Lettre 951 : Pierre Bayle à Vincent Minutoli

Lettre pour servir d’apologie au livre intitulé,

« Pensées diverses écrites à un Docteur de Sorbonne,

à l’occasion de la comete qui parut au mois de decembre 1680 »

A M[onsieur] V[incent] M[inutoli]

 

A Rotterdam, le 5 e de novembre 1693

 

Depuis que vous avez sceu les démarches du consistoire flamand de Rotterdam contre mon livre des Cometes [1] ; que les membres de ce consistoire ne négligeoient rien pour me faire perdre ma place de professeur ; qu’ils pressoient instamment le magistrat de révoquer la permission qu’il m’avoit accordé d’enseigner ; qu’ils faisoient pour y réussir les sollicitations les plus vigoureuses ; et qu’ils ont enfin obtenu que cette permission me seroit otée avec les cinq cents francs qu’on me donnoit tous les ans. Depuis, dis-je, que vous avez sceu ces choses, / vous croiés que je dois justifier l’ouvrage que ce consistoire a censuré. Je ne suis point de votre avis, Monsieur. J’en serois si les opinions qu’on a censurées etoient tirées ou de mes leçons, ou des écrits que j’ai dictés ; mais il s’agit d’un livre imprimé l’an 1682, où je n’avance rien qui ne soit entouré de tant de preuves et de tant d’éclaircissemens, qu’il me suffit de renvoyer à mon livre meme ceux qui voudront éclaircir si j’ai tort ou si j’ai raison. Ils n’ont qu’à lire attentivement et sans préoccupation tout l’ouvrage. Il est le meme qu’il étoit pendant les neuf ans que le premier dénonciateur le laissa dans un plein repos, qu’il fut de mes amis comme à l’ordinaire, qu’il le louoit dans l’occasion, qu’il exhortoit les gens dans l’occasion à me donner pour disciples leurs enfans, que quelques-uns de mes écoliers avoient ap[p]ris de moi à repousser fortement les objections des impies. Enfin mon livre n’a point changé depuis l’accueil favorable que le public lui a fait et / auquel sans doute je dois imputer l’honneur que je reçus en 1684 d’étre ap[p]ellé pour professeur en philosophie dans l’academie de Franeker [2], l’une des plus florissantes qui soient aujourd’hui dans le monde. Je puis ajouter à tout cela que mon livre fut si gouté à La Haye, où se trouve toujours l’élite des plus habiles tetes du gouvernement, que plusieurs personnes de mérite souhaiterent de me connoitre, et me firent des honnêtetés* que la modestie ne me permet pas de particulariser. Un député de Groningue me fit l’honneur de me venir voir exprez pour pressentir si je serois homme à me détacher de mes habitudes et de mes amis d’ici, pour aller fonder un nouvel établissement à Groningue [3]. Il me fit entendre qu’il ne tiendroit qu’à moi d’y étre ap[p]ellé. Je puis dire encore que de tant de ministres refugiés qui me firent l’honneur de / me venir voir à leur arrivée dans ce pays en 1684 et 1685 il n’y en eut pas un qui ne débutât par me donner de l’encens sur mon livre des Cometes ; les uns se plaignoient de n’avoir pû le connoitre que de reputation / et se félicitoient d’étre dans un pays où ils le liroient tout à leur aise, les autres disoient qu’ils l’avaient lu avec plaisir et avec profit.

