Lettre 41 : Pierre Bayle à Jeanne Bayle

[Coppet,] du 23 fevrier 1674

Comme celuy que je croyois charger de ce paquet, partit beaucoup plutot q[ue] je ne pensois, le portrait [1] ne se commencea pas avant son depart. Depuis comme je n’ay veu aucun jour de l’envoyer, j’ay differé d’y faire mettre la main d’autant plus qu’etant à la campagne et n’ayant guere la liberté de m’absenter q[ue] pour quelq[ue] apresdinée*, je trouve beaucoup de difficulté à le faire faire, etant necessaire de passer ches le peintre 4 ou 5 jours de rachepié* si on veut qu’il s’en aquitte dignement. J’espere d’etre en une ville vers la fin du printems [2], et alors comme j’aurai la liberté d’aller voir mon peintre aux heures qu’il faudra, j’y ferai travailler incessamm[en]t, m’estimant fort heureux qu’il vous plaise, m[a] t[res] b[onne] e[t] t[res] h[onorée] m[ere] souhaitter ce memorial de la parfaitte affection, et obeissance et venera[ti]on que je conserverai toute ma vie pour vous. Le bon Dieu veuille vous remplir de sa benediction et vous gratifier d’une douce saine et agreable vieillesse, et q[ue] je me puisse par mes tres humbles respects, conserver l’honneur de votre tendresse qui balancera toujours les caprices de ma fortune et les facheux* accidens de ma vie.

Notes :

[1Sur le portrait, voir Lettre 35, n.2.

[2Bayle envisageait donc, dès l’hiver 1674, de quitter les Dohna.

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