Lettre 398 : Dominique Beddevole à Pierre Bayle

[Genève, le 23 mars 1685]

• Monsieur

Vôtre reputation est si belle, qu’il n’y a personne, qui ne souhaite d’avoir quelque part dans vôtre amitié. Je voudrois de tout mon cœur vous avoir randu quelque service, qui me permit de vous la demander avec bienseance. Mais si j’ay eu jusques icy le malheur de n’en avoir point les occasions, j’espere de m’y frayer le chemin par le / present que je vous fais. C’est un petit ouvrage d’anatomie [1], que Monsieur Debordes aura la bonté de vous remettre. Je vous prie de l’accepter, et de prendre la peine de le lire et d’y corriger tout ce que vous jugerez à propos. Ensuite si vous ne l’estimés pas indigne de voir le jour, je consens qu’il soit imprimé par qui il vous plaira. La seule grace que je vous demande en cecy est de n’y point faire mettre mon nom ; et si vous le trouvez assez bon pour en dire quelque chose dans vos Nouvelles de la republique des lettres [2], de ne me point faire connoître. Je seray bien aise d’apprendre sans flatterie de quelle maniere ce coup d’essay sera receu. Si vous me croyez propre à vous rendre quelque service, ne m’épargnez point, et soyez persuadé Monsieur que je suis

vôtre tres humble et tres obeissant serviteur[.]

 
Beddevola D. M.

A Geneve le 23 de mars 1685

A Monsieur/ Monsieur Baile professeur/ en p[hiloso]phie et histoire/ à/ Roterdam.

Notes :

[1Dominique Beddevole (ou Beddevola), Essais d’anatomie où l’on explique clairement la construction des organes et leurs opérations méchaniques selon les nouvelles hypothèses (Leyde 1686, 12°). L’ouvrage connut un certain succès, car il fut réédité deux fois (Leyde 1695, 1699, 12°) et fut traduit en anglais (London 1691, 1696, 12°). L’auteur, médecin et naturaliste genevois, avait soutenu ses thèses de médecine à Marbourg en 1680, sous la présidence de Johann Jacob Waldschmied, sur la génération humaine ( De generatione hominis ab ovo), sur différentes phobies et mélancolies ( De phrenitide, melancholia, mania et hydrophobia) et sur l’épilepsie ; il devint ensuite médecin de Guillaume III d’Orange ; il devait mourir vers 1692.

[2Ce n’est qu’en appendice d’un compte rendu des NRL, novembre 1685, art. V, consacré à l’ouvrage d’ Antonius Nuck, De Ductu salivali novo (Lugduni Batavorum 1685, 12°), que Bayle signale avec éloge l’ouvrage, anonyme, de Dominique Beddevole ; conformément au souhait exprimé dans cette lettre, Bayle ne mentionne pas le nom de l’auteur.

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