Je n’y ai rien changé, je n’ai rien ajoûté depuis ce tems-là. Pourquoi donc ne voudriez-vous pas que je m’en rap[p]ortasse au gout du public, sans me donner la peine d’entrer dans de nouvelles discussions ? Ce n’est pas que je n’aie bien des choses à ajouter à mon ouvrage, qui ne seroient peut-être pas indignes de la curiosité du lecteur. Je pourrois donner de nouvelles preuves, répondre à de nouvelles difficultés, montrer que beaucoup d’auteurs ont sup[p]osé les memes principes que moi, sans que jamais à cet égard on [ne] les ait accusé[s] d’hétérodoxie, lever tous les scrupules que les bonnes ames se peuvent faire pour ne connoître pas assez le fond des questions de metaphysique et de morale ; mais, Monsieur, cela ne presse pas ; il sera tems d’en parler, si jamais on fait une nouvelle édition de mes Cometes. La seconde édition [4] auroit peut-étre duré trop long tems pour l’interet du libraire, si l’on ne s’étoit avisé / de se plaindre au bout de neuf ans. Ces plaintes seront peut-étre cause que cette édition ne suffira pas. S’il arrive donc qu’on en fasse une troisiéme, ce qui est asses incertain, on l’augmentera de ce que je viens de vous dire. Ne soiez point en peine, je vous en conjure, sur mon chapitre. Les souverains sont bien les maitres de leurs charges et de leurs pensions, ils les donnent et les otent à qui bon leur semble, mais ils ne sont pas les maitres des opinions du public. Vous savez ce que Monsieur Despreaux remarque touchant Le Cid de Corneille [5]. Le public est une certaine chose qui ne change pas de sentimens à l’égard d’un livre selon qu’il plait à un consistoire. Cinq ou six ministres et autant d’anciens et de diacres ont beau déclarer qu’un livre est bon et orthodoxe, ou mauvais et héterodoxe, les connoisseurs en pensent tout ce qu’ils en pensoient auparavant. Soiez asseuré, Monsieur, que tous ceux qui étaient persuadés, il y a un an de l’orthodoxie du mien, le sont encore et le seront à l’avenir, et que ceux / qui ne le sont pas présentement, ne l’etoient pas il y a un an. Vous savez que l’on ne doit compter pour rien ceux qui ne jugent point par eux-memes, et qui s’en rap[p]ortent comme dans l’Eglise romaine à la foi de leur curé. Mais, direz-vous, une censure de consistoire est un prejugé contre votre ouvrage : il est vrai ; mais c’est un prejugé qui[,] auprés des connoisseurs[,] se réduit à l’autorité des quatre personnes qui ont fourni les extraits ; tous les autres membres du consistoire ont opiné sur ces extraits qu’il a fallu leur traduire d’une langue en une autre. Que deviendra donc cette censure si les extraits ne sont pas fideles ? Or ils peuvent ne l’étre pas, encore que les quatre commissaires ayent agi de bonne foi ; il n’est rien de plus difficile que de ne prendre pas le change dans les matiéres de cette nature. Ceux qui furent nommés pour examiner le livre de Jansenius en tirerent cinq propositions [6]. Ils étoient tous du métier, et il s’agissoit d’une chose qui selon toutes les apparences alloit étre d’un grand éclat, et fortement combat[t]uë. Il est donc probable qu’ils emploierent toute leur / industrie et tout leur esprit à extraire fidelement. Neanmoins on leur a soutenu et on leur soutient encore que les cinq propositions qu’ils produisent ne sont point dans le livre de Jansenius, et le pape meme dont l’autorité est si grande dans son Eglise n’a pu faire convenir les amis de Jansenius qu’elles y soient. Il y a tantôt 50 ans que ce procés dure.

Voilà, Monsieur, un grand préjugé que les quatre commissaires du consistoire flamand ont pu avec toutes leurs bonnes intentions se tromper au sens de quelques propositions d’un livre françois. Il y avait un bon moïen de faire cesser ce prejugé ; mais on ne s’en est pas servi. J’étois sur les lieux. Rien de plus facile que de savoir de moi si je reconoissois miennes les propositions qu’on avoit extraites de mon livre des Cometes, de m’entendre exposer mes sentimens, et après cela on n’aurait eu qu’à prononcer sur le droit ; la question de fait eut été vuidée ; présentement elle subsiste et forme un prejugé desavantageux aux censeurs, car on présume que s’ils n’avoient craint que je ne dissipasse par / mes éclaircissemens toutes leurs difficultés, ils auroient suivi la voie ordinaire qui est de ne pas condamner les gens sans les entendre.

