Lettre 463 : Jean Donneau de Visé à Pierre Bayle
Monsieur
Si je n’ay pas fait reponce plustost à vostre obligeante lettre [1], je vous prie d’estre persuadé que ce n’est pas manque d’estime pour vostre personne, ny pour tout ce qui vient de vous. Je n’oserois vous dire que l’occupation continuelle que me donne le Mercure, et quelques affaires en sont cause, parce que rien n’a du m’empescher de repondre à vos civilitez. Ainsy le meilleur party que je puisse prendre est de vous demander excuse.
Il y a long temps que j’ay dessein de travailler à la table dont vous me parlez [2], et je ne suis en peine que du temps pour cela.
Le merite, et non la grosseur faisant la bonté des ouvrages, je gagneray toujours beaucoup par l’echange que vous voulez bien / faire de vos Nouvelles contre les miennes [3] ; ma[is] je vous prie d’estre persuadé que ce n’est point dans cette pensée, que je vous ay prié d’accepter tous les mois le Mercure. Comme je n’ay encore pu prendre de mesures pour faire venir vos Nouvelles, je vous prie d’avoir la bonté de me les garder jusques à ce que je vous mande par quelle voye vous me les envoyerez, et de me croire Monsieur vostre tres humble et tres obeissant serviteur
A Paris ce 4 e septembre 1685
Notes :
[1] Sur la correspondance antérieure de Bayle avec Jean Donneau de Visé, voir Lettres 449, n.20, et 451, n.2.
[2] Bayle avait sans doute suggéré au rédacteur du Mercure galant de fournir un index ou du moins une table des matières détaillée à la fin de ses nombreux volumes, permettant au lecteur de se retrouver dans le labyrinthe des écrits divers et des nouvelles de toutes sortes qui y trouvaient leur place. Le conseil, excellent, n’a pas été suivi.
[3] Sur cet accord, voir Lettre 451, n.3, et 455, n.17.