Lettre 48 : Pierre Bayle à David Constant de Rebecque

[Coppet, le 31 mars 1674]
Mon tres cher Monsieur,

S[on] E[xcellence] etant trop incommodée pour vous ecrire de sa main [1] m’ordonne de vous faire ces lignes pour vous prier de communiquer cette relation de son etat à Mr votre frère [2] , à Mr de Grevily [3] et autres qui se sont servis de ce remede, mais sur tout à Mr des Bergeries [4] , afin qu’ils •en disent leur avis… Il n’y a aucunes nouvelles considerables cet ordinaire* si bien que vous m’excuserez si je ne vous en envoye pas. Mr Daillé [5] a demandé son congé à l’Eglize de Charenton et il y a plusieurs candidats pour cette place. Mr Pralin [6] en est un, et un de mes amis m’ecrit de Paris qu’il a preché à Charenton depuis peu, et il me marquoit qu’il n’avoit pas fait grand merveille. On croit que Mr Janisson [7] ministre à Blois l’emportera.

Je vous prie mon cher Monsr de faire en sorte que je puisse trouver à acheter à Lausanne le 1 er tome de L’Illustre Bassa [8] . A Geneve je n’ai peu le faire vendre separé des autres. Avant hier se fit la presenta[ti]on de Mr de L’Isle [9] avec les harangues accoutumées. Je vous souhaitte toute sorte de prosperité aussi bien qu’à tous les votres surtout à mad[emoisel]le votre femme [10]. Je suis v[ot]re tres humble et tres obeissant serviteur
BAYLE

psLe 31 mars 1674

A Monsieur / Monsieur Constant / f. m. d. s. E. / A Lausanne

Notes :

[1Effet de la goutte dont souffrait souvent le comte de Dohna, comme tant de ses contemporains de la même classe sociale : voir Lettre 26, p.143.

[2Jean Constant (1635-1730), conseiller de Lausanne, médecin et botaniste.

[3Nous n’avons su identifier ce Grevily.

[4Jean-Jacob Girard des Bergeries (1614-1681) était l’oncle maternel de David Constant.

[5Adrien (ou Hadrien) Daillé (1628-1690), fils de Jean, est mentionné dans le DHC, « Daillé », rem. F. Il était devenu collègue de son père à Charenton, où il succéda à Jean Mestrezat. Adrien Daillé demanda, pour raisons de santé, un congé, qui ne semble lui avoir été accordé que pour quelques mois, de sorte qu’il ne lui fut pas donné de successeur en titre.

[6On sait peu de chose d’ Etienne Martin, sieur de Pralins (qui mourut en 1708), si ce n’est qu’il fut pasteur à Rennes de 1673 à 1676, après l’avoir été dans le Dauphiné, et avant cela, en Bourgogne : voir B. Vaurigaud, Essai sur l’histoire des Eglises réformées de Bretagne (Paris 1870.), ii.325 et iii.lxxxix ; et SHPF, ms 595, d’où ces indications sont tirées. Pralins se retrouva après la Révocation à Nyon, qui dépendait alors de Berne ; plus tard, on le trouve en Hollande, chargé d’une nombreuse famille : voir A. J. Enschédé, « Requêtes adressées aux Etats-Généraux des Pays-Bas par des réfugiés ou persécutés français ou vaudois pendant les années 1690 à 1695 », BSHPF, 37 (1888), p.470.

[7Michel Janiçon (?-1705), pasteur de Blois, frère de François Janiçon, futur correspondant et ami parisien de Bayle, se retira en Hollande à la Révocation et devint pasteur de l’Eglise wallonne d’Utrecht en 1686.

[8[ Madeleine de Scudéry], Ibrahim ou l’illustre Bassa (Paris 1641, 8 o, 4 vol.).

[9Jean-Baptiste de L’Isle (1636-après 1700), après des études de théologie aux Académies de Lausanne et de Genève, fut consacré au ministère pastoral en 1663. Le 29 mars 1674, il devint pasteur à Commugny-Coppet, ce qui fait l’objet de la remarque de Bayle.

[10Il s’agit de Marie Colladon, Genevoise : voir Lettre 21, n.17.

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