Lorsque les censeurs d’un livre en connoissent l’auteur, une de leurs premiéres procedures, principalement s’il est sur les lieux, est de lui demander ce qu’il entend par telles et telles propositions, et s’il déclare qu’il ne les entend pas dans un sens heretique ou heterodoxe, on ne le condamne point lui, on se contente de déclarer qu’elles sont heretiques ou heterodoxes en un des sens qui n’est pas avoué par l’auteur : outre qu’on lui demande s’il persiste dans ses erreurs et s’il veut bien promettre de ne les pas enseigner etc. Vous savés comment on en a usé depuis peu en France envers M. Dupin [7] et avec un jesuite de Caen [8]. Les exemples empruntés des catholiques romains [sont] les plus propres qu’on puisse alleguer, parce qu’on est fort persuadé dans les pays protestans que la conduite de l’Eglise romaine est trop despotique et ap[p]roche trop de la tyrannie. Le consistoire flamand n’a rien observé de toutes les choses que j’ai marquées : s’il m’avoit ouï, il auroit ap[p]ris, I° que ma doctrine entenduë comme elle doit l’étre, / est très-orthodoxe. II° Que je la rejette et deteste dans tous les faux sens qu’on lui peut donner. III° Que je n’ai jamais enseigné à mes écoliers ce de quoi je traitte dans mon livre des Cometes, comme je le puis prouver par les ecrits que je leur ai dictés. IV° Que jamais mon intention ne seroit de les entretenir de semblables choses. V° Que j’étois prêt à embrasser les propositions contraires aux miennes, dès qu’on m’auroit montré qu’elles sont vraies. Vous voyez donc, Monsieur, que la voie du prejugé est moins à craindre pour moi que pour mes censeurs, veu principalement qu’il était de notoriété publique dans ce lieu, et qu’on avoit pu le lire dans le Second avis au petit auteur des petits livrets [9], que j’avois demandé avec instance que le consistoire wallon jugeat entre le premier dénonciateur et moi, et que j’avois fait là-dessus les avances les plus singulieres, sans avoir pû obtenir, à cause de son grand crédit dans ce consistoire, que la cause fut jugée. Il obtint par ce crédit qu’elle fut renvoyée au synode wallon où il n’en a plus parlé. Le consistoire flamand ne pouvoit pas ignorer cela, d’où vient donc qu’il / ne renvoye pas l’affaire à son tribunal naturel ? C’est que j’aurais pu y plaider ma cause, et y faire voir manifestement mon orthodoxie, et c’est ce qu’on ne vouloit pas, disent ici une infinité de gens.

Mais afin que vous ne puissiés pas vous plaindre que je n’ai aucune deference pour vos avis, je m’en vais me servir d’un expedient très-éf[f]icace pour mettre à couvert la reputation de ma doctrine. Je m’en vais publier dans cette lettre que je ne crois pas qu’il y ait aucun professeur de philosophie dans les Provinces-Unies, ni dans l’Angleterre qui croie I° Que les cometes soient une production miraculeuse de Dieu destinée à présager les jugemens terribles qu’il veut exercer sur les hommes. II° Qu’il est moins injurieux à Dieu de le prendre pour un etre tout couvert de vices et de crimes que d’ignorer son existence. III° Que l’on ne peut faire par temperament, ou par l’amour de la louange ou pour éviter l’infamie, plusieurs de ces actions qu’on appelle bonnes mœurs, encore qu’on ignore l’existence de Dieu. Si je me trompe, je sup[p]lie tous ceux qui croiront fausses, ou quelcune de ces propositions, ou toutes trois, de se declarer, / et d’ajouter de quel degré d’erreur ils les notent, si c’est d’héresie, d’impieté, ou de simple erreur tolerable dans un philosophe. S’ils condamnent la premiere de ces trois propositions, ils condamnent feu Monsieur Des Marais professeur en théologie à Groningue, l’un des plus ardens adversaires que toutes les sectes de Hollande ayent eprouvés [10] : ils condamnent aussi l’illustre Monsieur Grævius dont la harangue contre les presages des cometes a eté dediée aux Etats d’Utrecht [11]. S’ils condamnent la seconde, ils condamnent Arnobius et s[aint] Augustin [12]. S’ils condamnent la troisieme, ils accusent d’imposture ou de mensonge je ne sai combien de graves auteurs, aussi dignes de foi qu’aucun historien qui subsiste.

