Lettre 648 : Louis Ferrand et François Macé à Pierre Bayle

• [Paris, le 20 octobre 1686]

La part que je prends à ce qui vous regarde, Monsieur, m’oblige à vous donner donner l’advis suivant [1][.] Dans la derniere page de vos Nouvelles du mois de septembre dernier [2] qui est la page 1100 vous dittes que bien des gens s’etonnent de ce que vous avez dit dans la page 881 du dernier journal que la traduction de Mr Ferrand et celle de Mr Coquelin partagent les scavants de Paris et quelques lignes apres vous adjoutés que les gens qui prennent party contre Mr Coquelin disent que sa traduction des Psaumes représente si noblement et si nettement les beautés de l’original qu’elle etc. Ce discours nous apprend 2 choses : l’ une que ces deux traductions partagent les scavants de Paris ; et l’autre que la derniere représente noblement et nettement les beautés de l’original. Vous vous trompés, Mr, dans ces deux points ou plutost on vous trompe, et ce que vous y marqués ne vous fait pas honneur dans le monde ny parmy les scavants : car on void d’un costé que vous estes mal informé, et l’on conclud de l’autre que vous ne lisez pas les livres dont vous parlés, et que vous vous fiez un peu trop aux memoires qu’on vous envoie. Vous etes mal informé parce qu’il est certain que ces deux traductions ne partagent pas les scavants de Paris de la maniere que vous le faittes entendre. Ils demeurent tous d’accord (à la reserve d’un tres petit nombre qui ne sont pas mesme fort considerables*) que la premiere de ces deux traductions est telle qu’elle doit estre, c’est-à-dire obscure et sans elegance [puisque] dès qu’on cherche la politesse et la clarté[,] ce n’est plus une traduction mais un commentaire[,] une interprétation ou autre chose semblable : qu’on tombe dans de grands inconvenients en pronant la voie de la clarté et de l’elegance, et que sur tout elle n’est point promise à ceux qui traduisent selon la Vulgate, comme font ces deux auteurs qu’ils l’ont mise chacun dans leur ouvrage. Cela est si vray que M. Coquelin n’a osé qualifier le sien de traduction, parce qu’il scavoit tres bien que ce n’en estoit pas une, et qu’on ne vouloit point qu’on luy donnast ce nom, persuadé comme on estoit, que ce qui s’appelle traduction doit rendre simplement les mots de l’original et ne les point expliquer, et comme celle de Mr Coquelin n’estoit pas de cette nature il a esté obligé de la qualifier d’interpretation et non pas de traduction [3][,] ce qui, pour le dire en passant, fait voir que vous ne parlez pas juste quand vous l’appellez traduction, non seulement parce qu’il l’intitule luy mesme Interpretation ainsi qu’il a esté observé ; mais parce qu’il a eu soin d’advertir dans la préface qu’il a pris le party de faire une interpretation qui tint le milieu entre la longueur d’une paraphrase et l’obscurité d’une version purement litterale [4]. Je pourrois m’etendre plus au long sur ce premier point mais j’en ay assez dit peut estre mesme plus qu’il ne falloit car outre qu’il est peu important et que je ne me soucie gueres de l’interest que le public prend dans ces deux ouvrages, m’estant indifférent qu’il se déclare pour l’un ou pour l’autre, je ne / crois pas que votre reputation soit fort blessée à cet egard n’estant pas fort extraordinaire qu’on soit mal informé de ce qui se passe dans un pays où l’on n’est point, quoyqu’on puisse dire que Mr Coquelin qualifiant son ouvrage d’interpretation[,] vous ne deviez point l’appeller traduction, d’autant plus que ce sont deux choses differentes comme vous scavez. Mais comme j’ay dit c’est peu de chose que cela et vostre reputation n’en est gueres blessée. Il n’en est pas de mesme du 2 d point, et je vous avoüe, Mr, qu’encore que je ne doute point que vous ne lisiez les escrits dont vous parlez, je ne laisse pas d’estre persuade que vous avez donné lieu de croire que vous n’avez pas leu celuy de M. Coquelin : car il est tellement plein de fautes, qu’il n’est quasi pas possible de s’imaginer que si vous en aviez • leu seulement une page, vous eussiez jamais osé dire qu’il represente noblement et nettement les beautes de l’original. Je ne veux pas que vous m’en croiez sur ma parole, il faut vous en donner des preuves. Mais auparavant il est bon de vous avertir d’une chose que vous ne sçavez peut estre pas, qui est que tout Paris est persuadé que