Lettre 912 : Pierre Bayle à Jean Bruguière de Naudis

[Rotterdam,] le 5 de mars 1693

Vos depeches* du 4 decembre dernier [1] M[onsieur] m[on] t[res] c[her] c[ousin] m’ont ap[p]orté une extreme joye, et plus grande qu’à l’ordinaire, quoi que j’aye toujours un plaisir extremement sensible* à recevoir de vos nouvelles. Je craignois que mes deux dernieres lettres n’eussent eté interceptées, et je vous en temoignai mon inquietude par un billet joint à celle que j’ecrivis au commencement de l’an à Mont[auban] sous le couvert de Mr Brassard [2]. Votre derniere lettre m’a tiré de peine en m’ap[p]renant que rien n’a eté intercepté. Je ne craignois pas l’interception eu egard aux choses que je vous ecrivois, car elles etoient de nature à ne pouvoir • faire des affaires ni à vous ni à moi devant des juges equitables, mais j’etois faché que vous pussiez penser que j’eusse eté si long tems sans vous asseurer de ma tendre amitié et de mes tres-humbles services.

Je vous suis le plus obligé du monde des mouvemens* que vous vous etes donnez pour moi afin de m’eclaircir sur diverses choses et de me fournir des materiaux qui regardent notre pays ; ne vous fatiguez plus sur cela ; il est trop malaisé de faire des decouvertes lors que de tout tems un pays s’est tourné de tout autre sens que de celui qui donne un certain genre d’instructions. J’ai lu avec plaisir la reponse faite sur le champ au memoire, et j’en remercie tous ceux qui s’en sont melez. Elle vient d’un homme bien judicieux, et dont les lumieres sont • vives [3]. /

Ce que vous m’avez ap[p]ris de particulier de vos enfans  [4] m’a infiniment plu, mais souffrez que je vous arrete sur ce que vous me dites que vous faites porter à l’un d’eux le nom « de Mons. Ros qui est le nom de ses ayeux ». Je sai bien que son ayeul se nommoit Mr de Ros [5] du nom d’une metairie, mais y a t’il eu des ancetres plus reculez ou de ce nom ou de celui qui en est composé « Mont-Ros », ou enfin ai je mal leu, ou auriez vous mal marqué quelque lettre ? Encore un coup m[on] c[her] cousin je suis ravi que Dieu vous ait donné des enfans si bien nez et si bien tournez, et si dignes des soins singuliers que vous prenez de les elever. Je leur souhaitte de jour en jour mille et mille accroissemens et en vertus humaines et en vertus divines. Si vous avez à les envoier faire leur philosophie quelque part dans le voisinage[,] le lieu que vous me marquez [6] est sans doute* le plus commode, et où l’on peut le mieux ap[p]rendre la philosophie de l’Ecole qui est celle par où un jeune homme ne fait pas mal de commencer. Il ap[p]rend par là à se mieux servir de la cartesienne un jour à venir [7].

Le silence de mon adversaire a eté forcé pendant quelque tems ; il etoit malade [8], et il avoit en tete de fort habiles ministres qui vouloient faire condamner plusieurs erreurs dans ses ecrits [9]. Ils ont bien eu de la peine[,] tant la faction des ignorans l’emportoit sur celle des sages tetes, de lui donner quelque atteinte. Le voila gueri [et] dès qu’il s’est veu en etat d’escrimer, il a fait un procez consistorial à deux de ses collegues ministres / ordinaires de ce lieu, l’un se nomme Mr Pielat, l’autre est l’illustre Mr Basnage [10] : il trouve à qui parler, ces deux messieurs lui rivent les clous d’importance, le mal est que par je ne sai quelle fatalité, et par quelles combinaisons des affaires politiques et des ecclesiastiques, les magistrats qu’on a mis depuis ces quelques mois dans cette ville à la place de quelques autres qui ont été cassez le protegent et le favorisent [11]. Par cette machine il espere, dit on, obtenir une lettre de cachet pour me faire oter ma charge et meme la liberté de demeurer en cette ville. Il m’embarrasseroit extremement, mais un philosophe chretien [12] se doit preparer à tout. La voie de l’autorité de l’intrigue et de la cabale est sa seule ressource contre moi, apres la confusion qu’il a euë d’avoir eté convaincu de cent faussetez par les reponses que j’ai faites à ses factums, et d’avoir veu que nos communs maitres n’ont fait aucun compte de ses accusations.

