Lettre 764 : Pierre Bayle à Jean Rou

A Rotterdam, le 1 er de novembre, 1690

Je viens, mon très cher Monsieur, d’ouvrir l’ Histoire critique du Nouveau Testament de Mr Simon [1], à l’endroit où il éxamine les versions françoises, qui en ont été faites. Le hazard a fait, que cherchant à m’amuser, en attendant le libraire, j’ai pris ce livre ; mais, l’amitié a été cause, que voiant à l’ouverture du livre ce qui concerne le Pere Amelote, et la version de Mons, j’ai cherché avec dessein si Mr Godeau se trouveroit parmi les traducteurs françois. Je l’y ai trouvé, comme aiant publié une version du Nouveau Testament, qui tient le milieu entre la paraphrase, et l’attachement total à la lettre. Vous verrez que Mr Simon y critique, entr’autres choses, l’usage du toi, que Mr Godeau a préféré à celui du vous, à l’égard de Dieu [2]. J’ai cru qu’il étoit important que vous fussiez averti de cela ; puisque vous pourrez vous faire honneur de maintenir le gout et le jugement de Mr Godeau, contre ce nouveau critique.

Je suis, etc.

Notes :

[1Richard Simon, Histoire critique du texte du Nouveau Testament, où l’on étabit la vérité des actes sur lesquels la religion chrétienne est fondée (Rotterdam 1687, 4°) ; une « seconde édition, revue et corrigée par l’auteur » venait de paraître (Rotterdam 1689, 4°).

[2Bayle revient ici sur une question posée dans la lettre de Jean Rou du 10 octobre 1690 (Lettre 757).

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