Vous savés bien pourquoi je vous articule ces trois propositions-là ; c’est qu’elles contiennent les pretendues héresies de mon livre des Cometes. Tout ce que j’y ai dit qui puisse choquer mes censeurs revient à ceci. I° Que ni les cometes, ni les inondations, ni les éclipses ni telles autres choses ne sont point des présages des fleaux que Dieu nous prépare. II° Que les abominations de l’idolatrie payenne sont pire[s] que l’atheisme. III° Qu’ignorer qu’il y ait un Dieu n’est pas une raison infaillible et necessaire de / toute sorte de déreiglement de mœurs ; mais seulement d’un plein abandon aux vices, où le temperament, la coutume, le gout du pays, et du siecle etc. portent les gens. Si ces trois propositions sont fausses, ce sont pour le moins de ces erreurs qu’il est permis de soutenir en philosophie, les propositions contraires ne sont point des articles de notre foi, ne sont point revelées dans l’Ecriture, et bien loin de pouvoir etre comptées pour des points fondamentaux de la religion reformée, elles n’ont aucune place dans les 40 articles de la confession de Geneve [13]. Les étrangers pourront-ils assez admirer qu’on ait fait en Hollande tant de bruit pour des opinions qui ne choquent aucun de ces 40 articles, car il n’y en a pas un seul où il soit dit, Nous croyons et confessons que Dieu a formé de tems en tems des cometes miraculeuses pour nous avertir des peines qu’il nous prépare. Nous croions et confessons qu’il vaut mieux adorer un chat, un choux, le pere de cent batards, et la mere de toutes les lubricités, que de n’adorer rien. Nous croions et confessons que dès qu’on ignore l’existence de Dieu, on est de toute / necessité sujet à toutes sortes de crimes, destitué de toute idée de louange et de blame, incapable de s’abstenir d’aucune mauvaise action, qu’on est yvrogne, goulu, larron, avare, cruel, assassin de quelque temperament que l’on soit. Non seulement ce ne sont point des articles de notre foi en autant de termes, mais je suis sûr qu’on ne me montrera rien d’equivalent dans les 40 articles. Or qui ne sait qu’au-delà de tous les articles qui composent la confession de foi d’une Eglise[,] il est permis de soutenir le pour et le contre dans les matiéres qui se présentent, et qu’on n’a nulle juste raison d’infliger des peines canoniques ni des peines civiles à celui qui erre là-dessus.

Mais je ne veux pas me contenter d’interpeller la foi des professeurs en philosophie, il faut de plus que je présente les trois propositions sur lesquelles je désire de savoir leur sentiment, et je les crois tous ou du moins la plupart de mon avis, il faut, dis-je, que je les présente à toutes les Académies de l’Europe. Je les sup[p]lie donc très-humblement de vouloir me tirer d’erreur en cas que je me trompe dans la ferme persuasion où / je suis, qu’il n’y en a point qui ayant assemblé les quatre facultés, et recueilli les suf[f]rages, condamne lesdites trois propositions, ou qui les condamne comme une doctrine pernicieuse et anti-chrétienne.

J’en suis si persuadé que si j’étois à Rome, j’entrerois de moi-méme dès demain dans les prisons de l’Inquisition, fort asseuré que ce tribunal redoutable me donneroit bientôt une pleine liberté sans nulle censure. Je ne crains d’étre condamné ni à Salamanque, ni a Complute, ni à Paris, et moins encore dans les universités protestantes ; car comme la troisieme de ces propositions est extremement opposée à l’héresie des pelagiens et des semipelagiens (voiés le 2 e Avis au petit auteur [14]), l’on pourrait avoir quelque inquietude de la part des scholastiques espagnols, mais ils n’oseroient anathématiser la 2 e, veu l’interet qu’y ont les anciens Peres. Si l’évenement est contre moi, j’avoue que je ne me fierai plus aux notions qui me paroitront les plus certaines.

