Deux lettres autographes inédites de Pierre Bayle
Nous devons la découverte de ces deux lettres autographes inédites de Pierre Bayle à Volker Schröder, professeur émérite en littérature française et italienne à l’université de Princeton, que nous remercions chaleureusement de nous en avoir fourni des photographies.
Les deux lettres sont signalées comme perdues par Élisabeth Labrousse dans son Inventaire critique de la correspondance de Pierre Bayle, Paris, Vrin, 1961, sous les numéros 892 et 1297, et dans La Correspondance de Pierre Bayle, éd. sous la direction d’Élisabeth Labrousse et d’Antony McKenna, Oxford, Fondation Voltaire, 1999-2017, 15 vol., n° 949 et 1365 [1]. Nous les désignons selon la numérotation dans cette dernière édition.
La lettre du 21 octobre 1693 (Lettre 949) est signalée dans le Fichier Charavay et se trouve dans la collection d’autographes du comte Maurice Allard du Chollet (tome XVIII : BnF mss n.a.f. 24003). La collection du comte Maurice Allard du Chollet (1863-1937) a été déposée à la BNF en 1936.
La lettre du 2 juin 1698 (Lettre 1365) est aussi signalée dans le Fichier Charavay. Il semble qu’elle ait appartenu d’abord à Nicolas II, prince d’Esterházy (1765-1833) [2], ensuite à Louis-Philippe-Joseph Girod de Vienney, baron de Trémont (1779-1852), avant d’entrer dans la collection du comte Maurice Allard du Chollet.
Dans les deux lettres, nous saisissons sur le vif l’activité épistolaire de Bayle au sein de la République des Lettres : les lettres témoignent de ses contacts (directs ou indirects) avec Claude Nicaise, Gisbert Kuiper (Cuper), Johann Georg Graefe (Graevius), Daniel de Larroque, Jacques Du Rondel, Pierre Le Gouz, Bernard de La Monnoye, Johann Friedrich Mayer, Jacques-Gaspard Janisson du Marsin, l’abbé Jean Gallois, Jacob Le Duchat, le père Antoine Pagi. Il reçoit des nouvelles de toutes parts, il diffuse les informations qu’il a reçues concernant d’innombrables publications récentes, que ce soit sur la libre pensée (De tribus impostoribus, De imposturis religionum et les derniers écrits de Charles Blount) ou sur des questions d’histoire et d’érudition (les « nouveautez littéraires »). Les deux lettres sont donc d’excellents témoignages sur la vie de Bayle au cœur de la République des Lettres et sur l’intensité et la diversité de ses lectures [3].
Notes :
[1] Voir aussi https://bayle-correspondance.univ-st-etienne.fr/, édition électronique réalisée par Pierre Mounier dans le cadre de la DSI de l’Université Jean Monnet Saint-Etienne, à partir d’une édition électronique établie dans une base Arcane, conçue et réalisée par Eric-Olivier Lochard (Université de Montpellier 3) ; la base est désormais renouvelée et entretenue par Ahmad Fliti, ingénieur CNRS au LEM-CERCOR UMR 8584 - Université Jean Monnet Saint-Etienne, en collaboration avec Fabienne Vial-Bonacci, ingénieure de recherche CNRS dans l’équipe de l’IHRIM de Saint-Etienne.
[2] Sur sa collection, voir Nicolas II Esterházy,1765-1833. Un prince hongrois collectionneur, catalogue édité à l’occasion de l’exposition Nicolas II Esterházy,1765-1833 Un prince hongrois collectionneur présentée au musée du Château de Compiègne en 2008.
[3] Nous remercions Maria-Cristina Pitassi, Christine Jackson-Holzberg et Gianluca Mori de leurs remarques sur une première version de cette édition critique des deux lettres inédites.