Lettre 1188 : Michel Le Vassor à Pierre Bayle
J’ai présenté votre lettre, Monsieur, à Mylord Sunderland [1] qui l’a reçuë le plus obligeamment du monde et qui se trouve extremement honoré du present que vous lui faites. La premiere fois que j’aurai l’honneur de le voir, je lui insinuerai quelque chose de l’affaire que vous savez [2], et je ferai de mon mieux. Je suis faché de ce que vous n’avez pu rien faire pour M. Vaillant. Tout cela vient de la jalousie de Callouë [3]. L’expédient que vous proposez me paroit fort bon, et je vous en remercie de tout mon cœur. M. Vaillant l’accepte ; il vous dira ses intentions à la fin de cette lettre [4]. Je vous recommande encore ses interests[ ;] pour lui laisser de l’espace, je ne vous dirai rien de plus. J’espere que j’aurai l’honneur de vous écrire bientost par M. Coningham gentilhomme écossois qui va voiager avec le fils du comte d’Argile [5]. C’est un homme d’honneur et de merite. Il a deja eu l’honneur de vous voir, et il souhaite passionnement de s’entretenir avec vous. Il fera pourtant peu de sejour à Rot[t]erdam. Mes complimen[t]s à Mr Basnage, et je suis avec reconnoissance, Monsieur, votre tres humble et tres obeïssant serviteur
A Monsieur / Monsieur Bayle chez / Monsieur Leers march[an]t / Libraire à / Rotterdam •
Notes :
[1] La lettre d’accompagnement de Bayle, qui envoyait à Lord Sunderland un exemplaire du DHC, et la réponse de celui-ci sont perdues. Michel Le Vassor se présente ici comme l’intermédiaire principal, mais on constate que Matthew Prior revendique lui aussi ce rôle dans sa lettre du 28 novembre (Lettre 1181).
[2] Il s’agit sans doute de protéger Bayle au moyen d’une intervention de Lord Sunderland auprès des autorités politiques – du roi lui-même ou de Lord Portland – afin de « parer les coups qu’on voudroit [lui] porter par les Hollandois » : voir la lettre de Le Vassor du 20 novembre (Lettre 1177, n.9). Celui-ci avait déjà envisagé une intervention de Sir William Trumbull auprès de Jacques-Louis Cappel : voir Lettre 1177, n.8.
[4] La lettre de Bayle à Vaillant est perdue. Sur la solution trouvée par Bayle, qui devait envoyer six exemplaires du DHC directement au libraire Vaillant, malgré l’accord passé entre Leers et Cailloué, voir Lettre 1189.
[5] Bayle connaissait Alexandre Cunningham depuis quelque temps déjà : voir Lettres 481, n.6, 617, n.1, et 1420, n.3 ; celui-ci était aussi en contact avec Leibniz (éd. Gerhardt, iii.179, 185). Nous apprenons ici qu’il devait accompagner le fils d’ Archibald Campbell (1658-1703), 9 e