Lettre 849 : Pierre Bayle à Gilles Ménage
Monsieur
Votre livre [2] ne fut point mis lundi dernier à la poste, et Mr Leers persiste à craindre qu’il ne soit arreté ici ; c’est pourquoi je continuë à vous prier d’obtenir un billet de Mr Roullié [3] par lequel il recommande instamment à son correspondant de poste en cette ville de se charger du paquet que Mr Leers (il ne faudra pas faire mention de moi) lui remettra le fermant en sa presence et lui montrant que c’est un livre italien imprimé à Paris et intitulé Mescolanze [4]. Apres un tel billet de Mr Roullié il est seur que le paquet sera fidellement adressé.
Je me souviens Monsieur, de n’avoir mis aucune suscription à la lettre que je mis sous votre couvert lundi dernier, c’est pourquoi j’y suplée aujourd’hui en vous aprenant qu’elle est pour Mr de Larroque chez Mr Garrel ruë de l’Observance proche les Cordeliers [5].
Je suis comme à l’ordinaire avec toute sorte de respect Monsieur votre tres humb[le] et tres obeiss[an]t serviteur
Tournez s’il vous plait [6].
Notes :
[1] Cette lettre ne figure pas dans l’ Inventaire critique d’E. Labrousse.
[2] Bayle cherche le moyen de faire envoyer par Reinier Leers des exemplaires de l’ouvrage de Ménage, Mescolanze, qui venait de paraître : voir Lettre 848, n.2.
[3] M. Roullié le fils, directeur des Postes : voir Lettre 848, n.4.
[4] Bayle donnait le même conseil dans la Lettre 848.
[5] Nous ne connaissons pas ce M. Garrel, qui est peut-être un parent de Jacques Garrel, le libraire réformé de Montauban : sur celui-ci, voir Lettre 221, n.44. Le couvent des Cordeliers mentionné ici est sans doute celui qui occupait le site actuel de l’Ecole de médecine ; il faisait face à un couvent des Prémontrés, dans la rue de l’Observance, devenue la rue Antoine-Dubois, dans le 6 e arrondissement de Paris.
[6] La suite de cette lettre nous reste inconnue, le marchand d’autographes n’en ayant reproduit que la première page dans son catalogue, qui reste notre seule source.