Je n’ai plus de commerce* avec Mr Abbadie depuis mes differens avec le sieur J[urieu]. Cet homme là a fait tant de peur aux ministres par ses libelles et par ses delations que • pour ne l’irriter pas plusieurs embrassent ses passions, ou du moins se tiennent neutres. • Ce dernier parti est celui qu’a pris Mr Abbadie. Il vient de publier la Defense de la nation britannique • sur la deposition du roy Jaques, où il repond à l’ Avis aux refugiez, à ce livre qui a excité tant de troubles en ce pays cy. Cette reponse est fort estimée [13].

Mr Bras- / sard [14] et Mr Ysarn [15] sont tous deux ministres à Amsterdam mais avec cette difference que ce dernier y est ministre ordinaire, et l’autre ministre pension[n]aire. Il y en a de ce dernier ordre dans toutes les villes de Hollande, et à Amsterdam une cinquantaine. Ils prechent quelquefois* • chacun à son tour, mais ils ne se melent point de la conduite de l’Eglise et n’ont point de seance au consistoire ; leur pension est d’ailleurs beaucoup plus petite que celle des pasteurs ordinaires, qui ont proprement la direction de l’Eglise. Mr Ysarn n’ecrit pas avec toute la delicatesse d’un autre adversaire de Mr J[urieu] nommé Mr Saurin ministre à Utrecht [16], mais il ne laisse pas de reussir. Il est vrai qu’il n’a ecrit qu’une maniere de factum [17], et quelques lettres sur la vie et les dernieres heures de Mr Wolzoguen [18] ministre de l’Eglise francoise d’Amsterdam et professeur en histoire ecclesiastique dans l’Ecole Illustre de la meme ville. J’ai recu une lettre de notre cousin de Cabanac datée de Condé en Hainaut [19], et j’y ai repondu tout aussi tot, je ferai demander une nouvelle lettre de recommandation à Mad e la comtesse de Roye [20]. J’ai sondé une autre source de recommandation qui seroit peut etre bien efficace si elle reussissoit [21].

Je suis ravi d’ap[p]rendre des nouvelles de mon cousin de Marracous [22]. Il a eté heureux ayant eté de l’armée d’Allemagne de n’avoir pas hyverné dans ce pays là, car il auroit eté peut etre du siege de Rhinfels où les Francois ont essuié un sanglant affront au mois de decembre dernier [23].

Toutes les autres particularitez que vous m’ap[p]renez de la famille et de la parenté me plaisent infiniment. Je fais mille vœux pour la prosperité de chacun et de chacune. Je fus attrapé il y a deux ans par un homme du Mas d’Azil / nommé Caüe qui connoissoit fort particulierement Mr de Marracous à ce qu’il me disoit ; il me vint trouver se disant fils de Mr Lavaur, et frere de ceux avec qui j’avois etudié [24]. Je lui pretai de quoi s’equipper car on l’avoit volé jusqu’à sa chemise lors qu’il se sauva de l’armée de France pour venir ici. J’ai seu depuis que c’etoit un garnement qui pensa* se faire passer par les armes en Irlande. • Mon argent est perdu pour jamais.

Mr Celeriez de Puylaurens [25] est actuellement en cette ville[,] il est capitaine dans le regiment d’infanterie de Bercastel l’un des 3 regimens francois qui servent en Angleterre. Il a fort con[n]u Mr de Pradals et ne croit pas qu’il ait accepté la proposition que vous me dites que Mr de Bonrepaux lui a faite de le suivre en Dannemarc [26]. Les gazettes viennent de nous ap[p]rendre que ce nouvel ambassadeur fera au premier jour son entrée publique à Coppenhagen avec beaucoup de magnificence [27]. Je parle des gazettes qui s’impriment en ce pays, car je ne vois point celle de Paris. Ces memes gazettes ont parlé depuis 15 jours ou 3 sepmaines de la mort de Mr Pellisson [28] comme s’il avoit refusé de se confesser. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il est mort sans s’etre confessé mais les uns disent que la mort l’a surpris lors qu’il croioit avoir encore bien du tems à vivre, les autres attribuent cela à d’autres raisons.