Voilà Monsieur, ce qui me paroit beaucoup plus propre à vous tirer d’inquietude au sujet de l’orthodoxie de mes Cometes, qu’une apologie / dans les formes. Un consistoire flamand les a censurées. J’en ap[p]elle au public en général, aux professeurs en philosophie en particulier, et à toutes les universités, Academies, Ecoles Illustres, et autres communautés savantes repandues sur toute la face de la terre.

Je suis votre etc. •

Notes :

[1Sur ces événements, voir Lettre 950, n.3.

[2Sur cette invitation, que Bayle déclina, voir Lettres 274 et 276.

[3Cette formule reste trop vague pour être vérifiée ou précisée, car l’université de Groningue existait depuis 1619. Nous ne saurions identifier le « nouvel établissement » qu’on aurait projeté d’y créer.

[4Bayle, Lettre à M.L.A.D.C. Docteur de Sorbonne, où il est prouvé […] que les comètes ne sont point le présage d’aucun malheur […] (Cologne, P. Marteau, [Rotterdam, R. Leers] [mars] 1682, 12°) ; 2 e éd., Pensées diverses écrites à un Docteur de Sorbonne, à l’occasion de la comète qui parut au mois de décembre 1680 (Rotterdam [sept.] 1683, 12°) ; 3 e éd. (Paris 1699, 12°) ; 4 e éd. (Paris., 1704, 12°) ; Addition aux « Pensées diverses sur les comètes » (Rotterdam [mars] 1694, 12°) ; 2 e éd. (Rotterdam 1699, 12°).

[5Il s’agit sans doute des vers célèbres de la Satire IX de Boileau : « En vain contre le Cid un ministre se ligue, / Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue. / L’Académie en corps a beau le censurer, / Le public révolté s’obstine à l’admirer. » (éd. A. Adam et F. Escal, p.54).

[6Le 1 er juillet 1649, le syndic Nicolas Cornet demanda à la Sorbonne la censure explicite de sept propositions relevées dans des thèses de bacheliers, qui mettaient l’accent sur la grâce de Dieu en semblant sous-estimer ou ignorer le libre arbitre de l’homme. Sans se référer directement à l’ Augustinus de Jansénius ni à ceux qui le défendaient, le syndic mettait ainsi en cause les « jansénistes » de Port-Royal. Vers la fin de l’année 1650, Isaac Habert, évêque de Vabres, demanda à Innocent X un jugement sur les cinq premières propositions dénoncées par Nicolas Cornet. Il abandonnait la sixième et la septième : désormais les débats devaient porter sur les Cinq propositions. Le 10 juillet 1651, une supplique signée de onze évêques fut envoyée au pape pour défendre Jansénius et pour protester contre l’attribution à l’évêque d’Ypres des Cinq propositions formulées par Nicolas Cornet. Toute la défense des théologiens de Port-Royal allait se fonder par la suite sur la distinction entre le fait (la présence des cinq propositions dans le livre de Jansénius) et le droit (le bien-fondé de la condamnation de ces propositions par le pape). Voir Dictionnaire de Port-Royal, art. « Arnauld, Antoine » (art. de J. Lesaulnier).

[7Sur la censure de la Bibliothèque ecclésiastique de Louis Ellies Du Pin par Bossuet, voir Lettre 891, n.45.

[8Il s’agit probablement de la condamnation récente de la thèse d’un jésuite de Caen, dont on trouve la trace dans le recueil Extraits des assertions dangereuses et pernicieuses en tout genre que les soi-disans jésuites ont dans tous les temps et persévéramment, soutenues, enseignées et publiées dans leurs livres, avec l’approbation de leurs supérieurs et généraux [...] (Paris 1762, 4°), p.190-191 : « Thèse soutenue dans le collège royal de la Compagnie de Jésus, de la très-célèbre université de Caen, le vendredi 30 janvier 1693. Imprimée à Caen chez Jean Cavellier, imprimeur du roi et de l’université ».

