Lettre 1191 : Jean-Baptiste Dubos à Pierre Bayle
La lettre que je vous envoie Monsieur m’excusera suffisam[m]ent envers vous de vous envoier un si petit nombre de remarques apres vous avoir promis quelque chose de considerable, et de vous les avoir faict attendre si lon[g]temps. L’empressement que vous m’avé temoigné de les avoir [1] doit aussi faire excuser l’importunité de mes lettres. Me tenant donc pour disculpé, je n’ai rien à adjouter à l’incluse [2] que les tentatives inutiles que j’ay faites depuis six jours pour voir Dom Mabillon [3]. Je n’i ai pu parvenir parce qu’il est en retraitte jusques apres les festes. Vous n’ignoré pas ce que c’est que la retraitte dans les convents, je le verré aussitost qu’il en sera sorti et vous seré instruit des decouvertes que j’auré faites, si j’en fais.
Monsieur Pourchot [4] • dont nous avons parlé quelque fois sachant que je vous escrivois vient de m’envoier le memoire suivant : « On souhaitte scavoir d’où est tiré le passage grec de Diogene qui dit que les bestes n’ont ni intelligence ni sentiment cité par Monsieur Du Rondel dans sa lettre insérée dans l’article onze de la République des lettres au mois d’octobre 1684 [5]. » Un de mes amis m’a chargé de vous mander de la part de Mr Bernier de Blois que cet autheur craignoit fort la reimpression de son livre en Hollande [6], et que pour la prevenir il estoit prest d’envoier tel nombre d’exemplaires que l’on le jugeroit à propos.
Receuil historique de toutes les bulles, constitutions, decrets et brefs des papes donnez pour maintenir la pureté de la foy et de[s] mœurs depuis la naissance des nouvelles opinions c’est à dire depuis l’an 1567 jusques en 1690, in 8° pag[e] 347 : c’est le titre d’un livre que les jesuites avoient faict imprimer icy secretement [7] ; mais pour bonnes raisons Monsieur le chancelier a faict saisir l’edition entiere de maniere que peu d’exemplaires sont echap[p]ez.
Le quatrieme volume de l’ Histoire ec[c]lésiastique de Mr de Tillemont est en vente [8]. Vous connois[s]é le merite de l’autheur et la solidité de l’ouvrage. Ce volume est d’autant plus curieux qu’il contient l’histoire de l’etablissement du christianisme dans les Gaules, et celle des premiers evesques du païs. Voila un vaste champs de critique pour une homme de la lecture et du discernement de Mr de Tillemont.
Monsieur Gerbais, docteur en theologie et professeur au Collège royal vient de faire imprimer in 8° la traduction / du traitté de Panorme sur le concile de Basle [9]. Cet autheur a deja publié un traitté De Causis majoribus, mis à Rome dans l’indice [10]. Vous avé pu voir de lui, un autre ouvrage Des empechements dirimants du mariage où il a entrepris feu Mr de Launoy avec un acharnement dont • il auroit pu se repentir s’il l’eut osé du vivant de l’autre [11].
L’ abbé de Villiers vient aussi de publier deux nouveaux volumes Des defauts d’autrui, le 3 e et le 4 e [12][ ;] les raillieurs disent qu’il pour[r]oit faire plusieurs in folio sur les siens. Il est impossible que les premiers tomes de cet ouvrage vous soient inconnus et ceux ci sont du même genre.
Le 7 e et le 8 e volumes des Heresies de feu Mr de Varillas [13] paroistront dans peu et seront suivis de sont [ sic] Charles Quint [14].
Le Poete sans fard c’est le titre d’un receuil de poesies in 12 pag. 183. L’autheur l’ abbé Gacon [15] est un Lion[n]ois garcon d’esprit d’environ 30 ans qui feroit bien s’il ne se hastoit pas tant. Mais c’est le defaut de la nation de • precipiter ses productions. Ce livre contient des satires, des epistres, des epigrammes, des chansons et autres poesies dans le[s] quelles on voit quelque[s] traits d’un heureux naturel, qui reus[s]iroit s’il estoit cultivé et si l’on lui donnoit le loisir de • laisser meurir ses productions. Je suis sur la poesie de l’avis d’ Horace
Pompilii sanguis carmen reprehendite quod non
Multa dies, et multa litura cœrcuit etc [16].
Le Pere de Petit Didier vient de publier son troisieme volume de Remarques sur la « Bibliothèque ec[c]lesiastique » de Monsieur Dupin [17].
Mr Marsolier qui nous a donné une Histoire de l’Inquisition et une Histoire du cardinal Ximenes, nous va donner celle de Henri sept roy d’Angletterre [18]. C’est beaucoup oser après Bacon [19].