Mon Dictionnaire n’est pas encore commencé d’imprimer et comme ce sera un gros livre de plus de 1 000 pages in fol[io] il faudra bien du tems pour en achever la composition et l’impression. Je vous embrasse de toute mon ame et suis tres passionnement M[onsieur] et tr[es] c[her] c[ousin] tout à vous. /

Puisqu’il me reste un revers de page je vais le remplir de quelques nouvelles de literature. Il y a une dame à Paris nommée Daunoi qui compose plusieurs romans ingenieux, qui a donné un recueil de poesies choisies de plusieurs poetes francois anciens et modernes en 5 petits volumes [29]. Mr Flechier eveque de Nimes a publié la Vie du cardinal Ximenes [30]. Le P[ère] Dorleans jesuite a publié une Histoire des revolutions d’Angleterre [31]. On dit que Mr Du Pin qui avoit donné plusieurs volumes d’une Bibliotheque ecclesiastique a recu ordre de ne plus ecrire ; on l’a denoncé par les soins de Mr l’eveque de Meaux comme fauteur d’heretiques en certains points [32][ ;] on pretend avoir trouvé des endroits dans cette Bibliotheque où il rend suspecte la foi des Peres, et où il extenuë* les erreurs de Nestorius. Cet ouvrage etoit [h]abile ; on y voioit un abregé de la vie et des livres des Peres nettement et doctement dressé. C’est un bonheur qu’on ne l’arrete que quand il avoit passé les plus beaux siecles, il avoit deja franchi le sixieme, apres quoi il n’y auroit eu que des tems sauvages et pleins d’ignorance et de superstitions. Un Anglois nommé Cave a fait un in fol[io] en latin qui s’ap[p]roche assez du plan de Mr Du Pin, mais il est plus concis et embrasse moins de choses ; son ouvrage est intitulé Historia literaria scriptorum ecclesiasticorum [33] ; il ne l’a conduit que jusqu’au • 13 e siecle ; un autre • y a joint le • 14 e et le 15 e. On a reimprimé le tout à Geneve.

Notes :

[1Une seule lettre de Jean Bruguière de Naudis nous est parvenue : celle du 8 août 1697. On observe une situation semblable en ce qui concerne la correspondance de Bayle avec Gaston de Bruguière : aucune de ses lettres ne nous est parvenue. Il est possible que ces lettres aient été retirées de l’héritage par Naudis lui-même ou par son fils Charles, secrétaire de François d’Usson de Bonrepaux et héritier des papiers de Bayle.

[2La dernière lettre connue adressée par Bayle à Naudis est celle du 13 octobre 1692 (Lettre 893) : il semble donc bien que les lettres mentionnées ici ainsi que le billet envoyé par l’intermédiaire d’ Isaac Brassard, s’ils sont bien arrivés au Carla, ne nous soient pas parvenus.

[3Bayle avait certainement demandé des informations à Naudis pour un article du DHC – pour l’article « Auriège », par exemple ; en mai 1692 (Lettre 866), il avait sollicité des renseignements sur la montagne du Tabe et les avait reçus (Lettre 893, n.3) : il s’agit ici sans doute d’une demande semblable.

[4Naudis avait donc répondu à la question de Bayle concernant ses enfants dans sa lettre du 13 octobre 1692 (Lettre 893) ; les fils aînés de Naudis devaient poursuivre leurs études à Toulouse : voir Lettre 1089.

[5Le père de Naudis fut François Bruguière de Ros (mort en 1682), qui avait épousé, en 1643, Anne de Baluze, sœur d’ Etienne Baluze, bibliothécaire de Colbert et, depuis 1690, professeur au Collège royal.

