[Gouda, le 1 er août 1696]

A Pierre Bayle, Rotterdam

Pardonnez, très indulgent ami, l’homme très occupé que je suis et souvent assez pressé, de ne répondre absolument rien à certaines choses ou de ne répondre que laconiquement à d’autres [1]. Il ne me reste qu’à vous remercier dans cette lettre pour l’envoi de la vraie lettre de Noris [2]. J’ai cru voir dans le fait que je ne m’en souvenais pas du tout une raison suffisante pour croire que je l’avais reçue et j’ai répondu dans ce sens au sujet du livre de Chevillier [3] : Chevillier rappelé reviendra, parce que je vous signalais que je vous transmettrais ce livre élégant dès que vous le rappelleriez puisqu’il est susceptible de me servir et qu’il n’y a pas mal de choses dans cet ouvrage que j’estime devoir être copiées. Pour ce qui concerne l’explication du mois d’ Agrianus et la réponse de l’éminent Drelincourt [4], j’ai voulu explorer tout cela en vous remerciant pour le grand effort que vous y aviez mis, tout en vous faisant part de ma conjecture, sans beaucoup de poids, je l’admets, sur laquelle j’attends votre jugement. Sachez donc, très cher Bayle, qu’il est vrai que j’ai reçu l’écrit de Chevillier [5] et la réponse de l’éminent Drelincourt et en raison de toutes ces choses j’aimerais que vous me croyiez des plus attachés et prêt à vous rendre ces documents si vous me le demandez. Quant à ce que je vous ai demandé au sujet de Bergier [6], je vous en resterai profondément reconnaissant.

Au revoir chère et aimable tête. Ma mère m’ordonne de vous saluer de sa part aussi bien que de la mienne. Votre toujours dévoué et affectueux
Almeloveen

Donnée à Gouda, le jour même des Calendes d’août 1696

Notes :

[1Almeloveen réplique à la lettre de Bayle de même date (Lettre 1144), qui répondait à celle du 30 juillet (Lettre 1141) : Bayle s’étonnait qu’Almeloveen ne mentionnât pas la lettre de Noris et peinait à comprendre sa formule « Chevillerius evocatus adcurret ».

[2Bayle s’était trompé de lettre lors de son premier envoi ; il venait d’envoyer une nouvelle fois la « vraie » lettre de Noris : voir Lettres 1109, n.21, et 1144, n.3.

[3Au sujet du livre d’ André Chevillier sur les origines de l’imprimerie à Paris, voir Lettre 1045, n.1. Almeloveen avait employé cette formule ambiguë : « Chevillerius evocatus adcurret » dans sa lettre du 30 juillet (Lettre 1141, n.5).

[4Bayle avait annoncé l’envoi de la réponse de Charles Drelincourt sur la définition du mois d’ Agrianus : voir Lettre 1136, n.8. La lettre de Drelincourt est perdue. Il devait mourir le 31 mai 1697.

[5Sur l’ouvrage de Chevillier, voir ci-dessus n.3. Bayle reviendra sur ce quiproquo dans sa lettre du 15 août (Lettre 1150).

[6Il s’agit toujours de la transmission des notes de Bergier sur son propre ouvrage à Henninius, afin que celui-ci puisse les joindre à sa traduction latine : voir Lettres 1031, n.9, 1105, n.32, et 1125, n.32.

Accueil| Contact | Plan du site | Se connecter | Mentions légales | icone statistiques visites | info visites 261768

Institut Cl. Logeon