[Rotterdam, le 14 mai 1694]

Au très illustre et très érudit Monsieur le docteur Théodore Jansson Almeloveen Pierre Bayle adresse ses salutations

Voici, Homme très distingué et très ami, le traité de médecine [1] dont vous avez aidé la préparation pour l’impression avec une coopération à la fois très obligeante et très amicale. Un jeune homme genevois récemment venu ici de sa patrie me l’a porté avant-hier. J’envoie en même temps une lettre du très distingué monsieur Diodati, fils de l’auteur et médecin très célèbre dans son pays. J’aimerais, puisque vous ne dédaignez pas de faire l’obstétricien, que vous compariez à cette production littéraire le premier feuillet accompagnant cette lettre. Des deux côtés on semble faire exactement les mêmes demandes, sauf que maintenant au lieu de 80 exemplaires, on en voudrait seulement 60 et à la place des 20 qu’on ne prend pas, on préférerait certains autres livres qu’on indique. Eh bien, si l’imprimeur préfère abandonner les 80 exemplaires, cela dépendra de lui. Il est impossible d’exagérer combien vous seront obligés non seulement le très distingué Minutoli, très érudit professeur là-bas de langue grecque et de philosophie morale, et professeur en titre de l’Ecriture Sainte, mais le fils de l’auteur aussi, si vous voulez bien recommander à l’imprimeur ce volume manuscrit pour que l’édition soit nette et sans fautes et pour éviter de donner lieu à la procrastination habituelle et familière de ces hommes-là. Ils vous saluent, homme très docte, dont ils aiment l’érudition liée à une affabilité et à un caractère sincère et poli et les regardent avec admiration. Ils me déclarent bienheureux de jouïr de l’amitié d’un homme tel que vous. Ils recommandent bien cordialement cette entreprise en vous offrant tous les services que vous voudrez leur demander.

ll y aura une chose, d’ailleurs, que j’aurais voulu vous demander, si cela ne vous ennuie pas, très aimable Almeloveen. J’aimerais savoir l’année où Jodocus Badius Ascensius [2] est mort, s’il a laissé des fils qui étaient imprimeurs, si sa femme était fille d’un imprimeur, si elle a marié sa fille à un imprimeur, si Conrad Badius, l’imprimeur de Genève, était son fils. La Caille, si je m’en souviens bien, parle de ceux-ci. Mais son livre ne se trouve pas dans cette ville.

Pardonnez, s’il vous plaît, ces ennuyeuses questions et employez mes services partout où vous voudrez. Ayez une santé d’athlète et aimez-moi toujours, moi qui dépéris en votre absence.

Donnée à Rotterdam, la veille des Ides de mai, 1694.

Notes :

[1Bayle avait demandé à Almeloveen de servir d’intermédiaire pour faire imprimer cet ouvrage d’ Alexandre Dieudonné, dit Diodati : voir Lettre 896, n.4.

[2Ces questions visent à nourrir l’article « Badius (Jodocus, ou Josse) surnommé Ascensius », où, à la remarque I, Bayle revient sur les différents membres de la famille en citant l’ouvrage de Jean de La Caille, Histoire de l’imprimerie et de la librairie, où l’on voit son origine et son progrés, jusqu’en 1689 (Paris 1689, 4°) et celui d’ Almeloveen, De vitis Stephanorum, celebrium typographorum dissertatio espistolica (Amstelædami 1683, 8°), consacré à la famille des imprimeurs Estienne .

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