[6Il s’agit apparemment de la ville de Toulouse et donc peut-être du collège des jésuites – l’ancien hôtel de Bernuy, l’actuel lycée Pierre de Fermat – que Bayle avait lui-même fréquenté en 1670.

[7Bayle avait donné autrefois le même conseil à son frère Joseph en 1676 et en 1677 : voir Lettres 126, p.353, 135, p.400, et 144, p.444 et 448.

[8Les actes du consistoire de l’Eglise wallonne de Rotterdam font mention de l’état d’extrême fatigue de Jurieu en janvier et février 1692 – voir H. Bost, Le Consistoire de l’Eglise wallonne de Rotterdam, p.136-137 –, de son départ pour prendre les eaux à Aix-la-Chapelle en mai et juin (p.143 et 146), de son « indisposition » et de son incapacité de se rendre au synode en raison de ses infirmités en août (p.149 et 153-154), de l’impossibilité dans laquelle, d’après sa femme, il se trouvait de parler (p.156-157).

[9Sur les conflits multiples de Pierre Jurieu avec Basnage de Beauval, Basnage de Flottemanville, Elie Saurin et Isaac Jaquelot, voir Lettres 893, n.8, et 898, n.3.

[10Il est régulièrement question du « different qu’il y a entre messieurs Pielat et Jurieu » depuis juillet 1691, et l’hostilité de ce dernier à l’égard de Basnage était antérieure à la nomination de celui-ci comme pasteur ordinaire de l’Eglise wallonne de Rotterdam en septembre 1692. Une réconcilation fut proposée par Basnage et Piélat en octobre 1692, mais Jurieu fit dire qu’il n’était pas en état de leur répondre. Le consistoire tenta à nouveau d’apaiser ces conflits fin janvier 1693 : ses efforts furent couronnés de succès en juin, mais le contentieux avec Basnage persista en dépit des engagements des deux pasteurs à maintenir la paix (voir Lettre 941 n.26). Voir H. Bost, Le Consistoire de l’Eglise wallonne de Rotterdam, p.118, 123, 138, 142-143, 146, 149-151, 156-157, 165, 176-179.

[11Sur le changement des rapports de force au sein du conseil municipal de Rotterdam, désormais favorable aux orangistes et très hostile aux républicains, anciens amis et alliés d’Adriaan Paets, voir Lettre 898, n.4. Bayle en avait pris toute la mesure mais, en vue de se défendre contre les attaques de Jurieu, il s’était adressé à Jacob van Zuylen van Nijevelt (Lettre 899), qui était précisément la créature de Guillaume d’Orange au sein du conseil.

[12Cette formule revient assez souvent sous la plume de Bayle ; elle a sans doute ici un sens assez banal ; Bayle précisera sa définition – anti-malebranchiste – dans sa lettre à Naudis du 8 septembre 1698, et elle figurera de nouveau dans le dernier billet qu’il adresse, peu de temps avant sa mort, fin décembre 1706, à André Terson. Le sens et le poids qu’il convient de prêter à cette formule font débat : voir A. McKenna, De Pascal à Voltaire, p.372-374 ; P. de Robert, « Le dernier mot de Bayle », in Le Rayonnement de Bayle, dir. P. de Robert avec la collaboration de C. Pailhès et de H. Bost, SVEC, 2010 : 06, p.249-257.

