Lettre 671 : François Janiçon à Pierre Bayle

• [Paris, le 9 décembre 1686] [1]

Les livres dont Mr de Vizé vous parle dans ce billet [2], sont l’ Histoire du siège de Bude faisant la seconde partie de son Mercure d’octobre [3]. Le Mercure du mois de novembre divisé en deux parties, dont la seconde consiste dans la Suitte des ambass[adeurs] de Siam en France contenant ce qui s’est passé à l’audiance de Madame la Dauphine, des Princesses du sang et de Mrs de Croissy et de Seignelay, avec une description exacte des chateaux, appartemens, jardins, et fontaines de Versailles, Saint Germain, Marly, et Clagny, de la machine de Marly, des Invalides, de l’Observatoire, de Saint Cyr, et de ce que ces ambass[adeurs] ont veu dans tous les autres lieux où ils ont été, dépuis la premiere relation, à quoy l’on a joint le discours qu’ils ont fait au Roy [4][.] Je vous envoyeray, demain, Monsieur, ces trois livres, avec la premiére partie du Mercure d’octob[re] par la voye de Rouën [5]. J’y joindray une Lettre d’un docteur en théologie à un missionaire de la Chine, qui luy a proposé divers doutes sur la conduite qu’il doit tenir dans ses missions. Le nom de l’auteur n’y est point, mais on sçait qu’elle est du P[ère] Menestrier jésuite [6]. Je croyois que Michallet, qui l’a imprimée vous en feroit un present, et le present n’auroit pas été considerable, puis qu’il ne m’en a fait payer que 15 s[ols] toute reliée en veau[.] Avant que vous soyés prest à en donner un extrait, vous recevrés une l[ett]re manuscrite qui a du rapport à cette matiere. Morery ne s’est point trompé • quand il a dit que la duchesse de Montbazon mourut le 28 avril 1657, car j’en ay veu la confirmation dans la Gazette de Paris du • 5 may de la meme année [7].

Notes :

[1Cette lettre n’est pas datée mais elle est écrite au verso de la Lettre 670. L’allusion au Mercure galant du mois de novembre permet d’affirmer qu’elle est de l’année 1686.

[2Lettre 670.

[3Sur cet ouvrage de Donneau de Visé, voir Lettre 670, n.2.

[4Il s’agit de la Suite du Voyage des ambassadeurs de Siam en France qui avait constitué la seconde partie du Mercure galant du mois de novembre 1686 : voir Lettre 641, n.3.

[5L’intermédiaire de Bayle et de Janiçon à Rouen fut à cette époque, non pas Henri Basnage de Franquesnay, nommé professeur de droit à Leyde (voir Lettre 525, n.10), mais le marchand Le Gendre, frère de Philippe Le Gendre, le nouveau ministre de l’Eglise wallonne de Rotterdam : voir Lettre 549, n.1.

[6Claude-François Menestrier, S.J., dont Bayle connaissait depuis longtemps les travaux sur l’art du blason : voir Lettre 78, n.6. Il ne devait pas mentionner dans les NRL la Lettre désignée ici par Janiçon. Sur les différents domaines où le jésuite multipliait les publications, voir G. Sabatier (dir.), Claude-François Ménestrier. Les jésuites et le monde des images (Grenoble 2009).

[7Marie d’Avaugour (1610-1657), fille de Claude d’Avaugour, comte de Vertus, et de Catherine Fouquet de La Varenne, épousa le 5 mars 1628 Hercule de Rohan, prince de Guémené, duc de Montbazon, dont elle eut deux enfants : François de Rohan, prince de Soubise et Anne de Rohan. Elle était la sœur de M lle de Vertus, l’amie de M me de Longueville et de Port-Royal, et belle-mère de M me de Chevreuse. Elle mourut le 28 avril 1657. Rappelons le récit apocryphe de la mort soudaine de M me de Montbazon et de la conversion de l’ abbé de Rancé, récit qui avait été diffusé par Daniel de Larroque dans son ouvrage Les Véritables Motifs de la conversion de l’abbé de La Trappe, avec quelques réflexions sur sa vie et sur ses écrits (Cologne 1685, 12°), dont Bayle avait donné le compte rendu dans les NRL, juin 1685, art. IX. Il évoque ce récit de nouveau – et la question de la date de la mort de M me de Montbazon, qui eut lieu le 28 avril 1657 – dans son compte rendu ( NRL, décembre 1686, art. IV) de la Conversation du maréchal d’Hocquincourt avec le Père Canaye de Saint-Evremond, qu’il venait de publier dans Le Retour des pièces choisies, ou bigarrures curieuses (Emmeric 1687, 12°). Puisque Janiçon avait évoqué cette Conversation dans sa lettre du 8 octobre 1686 (Lettre 642), il semble probable que Bayle avait évoqué l’erreur de Moréri sur la date de la mort de M me de Montbazon dans une lettre adressée à Janiçon qui s’est perdue.

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