[Rotterdam, le 16 fevrier 1689]
Très illustre Monsieur,

Pour beaucoup de raisons, il m’est arrivé de garder bien longtemps chez moi le traité de Thomasius sur le plagiat littéraire [1], car notre très éminent Baudrius [2] m’a signifié ici qu’il n’y a pas besoin de se dépêcher, et en outre il y a longtemps que le gel a commencé à poser un obstacle à ce que je vous remette ce livre. Mais déjà il ne le fait plus, donc je vous rends le livre et vous remercie très vivement de m’avoir permis l’usage de cette dissertation d’un argument très agréable et diligemment rempli d’une lecture variée. J’ai entendu dire que l’auteur aurait pu l’enrichir de bien des collections nouvelles si le nom de quelque imprimeur prêt à entreprendre une seconde édition lui était venu à l’esprit. Certainement j’aimerais que cela se fasse quelque part.

Permettez-moi, je vous en prie, Monsieur, aussi distingué par votre générosité que par votre érudition, de vous demander de m’indiquer quelque cours historico-politique pas trop prolixe [3]. Certains jeunes gens qui donnent sous ma tutelle tous leurs soins à la philosophie voudraient, ce cours terminé, passer à un autre dans l’espoir d’apprendre en même temps quelque chose de la politique et de l’histoire. Il existe certainement de tels cours imprimés en Germanie ou dans ses provinces ; il serait très commode à la fois pour mes élèves et pour moi-même d’utiliser un ouvrage de ce genre que j’expliquerais de vive voix. Si d’ailleurs je devais composer quelque chose de ce genre, cela demanderait un labeur que mon état de santé ne supporterait pas, et noter tout cela serait pour les étudiants excessivement ennuyeux. Indiquez-moi, donc, s’il vous plaît, quelque petit ouvrage qu’ils seraient à même d’acheter et moi d’expliquer.

Portez-vous bien, très docte Monsieur, et aimez-moi qui continue à vous entourer de mon amour et de mon dévouement les plus grands.

Donnée par P. Bayle, Rotterdam, 16 février 1689.

 

Au très célèbre, très illustre et très docte Monsieur Georges Graevius, professeur très digne à l’Académie d’Utrecht.

Notes :

[2Il semble qu’il s’agisse de Paul Bauldry, professeur d’histoire de l’Eglise à l’université d’Utrecht : voir Lettre 683, n.2.

[3La réponse de Graevius ne nous est pas parvenue et nous ne saurions identifier l’ouvrage qu’il a pu suggérer à Bayle.

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