Lettre 618 : Charles-César Baudelot de Dairval à Pierre Bayle
Notes :
[1] Cette lettre est datée d’une autre main « jan[vie]r 1686 » mais elle est postérieure à la Lettre 604 et elle a été écrite la veille de l’audience accordée par Louis XIV à l’ambassade de Siam du 1 er septembre 1686 : voir ci-dessous n.12.
[2] Dans sa lettre du 29 juillet 1686 (Lettre 604), Baudelot de Dairval mentionne cet intermédiaire mais ne le nomme pas.
[3] Sur cet ouvrage de Pierre Petit, De Amazonibus dissertatio, et les autres ouvrages contenus dans le paquet de Baudelot de Dairval, voir Lettres 604 et 610, n.2.
[4] Il s’agit de l’ouvrage de l’abbé Jacques Petit, Les Veritez de la religion prouvées et défendues contre les anciennes hérésies par la vérité de l’eucharistie (Paris 1686, 8°), que Bayle avait mentionné dans les NRL au mois de juillet 1686, art. I, in fine, et plus longuement au mois de septembre 1686, art. IV : voir Lettres 599, n.4, et 604, n.16. A en juger par la modération des allusions de Bayle à cet ouvrage de controverse catholique, on peut penser qu’il avait déjà reçu la lettre de Baudelot de Dairval du 29 juillet (Lettre 604) et que c’est par égard pour celui-ci qu’il évoquait sans agressivité l’ouvrage de son parent.
[5] Cette lettre et les livres qu’elle accompagnait avaient donc été envoyés par l’intermédiaire de Rainssant, c’est-à-dire par celui de Rouillé fils, directeur général des Postes : voir Lettres 605 et 610, la lettre de Rouillé qui accompagnait le premier paquet de Baudelot de Dairval.
[6] Pierre Petit, De Amazonibus dissertatio qua an vere extiterint, necne, variis ultro citroque argumentis et conjecturis disputatur (Lutetiæ Parisiorum 1685, 12° ; Amstelodami 1687, 12°) ; une traduction française devait paraître plus tard : Traité historique sur les Amazones ; où l’on trouve tout ce que les auteurs tant anciens que modernes, ont écrit pour ou contre ces héroïnes ; et où l’on apporte quantité de médailles et d’autres monumens anciens, pour prouver qu’elles ont existé (Leyde 1718, 12°). Sur cet ouvrage, voir Lettres 428, n.2, et 604, n.11. Nous n’avons su identifier l’ouvrage – qui n’est peut-etre qu’un petit pamphlet – sur le procès de Pierre Petit.
[7] Pierre de Saint-Glas, Contes nouveaux en vers (Paris 1672, 12°) ; Les Bouts-rimez, comédie (Paris 1682, 12°) ; Billets en vers de M. de Saint-Ussans (Paris 1688, 12°). Nous n’avons su identifier sa critique de Bérénice de Racine : les critiques ne signalent que celle de l’abbé Montfaucon de Villars, La Critique de Bérénice (Paris 1671, 12°) et une satire des pièces de Corneille et de Racine : Tite et Titus, ou critique sur les Bérénices, comédie (Utrecht 1673, 12°), attribuée à Anne Dacier, à son père Tanneguy Lefèvre, ou à l’ abbé Granet. Il est possible que Baudelot de Dairval désigne cette dernière pièce comme une composition de Saint-Glas.
[8] Sur les Jugemens des sçavans sur les principaux ouvrages des auteurs (Paris 1685-1686, 12°, 9 vol.) d’ Adrien Baillet, voir Lettre 487, n.8, et 492, n.3 et 276, n.10 ; le compte rendu de ces volumes devait paraître dans le JS du 25 novembre 1686, et dans les NRL, février 1687, art. VII.
[9] Jean-Baptiste Thiers (1636-1703), Traité de la clôture des religieuses, où l’on fait voir par la tradition et les sentimens de l’Eglise que les religieuses ne peuvent sortir de leur clôture, ni les personnes étrangères y entrer sans nécessité (Paris 1681, 12°) ; Traité des jeux et des divertissemens, qui peuvent être permis ou qui doivent être défendus aux chrétiens selon les règles de l’Église et le sentiment des Pères (Paris 1686, 12°).
[10] Claude Fleury, Traité du choix et de la méthode des études (Paris 1686, 12°).
[11] Baudelot de Dairval évoque François de Camps (1643-1723) comme évêque de Pamiers, quoique ce jeune intrigant n’eût jamais reçu ses bulles : voir Lettre 449, n.17. Proche d’ Hyacinthe Serroni et de Léon Bacoué, cet ancien moniteur aux petites écoles de Port-Royal, devenu abbé de Signy, numismate accompli et qui avait par ce moyen cultivé la faveur du Père François d’Aix de La Chaize, allait publier, quelques années plus tard, ses Selectioria numismata in ære Maximi moduli musæi Illustrissimi D.D. Francisci de Camps Abbatis Sancti Marcelli, Ecclesiæ Appamiensis Episcopi designati. Pars prima (Parisiis 1690, folio) avec des planches gravées par François Ertinger. François de Camps fut un intrigant ambitieux, certes, mais aussi homme de goût et un véritable connaisseur en peinture, comme on voit par l’étonnante histoire des portraits des douze apôtres par Georges de La Tour, conservés à Albi : voir J.C. Boyer, « Les Apôtres de Georges de La Tour, de Paris à Albi », in Les Apôtres de Georges de La Tour. Réalités et virtualités, Catalogue du Musée Toulouse-Lautrec, Albi (Paris 2004), p.47-60.
