[Rotterdam, le 6 août 1685]

Au très éminent Grævius Bayle fait ses compliments

Voilà la dissertation exceptionnellement érudite De Amazonibus dont vous m’avez permis l’usage [1]. Telle fut votre amabilité, homme très érudit. Je m’en suis servi très librement comme vous le voyez, et finalement j’en ai extrait ce qui peut être inclus dans l’opuscule du mois courant [2]. Je vous la rends enfin donc en exprimant ma plus grande gratitude. J’ai reçu un exemplaire du même livre de la part de celui à qui il est dédié, Monsieur Baudelot, de qui j’ai accepté un poème élégant au sujet de Thea [3]. Quelques jours auparavant il m’est tombé entre les mains l’ouvrage du jésuite Frizon, client on ne peut plus dévoué de l’évêque de Munster dont l’ouvrage porte le titre de Furtembergiana [4]. On y voit beaucoup de poèmes qui font l’éloge de son patron, mais en premier lieu une Disquisition contre les critiques où non seulement Vavasseur est étrillé plusieurs fois au sujet de la date ou de l’usage de quelques mots [5] ; Cicéron lui-même est accusé de fautes de mémoire et de crimes de contradiction. Adieu, homme très éminent, et continuez à me favoriser de votre amitié accoutumée.

Donnée à Rotterdam, le 6 août 1685.

Notes :

[1Grævius avait signalé cet ouvrage de Pierre Petit à Bayle, qui le lui avait emprunté : voir Lettre 428, n.1 et 2.

[2Bayle avait signalé l’ouvrage De Amazonibus – sans l’avoir en main, sans doute – dans les NRL, février 1685, cat. viii, in fine, et il en donnera un compte rendu dans le numéro du mois d’août 1685, art. I.

[3Nous n’avons pas su identifier ce poème de Charles-César Baudelot de Dairval sur Théa (ou Théia) : Bayle ne l’a pas publié dans les NRL, comme l’aurait souhaité sans doute l’auteur. Sur celui-ci, avocat au Parlement de Paris, membre de l’Académie des inscriptions et des lettres en 1705, un des collaborateurs du Menagiana, voir Chaufepié, s.v. et F. Wild, « Nouveau public, nouveaux savoirs à la fin du XVIIe siècle : les Nouvelles de la république des lettres et le Dictionnaire de Bayle », in La Transmission du savoir dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles, dir. M. Roig Miranda (Paris 2000), p.501-514.

[5Bayle avait prêté à Grævius les œuvres posthumes de Vavasseur, d’où l’intérêt pour son correspondant de cette remarque sur la critique par Frizon du poète néo-latin jésuite : voir Lettre 428, n.4.

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