[Paris, le 6 novembre 1684]

 [1]
• Monsieur

Puis qu’il semble que vous vouliez m’avoir obligation du plaisir que j’ay à lire vos agreables et scavantes Nouvelles, à la bonne heure, j’y consens, et croyez que vous aurez de la peine à vous aquiter suffisamment d’une aussy bizarre recognoissance [2][.] Il est vray Monsieur que je suis sensiblement* touché de vostre merite[.] Monsieur Janisson vous respondra de moy sur toutte / chose, des qu’il m’a rendu vostre lettre je luy ay donné un livre pour vous l’envoyer, vous verrez par là que je suis plus soigneux de vostre fortune que de vostre gloire en vous donnant occasion de parler de son adorable petit auteur qui est monseig[neu]r le duc du Mayne [3] ; plût à Dieu que vous vous missiez en estat de profiter de tout le gré que vous en sçaura le pere, il aime à récompencer le merite où il est[,] pourveu qu’il n’y trouve rien à / redire du costé que vous scavez [4][.] Je m’interesse deja sy fort en tout ce qui regarde vostre personne que je ne desespere de rien, et j’attens beaucoup de vos propres lumieres qui sont trop justes en tout le reste pour manquer en cela. Je ne manqueray pas de monstrer vostre lettre à mes confreres de l’Academie [5], je veux dire que la chose ira comme vous le souhaitez[.]

Adieu, Monsieur, contez sy vous plaist sur moy comme sur l’homme du monde qui vous estime, et qui vous • aime autant, si / vous voulez bien que je parle ainsy car en quoy que ce soit, c’est pitié que de mon esprit sans mon cœur je suis Monsieur vostre tres humble et tres obeissant serviteur.
Benserade

Notes :

[1Cette date découle de la Lettre 352, du 6 novembre 1684, où Janiçon déclare avoir reçu une lettre de « celuy à qui j’avois envoyé un des trois exemplaires du livre que vous m’aviez adressés », c’est-à-dire de Benserade. Ensuite il fait suivre à Bayle la lettre de l’académicien avec la Lettre 356 du 27 novembre 1684.

[2Janiçon avait confié un exemplaire des NRL, destiné à l’Académie française, à Isaac de Benserade : voir Lettre 335, n.4.

[3Benserade mène les opérations qui préparent l’entrée du duc du Maine à l’Académie : il est sans doute la source des informations données par Janiçon à ce sujet : voir Lettre 352, p..

[4Discrète référence aux convictions réformées que Benserade prête à Bayle ; tous les lecteurs catholiques dont les lettres nous sont parvenues le regardent comme un journaliste engagé du côté des réformés. Voir aussi les remarques semblables d’un ami huguenot, tel que Jacques Lenfant, dans la Lettre 359.

[5Cette lettre d’accompagnement ne nous est pas parvenue.

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