[12] Sur l’audience des ambassadeurs siamois du 1 er septembre 1686, voir les Mémoires de Choisy, dans l’édition de son Journal établie par D. van der Cruysse (Paris 1995), p.418 : « Un mois après que je fus arrivé à Paris, les ambassadeurs du roi de Siam y arrivèrent. Le roi les fit défrayer partout, et leur donna audience dans la grande galerie de Versailles. On y avoit élevé un trône magnifique. Ils firent une fort belle harangue, que l’abbé de Lyonne, missionnaire, expliqua en françois. » Voir aussi D. van der Cruysse, L’Abbé de Choisy : androgyne et mandarin (Paris 1995), p.279-293.
[13] Relation de l’ambassade de M. le chevalier de Chaumont à la cour du roi de Siam, avec ce qui s’est passé de plus remarquable dans son voyage (Paris 1682, 12°). L’ouvrage est évoqué par Bayle, qui en signale une contrefaçon amstellodamoise, dans les NRL d’octobre 1686, art. IV, in fine ( OD, i.664b) : voir ci-dessous, n.17.
[14] Sur Jean-Patrocle Parisot, son ouvrage La Foi dévoilée par la raison, et le commentaire très sarcastique de Bayle, voir Lettre 495, n.2.
[15] Voir le Dialogue des poètes de Boileau, où il évoque de façon méprisante Ménage, Du Périer, Santeuil, La Peyrarède, Rapin et quelques autres qui « demeurent au bas du Parnasse, où ils cherchent une entrée avec empressement » (éd. A. Adam et F. Escal, p.593-594). Bayle avait évoqué ce poème dans sa lettre à Minutoli du 4 octobre 1676 : voir Lettre 132, n.22. Baillet évoque les prétentions poétiques de Ménage, de Du Périer et de Santeuil dans son Jugemens des savans, éd. La Monnoye (Amsterdam 1725, 12°, 17 vol.), respectivement aux articles 1535, 1540 et 1549.
[16] Guy Tachard, S.J., Voyage de Siam des Pères jésuites envoyés par le Roy, aux Indes et à la Chine avec leurs observations astronomiques et leurs remarques de physique, de géographie, d’hydrographie et d’histoire (Amsterdam 1687, 12°) : voir Lettre 611, n.7.
[17] Il s’agit de Paul-Philippe de Chaumont († 1697), académicien, évêque de Dax depuis 1671. L’auteur de Relation de l’Ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont, à la cour du roi de Siam (Paris 1686, 12°) fut Alexandre de Chaumont, ambassadeur de Louis XIV au Siam. Il entra en concurrence avec le jésuite Guy Tachard, qui devint l’interlocuteur privilégié du marquis de Seignelay, ministre de la Marine, pour tout ce qui touchait aux affaires de Siam. Bayle s’exprime ainsi dans les NRL, octobre 1686, art. IV, in fine : « M. le chevalier de Chaumont, qui est revenu de son ambassade de Siam depuis quelques mois, en a publié une Relation curieuse qui a été déjà contrefaite à Amsterdam. Il y garde le decorum de son caractere, c’est-à-dire qu’il ne descend pas dans un detail trop exact comme feroit un voïageur. Il s’étend même peu sur la religion du païs et sur le progrès des missionnaires. M. l’évêque d’Acqs, son cousin, qui avoit vû le manuscrit avant qu’on le publiât, n’a pas conseillé de doner plus d’étenduë à cet article, soit qu’en cela il ait voulu témoigner quelque complaisance aux jesuïtes qui doivent publier la Relation que le P. Tachard, missionnaire de Siam, a composée, soit qu’il ait jugé que ces choses-là, et plusieurs autres, sieroient beaucoup mieux à un jesuïte qu’à un ambassadeur. »
[18] Le rôle de l’abbé de Lionne dans les relations franco-siamoises s’inscrit au cœur de la querelle entre missionnaires et jésuites. Fils du secrétaire d’Etat Hugues de Lionne, Artus de Lionne naquit à Rome en 1655. Il abandonna une carrière militaire pour rejoindre les Missions étrangères de François Pallu (1626-1684), évêque d’Héliopolis. En 1681, il s’embarqua pour le Siam, puis s’installa à Ayutthaya, où il apprit le siamois. Grâce à sa connaissance de cette langue, c’est lui qui fut particulièrement désigné – contre son gré, selon l’ abbé de Choisy – pour accompagner les trois ambassadeurs du roi Naraï qui devaient quitter le royaume de Siam en 1686. C’est pendant ce séjour en France qu’il fut nommé par le pape coadjuteur de M gr Laneau, évêque de Rosalie. Il participa à la nouvelle ambassade de La Loubère et Céberet de 1687, et retourna au Siam. Les querelles entre missionnaires et jésuites furent alors plus vives que jamais et il eut à subir les perpétuels actes de malveillance du Père Tachard.