[Rotterdam, le 13 août 1685]

Au très docte Monsieur d’ Almeloveen P[ierre] Bayle fait ses compliments

Veuillez pardonner, Monsieur, vous qui êtes si occupé, ce long silence [1], et surtout, je vous en prie, ne vous fâchez pas de ce que vous n’avez pas vu mentionner dans mon opuscule du mois dernier le petit livre vraiment d’or, je veux dire les Aphorismes du divin vieillard [2], que vous avez édités et dont vous m’avez fait cadeau ; je vous en remercie vivement. La responsabilité de l’omission retombe sur l’imprimeur, qui n’a pas voulu, malgré nos prières et avertissements réitérés, utiliser des caractères minuscules pour les dernières pages, ce qui aurait laissé une place vide pour votre opuscule. Faites mes excuses, s’il vous plaît, à votre ami [3], le temps ne suffit pas pour lui répondre en ce moment même ; dites-lui combien je l’estime, lui et ses ouvrages exceptionnels. J’ai reçu récemment tant de livres et de mémoires qu’il ne m’est pas possible d’en publier le compte rendu ce mois-ci. Mais dès que les plus anciens auront vu le jour je me préparerai à publier le compte rendu en question. J’ai regretté que vous ayez été absent quand, il y a un mois et plus, j’étais à Amsterdam et frappais à la porte de votre maison, guidé par le domestique de Wolfgang, l’imprimeur [4]. Portez-vous bien, homme très distingué et très cher.

Donnée à Rotterdam le 13 août 1685.

Notes :

[1La dernière lettre connue de Bayle à Almeloveen date de l’année précédente (Lettre 311 du 6 août 1684), mais il se peut que d’autres lettres aient été perdues.

[3Les Aphorismes d’ Hippocrate furent édités et commentés par de nombreux auteurs au cours du siècle et, en particulier, par Marin Cureau de La Chambre (1655) et par Jacob Spon (1683) ; André Dacier devait les traduire dans le cadre des éditions Ad usum Delphini en 1697. Bayle mentionne l’édition d’ Almeloveen dans les NRL du mois d’août 1685, cat. iii (notice consacrée au Compendium physicae aristotelico-cartesianæ de J.H. Suicer, ouvrage également publié par le libraire d’Amsterdam Henri Wetstein), et y signale également une traduction française qui venait d’être publiée par Etienne Michallet à Paris, « avec des explications physiques et des annotations curieuses ». Il est possible que l’ami d’ Almeloveen auquel Bayle fait ici allusion soit ce traducteur français, mais nous n’avons su découvrir son nom.

[4Sur Abraham Wolfgang (ou Wolfganck), imprimeur et éditeur à Amsterdam : voir Lettre 313, n.11.

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