l’interpretation de Mr Coquelin est plaine d’ignorance, qu’on s’en apperçeut dès qu’elle parut, et qu’on en fit mesme courir quelques remarques qui irriterent et allarmerent extremement l’autheur, et luy firent mettre tout en usage pour en arrester le cours, cependant comme la chose estoit assez publique, et qu’elle vint mesme aux oreilles des puissances, on l’obligea de corriger, ce qu’il promit, et n’executa que foiblement, mais au moins cela donna lieu à deux editions, lesquelles quoyque dattées touttes deux du 12 juin 1686 sont neantmoins differentes [5]. Je les citeray toutes deux cy apres. Peutestre n’avez vous pas la premiere, car elle est devenue fort rare, mais en tout cas je crois que vous avez la 2 de. Je ne sçais pas s’il y en a eu d’autres, mais celles là suffisent pour faire voir que Mr Coquelin (qui d’aillieurs passe pour habille homme dans la theologie, et a un merite fort distingué) n’a presque rien entendu dans les Psaumes et que s’il en falloit juger par l’interpretation qu’il nous en a donnée, on voiroit non seulement qu’il n’a nulle teinture de la Bible, mais mesme qu’il ne scait ny la theologie ny le latin, quoyqu’on considere qu’il entend bien l’un et l’autre. Cela a donné lieu à un bruit assez commun dans Paris qu’il n’est pas autheur de cette interpretation, et qu’il n’a fait que prester son nom pour des raisons qu’il seroit trop long de deduire icy [6]. Apres ce prelude il faut vous faire voir, M., que l’autheur de la [t]raduction dont je parle, n’a point du tout ou que tres peu de teinture de [la] Bible, qu’il tombe dans des heresies, et qu’il traduit tres mal des passages [qui] sont entendus de tous ceux qui sçavent les premiers elements de la langue latine. Aucun de ceux qui ont leu tant soit peu la Bible n’ignore que ce mot du Psaume VI.10. convertantur, veut dire qu’ils retournent en arriere, c’est à dire qu’ils succombent, qu’ils soient vaincus : comme le fait voir le mot erubescant, qui suit, aussy bien que la comparaison de quelques autres passages semblables, Ps. XXXIX.20.21 ; LIX.2, 3, etc. Cependant M. Coquelin traduit ce verbe comme s’il signiffioit se convertir et il fait cette faute dans les deux editions p. 13./ Au Ps. L, 8. p.152 des deux editions, il nous donne un[e] eau meslée avec l’hysope, non seulement contre l’authorité du texte, mais contre la coutume des anciens juifs, selon laquelle la purification se faisoit non avec de l’eau mais avec du sang, ainsy qu’on voit par l’Exode XII.21, XXIV.8, Levit. XIII,16, XIV, 6, 7, 51, et par s[ain]t Paul qui dit dans l’Epistre aux Hebreux, et omni pene in sanguine secundum legem mundantur et sine sanguinis effusione non fit remissio [7]. Au Ps. LXXI,8, p. 217, dans les 2 editions, il traduit ces paroles et aflumine etc. depuis le fleuve pres duquel il establira le siege de son empire etc. Le fleuve est l’Euphrate indubitablement pres duquel Salomon (de qui le texte parle dans le sens littéral) n’establit jamais le siege de son empire puisque Jerusalem où Salomon avoit le siege de son empire estoit fort eloignée de l’Euphrate. Au Ps. LXXVII, 73, p.248 dans les deux editions, il interprete tabernacul[um] Joseph, les tentes de Joseph, n’entendant pas qu’il est parlé en cet endroit du tabernacle ou autrement du temple de Silo, ce qui n’est ignoré de personne pourveu qu’il ait la moindre teinture de la Bible dont on s’eloigne absolument et grossierement en traduisant icy tabernaculum, les tentes, car outre qu’il n’y avoit qu’un temple parmy les juifs, le mot de tente n’en donne pas l’idée. Au Ps. XCVIII, 4, p.306 dans les deux editions, il traduit In Jacob, la tribu de Jacob, tout le monde scait qu’il n’y a jamais eu de tribu de Jacob, ma[is] bien que Jacob estoit le pere des 12 tribus. Au Ps. CV, 29, et irritaverunt etc. il y a dans la 1 ere edition tant de crimes irriterent la bonté de Dieu, il les frappa de grandes plaies pour leur faire sentir sa puissance et sa colere, une peste qui portoit par tout une mort prompte et violente fit respecter l’autheur de la nature. V[erset] 30, p.343, et stetit Phinéés etc., alors Phinéés leva les mains au Ciel, il fléchit Dieu qui par sa misericorde ordinaire fit cesser la mortalité. Cela est contraire à la S[ain]te Escriture Nomb[res] 23 qui nous apprend qu’il n’y eut point de peste lors de cette initiation de Belphegor, mais un grand carnage, et