Lettre 365 : Madame de La Masserie à Pierre Bayle

de Helvout[s]selluys 8eme dessenbre [1684]

En véritté Monsieur je vous veux dumal de ne vous contenter pas du peu d’esprit que vous m’avés remarqué vous voullés éncore éxyger de moy [1] de méchante poysïe moy qui ne puis tout au plus passer que pour la derniere des bastardes d’Appollon[.] •

Peut on fayre une bonne ryme

quant l’on n’est touché que d’estyme[?]

J’ay ouy dyre Mr qu’il faust ayttre anymé de quelque passion pour réussir[,]

rien n’est charmant dedans la vye

si le cœur n’est de la partye[.]

On m’a dit que c’esttoit un bien

de ce charger d’un doux lien •

moy je regarde comme painne

ce quy porte le non de chaynne[.]

Mais halte au mascullain[,] je m’appersoy et trop tart qu’il me maittryse furieusemant en ma lettre comme [en] toutte auttre rancontre, qu’en ditt[es] vous Mr vottre tour fin et nos disputtes contre limain n’en / demeure[nt]-t’elle[s] pas d’acort[?] Vous enseriés un ausi bon taymoin que ces espéces de rymes le sont de mon ygnorance[.] Quachés ce deffaust et vous en fettes quelques repproche[s] puis que vous l’avés souhetté[,] ce qui suffit pour que je consante malgre la connaysanse que j’ay de mon foyble[.]

Quy obéit à Monsieur Baille ne sauroit jamais fayre mal coyque ce ne soit rien que pure bagattelle auppris de son esprit qui n’ut jamais d’égal[.] Je cray Monsieur que je ne peux mieus finir que par en demeurer d’acort et par vous assurer que ma seulle quallitté consist à ayttre sinsére et constante amye[.] Vous m’obligerés de n’en doutter pas[.] Je reppons à vottre dernyére qui m’a fourny une eure de playsir en ma demeure sollittere[ ;] c’est de ce bien là seul que je voudrais jouir[.] Cella est de mauvayse ogure qu’on et dit mon vaisseau peri[ ;] je me prepparerais aux funeste[s] avanture[s] [s]ans que vos bons souhais m’anpaychront de mourir[.] [E]ursemant pour moy vous n’ettes pas rigoureux pour vos amis[.] / 

Prenés vous de mais fauttes à la praisse où je suis[ ;] j’ayme mieux mettre des follies que de manquer à vous reppondre[ ;] c’est une marque que nous ne sommes pas si opposés qu’il l’apareu[ ;] je ne cray pas que nous le fussions s’il vous aryvoit un vaissau avec la charge dont vous parlés[.] Je say toujours bien que le tour de vottre esprit quacheroit 2 mille deffaust[s] s’il estoit possible que vous les u[s]siés[.] Quant mayme vottre mal de pié seroit la goutte[,] si quelque[s]uns de mais souhais ettois acomplis j’attacherois en sa plasse un[e] elle à vottre tallon[.] Peuttayttre me donneriés vous lieu de vous dyre en ce desert que j’i narguerait les plus grande[s] compagnie[s][ ;] je [me] passe de rois ausi bien que eux l’ame du playsir quy est l’esprit[.] Si vous voullés que je vous récrive ne montrés pas mais [lettres,] je vous le demande[.]

• A Monsieur/ Monsieur Baisle/ A Rottredam

Notes :

[1La lettre adressée par Bayle à M me de La Masserie ne nous est pas parvenue. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’une Française réfugiée aux Pays-Bas ; elle écrit de « son » vaisseau, ce qui laisse peut-être entendre que son mari en était le capitaine. Nous n’avons pas réussi à l’identifier plus précisément.

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