Lettre 452 : Charles Drelincourt à Pierre Bayle

[Leyde,] Ce vendredy au soir 3 e août 1685

Si l’on m’avoit fait faire un précis de mes quatre traitez Des membranes [1] je ne me serois jamais tiré d’afaire si honorablement que vous avez fait.

C’est ainsi, Monsieur, que vous enchérissez sur moy, et que vous relevez la bassesse de mes pensées par l’élévation de votre esprit.

Materiam superat opus [2].

Ce sont de faus-diamans, que vous taillez à tant de facettes, et que vous enchassez dans un si bel-or, / qu’ils brillent de quelque-côté qu’on les tourne, comme s’ils étoient des plus-fins.

Vous débitez, avec éclat, tout ce qui peut agréablement fraper l’imagination de votre lecteur ; et vous raportez, dans une suite trés-nette et trés-juste, toutes les singularitez, qu’on peut souhaiter. Et mêmes, vous les représentez, tout-d’une-veuë, et dans une mignature la mieus-émaillée du monde : car elle est toute parée des richesses de votre esprit, et toute dégagée de ce fatras de noms et de reproches, qui se trouvent dans mon original.

C’est ainsi, Monsieur, que j’avois besoin de votre adresse pour secouër toute cette poudre scholastique qui m’obscurcissoit et qui m’empéchoit de paroitre dans ce beau-jour où il vous a plu de produire votre trés-obéïssant serviteur
Drelincourt

Notes :

[1Dans les NRL de juillet 1685, art. XI, Bayle avait donné le compte rendu de quatre traités de Charles Drelincourt : De tunica fœtûs Allentoïde Meletemata. De tunicâ Chorio animadversiones. De membranâ fœtûs agninâ castigationes. De fœtuum pileolo sive galeâ emendationes (Lugduni Batavorum 1685, 12°).

[2« Le travail surpasse la matière » : Ovide, Métamorphoses, ii,5, qui écrit superabat.

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