que bien loin que Phinées levast les mains aux Ciel, et qu’il flechist Dieu, il prit un glaive et perça un juif, et la Madianite avec laquelle il se soüilloit, ce qui appaisa la colere de Dieu etc. On avoit fort relevé cette faute dans les remarques manuscrittes, aussy a[-t-]elle esté corrigée dans la 2 e edition, mais [non pas] [8] sy entierement qu’il n’y soit resté un vestige des anciennes fautes, par la peste qu’on y a laissé[e], et qu’on a jointe au carnage contre la verité de l’hist[oi]re sacrée qui est encore fort altérée. Au Cantique d’Habacuc vers[et] 11, p.506, 507 dans les deux editions où il est dit sur ce verset pro iniquitate etc. les tentes des Æthiopiens ont esté veües pres de Hierusalem pour punir [les] iniquités du peuple de Dieu etc. On trouve d’autres fautes semblables au Ps. XVII, 36, pag[e] 43, LXXVII, v. 74, p.249, LXXXVIII, v. 9, p.275, Ch[roniques] I, p.336 ; CXXXI, 20, v.18, pag[e] 436, 437, CXXXV, 1, pag[e] 446 au Cant[ique] de M[…] vers[et] 40, p.497, au Cant[ique] d’Isaïe vers[et] 7, pag[e] 502, etc. / Quand au 2 e point qui regarde les heresies[,] celle de ceux qui font Dieu autheur du peché estoit [dans] ces paroles du Ps. CIV, v. 24 de la precedente edition convertit cor eorum etc. il fit naistre [dans] leur cœur de la haine pour son peuple etc. on a eu soin de corriger cela dans la 2 e edition, on a mis cette prosperité fit naistre etc. L’heresie des pelagiens se trouve dans les 2 edit[ions] au Ps. CXVIII, 101, pag[e] 404, où ce v[erset] ab omni via mala prohibui etc. est interpreté ainsy, j’ ay evité le peril de crainte d’y succomber, ma [vo]lonté a reglé mes demarches pour me faire perseverer dans l’obeyssance qui vous est deüe. Je laisse d’autres erreurs pour n’estre pas trop long, et pour passer aux fautes d’ignorance [la]tines[ :] au Ps. VI, v. 6 on avoit interpreté ainsy ces mots, Lacrymis meis stratum meum rigabo j’ arroseray de mes larmes le pavé sur lequel je repose, on a mis dans la 2 e edit[ion] le lieu où je repose. Au Ps. XXXVI, v. 39, pag[e]109 ces mots custodi innocentiam sont interpretés ainsy, jette les yeux sur ceux qui vivent dans l’innocence. [Au] Ps. LXVII, v. 24, pag[e] 198, ces mots convertam in profundum maris sont tournés de la [sort]e, je vous iray tirer du fonds de la mer, v. 33, pag[e] 200 ut excludant eos qui probati sunt [arge]nto, vous attirés à vous ceux qui sont eprouvés comme l’argent. [Au] Ps. XLIII, v. 20, pag[e] 132, et declinasti semitas nostras a via sua, et vous n’avés pas ve[u que] nous nous soyons ecartés de vos sentiers. [Au] Ps. XLVIII, v. 13, dans la 1 ère edit[ion], pag[e] 145, et postea in ore suo complacebunt, et cependant [leur] posterité ne laissera pas de les loüer et de suivre leur exemple, on a corrigé cela dans [la 2 e] edition en mettant, et ils ne laissent pas de s’applaudir à eux mesmes et de se glorifier [de] leurs desordres. [Au] Ps. LVI, v. 5, pag[e] 169, il interprete venefici incantantis sapienter, un habile chasseur peut surprendre avec addresse. [Au] Ps. CXVIII, v. 4, pag[e] 385, sic mandasti mandata tua custodiri nimis, les commandements [que] vous avés fait[s] o mon Dieu p[ou]r observer vostre loy ont esté faits avec une juste severi[té]. [Il y] a un grand nombre de semblables fautes comme au Ps. IV, v. 8, pag[e] 8, X, 23, pag[e] 21, XXVII, pag[e] 73, XXVIII, 8, pag[e] 75, XXVIIII, 4, 5, 6, pag[e] 76, v. 11, pag[e] 77, XLIII, 20, pag[e] 132, •, XLVI, 9, pag[e] 140, L, 5, pag[e] 151, LXX, 11, 14, pag[e] 212, LXXXVII, 4, 5, pag[e] 270, 271, CIII, 7, 8, pag[e] 325, CV, I, pag[e] 336, v. 5, p. 337, et en plusieurs autres endroits qu’on ne coste point pou[r] [abrege]r la prolixité, mais on marquera en g[e]n[er]al que dans cet ouvrage mesme de la 2 [e] ed[ition] [on a] plus de six cent fautes, le seul Ps. 118 en contient plus de 100 et l’on en voit un bon [nomb]re dans les Ps. 48, 67, 88, 131, 138 et quelques autres ; en un mot il n’y a gueres de [page où] on trouve 2 vers[ets] tout de suite bien interpretés, jugés Mr si ceux que vous faites pa[rler dans] un journal et dont il semble que vous adoptiés les paroles ont peû dire que cette [traduc]tion represente noblement et nettement les beautés de l’original. Le mesme Paris que vous avés dit estre partagé sur les traductions de Mr Ferrand et Coquelin attend ce que vous dirés le mois prochain de cet avertissement.

