Lettre 678 : François à Pierre Bayle
Notes :
[1] C’est dans l’« Avertissement de l’auteur » des NRL du mois de mars 1686 que Bayle s’était plaint de la difficulté qu’il éprouvait à faire venir les livres publiés à l’étranger : « On ne voit ici que tres-peu de livres nouveaux imprimez en France. Il y en vient quelques-uns à la dérobée, et qui s’échappent comme par hazard ; on en contrefait aussi quelques-uns, mais ce sont pour l’ordinaire de petits livres, ou presque toujours des histoires. Pour les livres qui s’impriment en Pologne, en Suede, et en Dannemarc, on ne sait ici que c’est. On y sait encore moins ce qui s’imprime en Italie, et en Espagne. Mais ce qu’il y a de plus surprenant, c’est que nous sommes dans une disette effroïable des livres qui s’impriment en Angleterre, quelque beaux et nombreux qu’ils soient, et à nos portes pour ainsi dire. Les deux foires de Francfort nous fournissent à la vérité bien des choses d’Allemagne, mais il arrive, par une fatalité assez singuliere, que le plus souvent on oublie de nous amener le meilleur. » Le premier article de ce mois-là porte sur une traduction d’ Anne Lefèvre-Dacier, Le Plutus et les Nuées d’Aristophanes, comédies grecques (Paris 1684, 12°), et Bayle commente : « Voici une preuve de ce que l’on vient de voir dans notre Préface. Il y a près de deux ans que ce livre de l’illustre Mademoiselle Le Fevre est imprimé à Paris, et personne presque n’en sait rien encore dans nos provinces, où je ne crois pas qu’il y en ait d’autre exemplaire que celui que j’ai fait venir exprès, depuis que j’ai sû par le journal de Leipsic la publication de cet ouvrage. Il méritait pourtant d’être connu de tous les curieux beaucoup plûtôt, et d’avoir promptement sa place dans tous les journaux des savants. »
[2] « François », qui n’est peut-être qu’un pseudonyme, désigne un Parisien plus ou moins au fait des questions d’édition et des ragots littéraires ; il s’agit peut-être d’un employé de libraire, mais nous n’avons aucune information sur lui autre que le texte même de sa lettre. La réponse de Bayle, si elle a existé, ne nous est pas parvenue.
[3] Cette lettre complète ce que nous avions appris, dans la lettre de Rainssant du 1 er décembre 1686, sur la volonté de Louis Boucherat (chancelier depuis le 1 er novembre 1685) de reprendre en main le JS : voir Lettre 668, n.8. Dans une lettre du 21 avril 1687 adressée à Jean Le Clerc, Joachim d’Alence fait état du projet de Le Clerc de s’allier avec les nouveaux rédacteurs du JS : Le Clerc, Epistolario, lettre 131, i.464-465.
[4] Le Père François Santussans, de l’ordre de Saint-Croix, était l’auteur de poèmes édités en 1681 dans l’ouvrage du croisier Pierre Verduc, La Vie du bien-heureux Théodore de Celles, restaurateur du très ancien ordre canonial, militaire et hospitalier de Sainte-Croix, appellé vulgairement des croisiers, origine des croisades et ordres croisez, avec un Traité de l’antiquité de l’ordre, la vie et illustres apparitions de sainte Odilie, et avec un abrégé des saints et personnages de l’ordre morts en odeur de sainteté (Périgueux 1681, 4°).
[5] Pierre Bonnet (1638-1708), médecin, neveu de Pierre Bourdelot (1610-1685), lui-même médecin du Grand Condé (sur celui-ci, voir Lettre 69, n.6). Il rassembla avec son oncle des matériaux pour une histoire de la musique qui fut publiée après leur mort par Jacques Bonnet : Histoire de la musique et de ses effets, depuis son origine jusqu’à présent (Paris 1724, 12°).
[6] Louis Cousin, président en la Cour des monnaies, historien de l’Europe : voir Lettres 507, n.6, et 540, n.10. Il allait devenir le principal rédacteur du JS.
[7] Sur l’abbé Gallois, voir Lettre 668, n.8.
[8] Joseph-Guichard Du Verney (1648-1730), originaire de Feurs en Forez, professeur d’anatomie au Jardin royal. Il publia un Traité de l’organe de l’ouïe (Paris 1683, 12° ; Leyde 1731, 12°) ; la traduction latine se trouve dans la Bibliotheca anatomica (Genevæ 1685, folio, 2 vol.) de Daniel Le Clerc et Jean-Jacques Manget (voir Lettre 408, n.3) ; l’ensemble de ses œuvres et de ses communications devant l’Académie des sciences furent publiées dans le recueil Œuvres anatomiques de M. Du Verney (Paris 1762, 4°, 2 vol.).
[9] Bayle ne semble pas avoir donné suite à cette lettre.