[Gouda, le 4 septembre 1693]

 

Epitre dédicatoire de l’ouvrage de Théodore Jansson van Almeloveen, Syllabus plagiariorum, hac Iterata editione altera parte auctior. Accedit Henrici Sypesteinii de Plagiariis Epistola (Amstelædami, apud Janssonio-Waesbergios, 1694, 8°)

 

Aux hommes très éminents et très doctes, Pierre Bayle, très ingénieux professeur de philosophie à l’Ecole Illustre de Rotterdam et Johannes Deckherr [1], docteur en droit civil et droit des gens, avocat et procureur de la Chambre impériale de justice à Spire, Th. J. van Almeloveen présente ses meilleurs compliments.

Votre incroyable affection pour moi dont témoignent abondamment non seulement vos lettres privées mais celles, variées, qui sont publiées ; cette affection à laquelle j’étais redevable depuis longtemps demandait de ma part, hommes qui me sont si attachés, un témoignage de reconnaissance qui, pour être bien tardif, ne sera pas, je l’espère, moins bien venu ni moins acceptable. C’est ce Plagiariorum Syllabus, dans cette réédition deux fois plus longue, qui vous est offert et dédié par moi-même ; c’est vous avant tous autres que, vu l’importance de la matière qui nous avait été assignée autrefois, nous réclamons hautement comme patrons et protecteurs. C’est pourquoi, quand vous observerez mon petit ouvrage, dont je ne dis rien, ne le méprisez pas, je vous en prie, très nobles Messieurs, mais au contraire plus il est frêle, plus il faut le traiter avec soin et le protéger contre [ceux qui mordent avec] la dent de Théon [2], médisants, calomniateurs, grands ignorants, car il y en a beaucoup ; profitez de notre travail, quelle qu’en soit la qualité, jusqu’à ce que soient publiés les commentaires sur les plagiaires en préparation par des hommes très distingués, Colomesius [3], Placcius [4], Baillet [5], Christian Thomasius [6], ainsi que ceux promis par les très enthousiastes Gothofredus Thomasius [7] et Johannes Albertus Faber [8]. Mes meilleurs vœux et bon travail.

Donnée à Gouda en Batave, la veille des nones de septembre 1693

Notes :

[1Sur Johannes Deckherr, voir Lettres 492, n.4, 514, n.2, et 843, n.3.

[2Théon : grand médisant mentionné par Horace, Epîtres, i.XVIII.82.

[3Paul Colomiès, bibliothécaire de l’archevêque de Cantorbéry (voir Lettre 943, n.4), premier éditeur des Scaligeriana : voir Lettre 10, n.24 ; il s’agit ici sans doute de sa Bibliothèque choisie (La Rochelle 1682, 8°) : voir Lettre 1027, n.16.

[6Sur Christian Thomasius, voir Lettre 758, n.18 ; il s’agit ici d’un lapsus, car Almeloveen désigne très probablement la thèse soutenue en 1673 par Johann Michael Reinel sous la présidence de Jacob Thomasius, Dissertatio philosophica de Plagio litterario [...] (Leucopetræ et Jenæ [Leipzig] 1679, 4°) : voir Lettre 311, n.7, et 723, n.1.

[7Gottfried Thomasius, fils de Jacob et frère cadet de Christian. Nous n’avons su découvrir de quel ouvrage il pourrait s’agir ici. Quoique né dans une famille de juristes, Gottfried avait choisi de faire des études de médecine et accomplit sa peregrinatio academica en 1683 aux Pays-Bas et en Angleterre ; il acquit par la suite une certaine renommée dans le domaine de la médecine. Il fut aussi reconnu comme un bibliophile compétent et il est possible qu’il ait « promis » un ouvrage sur les plagiaires, mais nous n’avons trouvé aucune source permettant de confirmer la formule d’Almeloveen. Almeloveen le confond sans doute avec son père, Jacob, professeur de philosophie à Leipzig, qui avait fait publié la thèse Dissertatio philosophica : De Plagio litterario quam consentiente incluto philosophotum senatu in alma philurex sub præsidio M. Jacobi Thomassi ([Jena] 1678, 4°), ouvrage que Bayle avait emprunté à Grævius en 1689 (Lettre 723, n.1) et auquel il renvoie très souvent dans le DHC. Sur son fils Gottfried, voir M. Fleischmann, Christian Thomasius (Halle 1931), p.14 n.3 : « Ein Mann von Welt, der mit Gelehrten und Staatsmännern Beziehungen fürs Leben geknüpft hat. Der Katalog seiner nachgelassenen Bibliothek [...] füllt fünf starke Bände. »

[8Il s’agit sans doute d’une suite promise par Johann Albert Fabricius, à sa Decas decadum, sive plagiariorum et pseudonymorum centuria (Lipsiæ 1689, 4°) : voir E. Petersen, Intellectum liberare. Johann Albert Fabricius : en humanist i Europa (Kopenhagen 1998).

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