Paris, le 2[0] octobre [1]686

Notes :

[1Sur « l’affaire des Psautiers », véritable bataille entre Ferrand et Macé, d’une part, et Nicolas Cocquelin, de l’autre, pour imposer un traduction du Psautier à l’usage des « nouveaux convertis », anciens huguenots, voir Lettres 608, 636 et 647.

[2Dans les NRL du mois d’août 1686, art. I, in fine, Bayle avait commenté les versions des Psaumes de Cocquelin, d’une part, et de Ferrand et Macé, d’autre part. Il était revenu sur ce commentaire au mois suivant (septembre 1686, cat. v in fine) : « Bien des gens s’étonnent de ce que j’ai dit dans l’art. I du dernier journal, que la traduction de M. Ferrand et celle de M. Cocquelin partagent les savans de Paris. Mais on cesseroit de s’en étonner, si on savoit qu’une partie de ces savans sont dans la maxime de la vieille Cour, qu’il ne faut pas que le peuple lise l’Ecriture. Or voilà des gens qui prennent parti contre M. Cocquelin. Ils disent que sa traduction des Pseaumes représente si noblement et si nettement les beautez de l’original, qu’elle peut accoûtumer trop le peuple à feuilleter les livres divins, au lieu que pour bien faire dans la nécessité inévitable où l’on s’est vû de traduire, il falloit donner au peuple une version si negligée et si obscure, qu’elle dégoutast tous les lecteurs. » C’est ce dernier passage (déjà cité Lettre 647, n.1) qui a provoqué la présente lettre de Ferrand et de Macé, dont la version avait également fait l’objet dans le JS du 24 juin 1686 d’un compte rendu qui soulignait le caractère littéral et obscur de la traduction. Compte tenu du reproche fait à Bayle par tous ses correspondants catholiques d’entretenir un vif préjugé en faveur de la religion réformée dans les NRL, sa retenue dans ses comptes rendus des traductions des Psaumes mérite d’être soulignée, car il s’agit bien d’ouvrages destinés aux nouveaux convertis après la révocation de l’édit de Nantes, et la dédicace de Coquelin exprime une admiration fervente à l’égard de la politique religieuse de Louis XIV : « Mais il étoit juste, Sire, que Vostre Majesté vengeast les rois ses predecesseurs de l’injure faite à l’autorité royale, qui n’avoit pû se dispenser d’accorder à des sujets revoltez, la mal-h[e]ureuse liberté de se perdre, sous le titre specieux de liberté de conscience. [...] Qu’elle [l’Histoire] rehausse de ses plus vives couleurs la pieté solide de ce grand monarque, qui aprés avoir aboli les duels, et détruit le blaspheme, donne, sans rien diminuer des autres soins de l’autorité royale, sa principale application à relever les autels du Dieu vivant, et à détruire les restes de l’erreur, aprés en avoir renversé tous les temples. » (Epistre au Roy, non-paginée, sig. aiiii, av).

[4Dans la préface de son Interprétation, Cocquelin dépeint longuement les richesses découvertes par saint Augustin dans les psaumes, et enchaîne : « Que je m’estimerais h[e]ureux si je pouvois suivre dans cette interpretation les traces de ce grand saint, si je pouvois ressentir en moi-même, et découvrir à ceux qui jetteront les yeux sur cet ouvrage, les veritez penetrantes de l’Esprit de Dieu. Pour y réussir, j’ai pris le parti de faire une interpretation, qui tient le milieu entre la longueur d’une paraphrase, et l’obscurité d’une version purement literale. J’ai tâché de parler dans nôtre langue de la maniere dont on parle quand on veut estre entendu. » (Préface non-paginée, p.7-8).

[5Ce fait n’est connu que par cette lettre. La première édition de la Paraphrase de Coquelin permet de compléter le texte de Ferrand devenu par endroits illisible sur le manuscrit.

[6Louis Ferrand (puisque c’est lui l’auteur de ces lignes) insinue que le véritable auteur de l’ Interprétation des Pseaumes est non pas Cocquelin mais son ami de cœur, Des Coutures, bien connu pour ses publications épicuriennes. Cette accusation s’exprima explicitement devant le Père de La Chaize selon le récit de Des Coutures lui-même (Lettre 656).

[7Epître aux Hébreux, 9, 22 : « Et selon la loi, presque tout se purifie avec le sang, et les péchés ne sont point remis sans effusion de sang. »

[8Lapsus de l’auteur : la négation est nécessaire au sens de la phrase.

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