[9Sur l’ouvrage polémique de Bayle, Nouvel avis au petit auteur des petits livrets (Amsterdam, 2 juin 1692, 12° ; OD, ii.796-813), voir Lettre 832, n.7. Sur Jean Robethon, voir aussi D.C.A. Agnew, Protestant exiles from France in the reign of Louis XIV ; or, the Huguenot refugees and their descendants in Great Britain and Ireland (London, Edinburgh 1871-1874 ; London 1886), ii.199-206.

[10De Samuel Des Marets (1599-1673), professeur de théologie à l’université de Groningue de 1642 à sa mort, Bayle dit qu’on ne saurait assez louer sa vigueur « contre les enthousiastes et contre les annonciateurs de grandes révolutions ». Il mentionne Comenius, Labadie et Serrarius parmi les théologiens millénaristes qu’il a combattus ( DHC, art. « Marets (Samuel des) », in corp.). En 1663, Pierre Serrurier (dit Serrarius) avait publié un livre où il affirmait que « la conjonction des planetes au signe du Sagittaire présageoit de grandes révolutions » (rem. L). Sur le millénarisme de Serrarius, voir E.G.E. van der Wall, « Petrus Serrarius et l’interprétation de l’Ecriture », Cahiers Spinoza, V (1985), p.187-217, et « The Amsterdam millenarian Petrus Serrarius (1600-1669) and the Anglo-Dutch circle of philo-Judaists in Jewish-Christian relations in the seventeenth century. Studies and documents », Archives internationales d’histoire des idées, 119 (1988), p.73-94.

[11En 1665, Grævius avait publié une conférence sur les comètes qui soulignait les dangers de la superstition populaire. Son ouvrage provoqua un scandale mais il tint ferme et en donna une deuxième édition et une traduction hollandaise : J.G. Grævius, Oratio de cometis, contra vulgi opinionem cometas esse malorum nuncios (Trajecti ad Rhenum 1665, 4° ; 2 e éd. Trajecti ad Rhenum 1681, 4°) ; Redenvoeringh ofte oratie vernietigende het gemeene gevoelen dat selve yets quaets aenkundigen (Trajecti ad Rhenum 1682, 8°). Voir E. Jorink, Het « Boeck der Natuere ». Nederlandse geleerden en de wonderen van Gods schepping, 1575-1715 (Leiden 2004), p.161-172. 

[12Dans les Pensées diverses, Bayle avait cité un passage « extrêmement judicieux » d’Arnobe à ce sujet : « Il y a longtemps (dit-il aux païens) qu’en faisant réflexion sur votre monstrueuse théologie, je m’étonne que vous osiez appeler athées, impies et sacrilèges, ceux qui nient absolument qu’il y ait des dieux, ou ceux qui en doutent, ou ceux qui soutiennent que les dieux ont été des hommes. Car si on examine bien la chose, il n’y a personne qui soit plus digne que vous de ces noms-là, puisque sous prétexte de les honorer, vous leur dites plus d’injures que vous ne feriez en faisant ouverte profession de les diffamer. Celui qui doute de l’existence des dieux ou qui la nie tout net semble à la vérité se jeter dans des sentiments d’une hardiesse et d’une énormité prodigieuse, mais il ne déchire qui que ce soit personnellement, il refuse seulement de croire ce qu’il ne comprend pas… Mais pour vous, etc. » (Arnobe, Contre les Gentils, V, 30). Il concluait : « Faites réflexion, je vous prie, que vous ne sauriez condamner mon docteur sans condamner un des Pères de l’Eglise. » ( PDC, 193).

[13Etonnant lapsus sous la plume de Bayle : il s’agit des quarante articles de la Confession de foi des Eglises réformées de France, dite Confession de foi de La Rochelle.

[14Voir ci-dessus, n.9. Dans les premières sections de cette réponse polémique, Bayle accuse Robethon de s’être laissé entraîner par les allégations mensongères de Jurieu dans sa Courte revue des maximes de morale et des principes de religion de l’auteur des « Pensées diverses [...] » et de la « Critique générale [...] » pour servir de factum aux juges ecclésiastiques, s’ils en veulent connoître (s.l. 1691, 4°).

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