[13Bayle avait déjà signalé l’édition londonienne, parue fin 1692, de l’ouvrage de Jacques Abbadie intitulé Défense de la nation britannique, ou les droits de Dieu, de la nature, et de la société clairement établis au sujet de la révolution d’Angleterre, contre l’auteur de l’« Avis important aux réfugiés » (Londres 1692, 12°). La nouvelle édition venait de sortir (La Haye 1693, 12°) chez Abraham de Hondt. Le commentaire de Bayle est prudent. A la même époque, dans une lettre adressée à Janiçon, Basnage de Beauval est plus critique : « La reponse de Mr Abadie à l’ Avis aux réfugiés paroist ici. Elle ne remplit pas toute l’idée qu’on s’en estoit formée. J’y ay trouvé beaucoup d’assez beaux traits. Comme il a beaucoup d’elevation il auroit mieux fait de ne point s’abaisser à railler, cela est trop au dessous de son genie. Au fonds le livre presqu’entier roule sur les affaires d’Angleterre. Il fait l’apologie du changement qui y est arrivé. Il me semble qu’il a pris un party peu propre à bien repondre à l’ Avis aux refugiez, car il donne beaucoup au peuple contre l’autorité des roys et [ sic] qu’il rabaisse bien bas. Il n’a peut-estre pas tort, mais 1° c’est mal refuter l’ Avis aux refugiez, qui pour eloigner nostre retour en France nous reproche nos maximes republicaines. C’est confirmer son accusation et nous fermer la porte du royaume où ces maximes ne sont pas permises. 2° Nos ministres portoient autrefois si loin l’autorité des roys que c’est encore donner prise à l’ Avis aux refugiez, qui nous reproche nos contradictions là dessus. [...] » (éd. H. Bots et L. van Lieshout, p.31). Voir aussi le compte rendu dans l’ HOS, décembre 1692, p.175-189, dont le ton élogieux sera relevé par Bayle dans sa lettre à Silvestre du 24 mars (Lettre 917).

[14Sur Isaac Brassard, ancien ministre de Montauban, voir Lettre 745, n.3.

[15Sur Pierre Isarn de Capdeville , lui aussi ancien ministre de Montauban, devenu pasteur à Amsterdam en 1688, voir Lettres 106, n.6, 116, n.7, 134, n.24, 159, n.35, et 339, n.28.

[16Sur Elie Saurin et sur son conflit avec Jurieu, voir Lettres 865, n.15, et 898, n.3.

[18Pierre Isarn, Lud. Wolsogenii apologia parentalia, in qua responditur præfationi Melchioris Leidekeri de quæstionibus quibusdam gallicanis (Amstelodami 1692, 8°) : voir le compte rendu de ce texte dans les Acta eruditorum de mars 1694, p.116-117. Isarn reviendra sur la querelle avec Leidecker consécutive à son apologie de Louis Wolzogen dans la préface à la traduction française du traité de Witsius ( Recueil de quelques traités, p.239-241 et 286-296 : voir Lettre 1026, n.20).

[19Michel Bruguière de Cabanac, cousin de Bayle et de Naudis, s’était converti au catholicisme en 1678, à l’occasion de son mariage avec Marthe de Commenge, originaire de Saint-Ybars : voir C. Pailhès, «  Coexistence religieuse au XVII e siècle au sein des familles du Pays de Foix  », in C. Pailhès (dir.), Tolérance et solidarités dans les pays pyrénéens (Foix 2000), p.329.

[20Dans sa lettre du 22 mai 1692 (Lettre 865 : voir n.12 et 13), Bayle avait fait allusion à sa tentative d’obtenir, par l’intermédiaire de Falentin de La Rivière, le soutien d’ Elisabeth de Durfort (1632-1715), comtesse de Roye, pour son cousin Cabanac ; cependant, la comtesse étant alors malade, il comptait se tourner vers « M lle de Malauze » – Henriette de Bourbon-Malauze – afin d’obtenir une lettre de recommandation de la part de François V de La Rochefoucauld, comte de Roye et de Roucy.

[21Bayle songe peut-être à Gilbert Burnet, désormais évêque de Salisbury, à qui il avait déjà recommandé son cousin Jean de Bayze : voir Lettre 839, n.2 ; il se peut aussi qu’il s’agisse d’ Alexander Cunningham : voir Lettre 960, n.9.

[22Bruguière de Marracous est sans doute le frère aîné de Gaston de Bruguière, Charles, qui avait pris le nom de Bruguière de Ros après la mort de son père François en 1682 : voir Lettres 134, n.34, et 960, n.7.

