Lettre 821 : Jacques Du Rondel à Pierre Bayle
Vous m’avez sans doute oublié, mon cher Monsieur ; car vos pacquets n’ont pas coustume d’estre dixneuf jours en chemin. Tout le monde, que j’avois desjà régalé de vostre response aux Factum [1], m’en demande tous les jours des nouvelles ; et c’est à quoy je ne sçay que répondre. Il n’est guères croyable, que vous ayes changé d’advis. Rien que l’amitié ne vous obligeoit à me faire part de vos nouvelles ; et comme je n’ay rien fait qui vous puisse obliger à changer de sentiment, je ne sçay que deviner d’un pareil retardement. Peut-estre que vostre response est restée dans quelque bureau ou chez quelque facteur ; mais si vous sçaviez, combien je m’impatiente après, vous m’en / escririez deux mots.
Je souhaite que ce soit selon mon coëur, et que je puisse toujours et toute ma vie me dire vostre trés humble et trés obligé serviteur.
A Monsieur / Monsieur Bayle professeur / en philosophie / A Rotterdam.
Notes :
[1] Bayle, La Chimère de la cabale : voir Lettre 808, n.7, et 818, n.7.