[23En décembre 1692, Rheinfels à Saint-Goar avait été le seul château fort sur la rive gauche du Rhin à résister aux troupes françaises. Avec seulement quatre mille hommes, le comte de Görtz, général du landgrave Charles von Hessen-Kassel, défendit le château contre une armée de vingt-trois bataillons d’infanterie et de vingt escadrons de cavalerie, sous le commandement du maréchal Tallard, jusqu’à l’arrivée du landgrave avec le général duc Auguste von der Lippe. Cette résistance fut rendue possible par un système de fortifications particulièrement sophistiqué construit très en avant sur le flanc de la montagne. Les pertes des troupes françaises furent importantes ; elles se retirèrent le 2 janvier 1693. Voir la lettre de Leibniz au landgrave Ernest de Hesse-Rheinfels du 11/19 janvier 1693 : « Monseigneur, Si le siège de Rheinfels m’a donné de l’inquiétude, la levée de ce siège m’a donné de la joye pour toute sorte de raisons. Le succès est glorieux, particulièrement à V.A.S. Et si ce château n’avoit pas esté la résidence d’un prince, et d’un prince aussi prévoyant et esclairé qu’Elle, il se seroit perdu sans doute il y a long temps. cependant j’ay esté scandalisé de voir, que les gazettes n’ont presque point fait de mention de V.A.S., à laquelle on doit principalement apres Dieu la conservation de ce poste, car sans les fortifications et les bons ordres qu’Elle y a mis, Monseigneur le landgrave de Hesse-Cassel n’auroit rien trouvé à secourir. » ( Leibniz und Landgraf Ernst von Hessen-Rheinfels. Ein ungedruckter Briefwechsel über religiöse und politische Gegenstände, éd. C. von Rommel (Franfurt-am-Main 1847, 2 vol.), ii.462.

[24Nous n’avons aucune information sur M. Caüe, mais il a été question de Lavaur : c’était un élève proposant de l’académie de Puylaurens auquel Bayle donnait des répétitions en 1668-1669 : voir Lettre 144, n.17.

[25Nous n’avons pas trouvé trace de ce M. Celeriez de Puylaurens.

[26Bayle avait cependant reçu une lettre du jeune Pradals de Larbont, qui avait accompagné son oncle Bonrepaux à Copenhague : voir Lettre 909.

[27Voir la Gazette, nouvelle de Paris du 14 mars 1693 : « Le capitaine Jean Bart qui avoit conduit le comte d’Avaux et le sieur de Bonrepaux à Christien-sand en Norwege, revint le 6 de ce mois à Dunkerque. » Nous n’avons pu consulter les gazettes hollandaises à cette date.

[28Paul Pellisson-Fontanier était mort sans sacrements à Versailles le 7 février 1693 : voir Lettre 910, n.13.

[29Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, comtesse d’Aulnoy (1650-1705) avait publié plusieurs romans historiques tels que : Nouvelles d’Elisabeth, reine d’Angleterre (Paris 1674, 12°), Histoire d’Hippolyte, comte de Douglas (Paris 1690, 12°), Histoire de Jean de Bourbon, prince de Carency (Paris 1692, 12°) et les Mémoires des avantures singulières de la Cour de France (La Haye 1692, 12°) ; elle venait de publier les Nouvelles espagnoles (Paris 1692, 12°) et, chez Barbin à Paris, un Recueil des plus belles pièces des poètes françois tant anciens que modernes, avec l’histoire de leur vie (Paris 1692, 12°, 5 vol.).

[30Valentin-Esprit Fléchier, Histoire du cardinal Ximénès (Amsterdam 1693, 12°). Voir le commentaire de Le Clerc à Locke du 27 novembre 1694, dans une lettre qui accompagnait sa propre biographie du cardinal de Richelieu : « Il ne s’écrit presque point de livres aujourd’hui de cette manière. On pallie, ou l’on excuse tout dans ce que l’on aime, et l’on exagère excessivement les défauts de ceux que l’on hait. L’on fait un héros de celui, dont l’on écrit la vie, comme si faire un panégyrique et écrire l’histoire étoit la même chose. C’est ainsi qu’a fait l’évesque de Nîmes, dans la Vie du cardinal Ximénès, dont il fait un saint homme, malgré que l’on en ait. » (éd. E.S. de Beer, n° 1820).

[32Sur les difficultés de Louis Ellies du Pin avec Bossuet, voir Lettre 891, n.45.

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