Il paroist deux volumes in 12 de l’ Histoire de Charles sept que l’on trouva assé bien escrits. On • en faict honneur à l’ abbé Genest [20]. Au reste il n’i a rien de nouveau et qui ne soit dans les autheurs precedents.
Diction[n]aire de droit [21], c’est un in-quarto dont le titre vous explique assé la nature.
• Je n’ai lu que depuis huit jours les Reflexions sur le bonheur et malheur en faict de lotteries [22] : ce petit escrit contient de bonnes choses ; mais on pour[r]oit dire de l’autheur saltat extra chorum [23]. p. 184 il dit que la reyne de Suede et le chanceli[er] Oxenstiern / en faisant Monsieur Grotius ambassadeur de la couron[n]e de Suede en France etc. Cela est si faux que un des premiers ordres que signa la reyne Christine fut le rappel de Mr Grotius [24].
J’oubliois de vous mander que l’ecriture des apostilles et des corrections est de Mr • Vinssenot [25] escrivain du cabinet du Roy. Il passe pour une des meilleures mains du royaume, où l’on se pique à present de bien • peindre. Je ne sçais si l’on a du goust pour ce talent en vos quartiers.
Le Pere Lami le bénédictin un de nos premiers philosophes vient de donner son livre contre Spinosa [26]. En voici le titre : Le Nouvel Atheisme renversé, ou refutation du systeme de Spinosa tirée pour la pluspart de la connoissance de la nature de l’homme, par un religieux benedictin de la congrégation de Sainct Maur in 12, pag[es] 540. Apres avoir donné l’idee du spinosisme p.91, il le refute en faisant voir • d’abord que la con[n]ois[s]ance de l’homme nous donne la connois[s]ance distincte de deux substance[s] reellement distingüées ; que ces substances estant incapables de se conserver[,] ne se sont pas donné l’etre, donc l’autheur de leur etre est un etre fort different d’elles. Le corps et l’esprit sont si differents que leur union qui est celle de substances naturel[l]ement inaliabl[es] ne peut estre l’ouvrage que d’un estre infiniment parfait, infiniment sage, et infiniment libre, et ainsi cette proposition
p.188. Apres cette premiere refutation suit celle des impossibilité[s] que Spinosa pretend trouver dans l’incarnation.
p.235 Et enfin sa refutation geometrique du meme systeme par propositions et par corollaires, par axiomes et par definitions.
p.421 commence un paralelle de la morale chretienne avec celle de Spinosa et p.454 celui du spinosisme et du cartisme où l’autheur repous[s]e vivement ceux qui accusent la philosophie de Monsieur Descartes d’avoir produit ce systeme extravagant. Vous scavé trop bien à qui il en veut pour vous l’ap[p]rendre. Le livre finit par l’extrait d’une lettre de Mr de Fenelon archeveque de Cambray sur la refutation du spinosisme. • Je ne scais si vos sentiments son[t] changé[s] là dessus, mais vous vous este[s] assé declaré dans la R[epublique] des let[t]res juin 1684 qu’une pareille refutation vous paroistroit contre la bonne politique [27], et je suis assé dans cette opinion. J’espere trouver quelque occasion d’ami pour vous faire present de ce livre qui ap[p]aram[m]ent ne se reimprimera pas sitost en vos quartiers et je seray ravis de scavoir les sentiments d’un con[n]ois[s]eur sur cet ouvrage qui fait icy du bruit. /
Nous soupirons encore apres vostre Diction[n]aire critique, si Mr Janisson se sert de l’adresse que je lui ai donné à Lisle, à Mr Gabriel Tiedké dans le marché à lins, pour faire tenir à Mr Danse [28], j’espere que nous serons contents dans peu. Je vous souhaitte beaucoup de santé et beaucoup de satisfaction dans le nouveau travail où vous vous engagé [29].
A Monsieur / Monsieur Bayle / à Rotterdam •
Notes :
[1] La dernière lettre de Bayle à Dubos qui nous soit connue est celle du 29 octobre 1696 ; une lettre doit s’être perdue, car il n’y est pas question de l’avidité de Bayle pour les nouvelles littéraires ni de renseignements à demander à Dom Mabillon.
[2] Dubos désigne ainsi, semble-t-il, la liste des « apostilles et corrections » écrite de la main de Vinssenot, secrétaire du roi, qui devait accompagner cette lettre et à laquelle Dubos fait allusion plus loin (voir ci-dessous, n.25). L’annotation d’A. Lombard est erronée sur ce point : il indique que Dubos envoyait à Bayle des mémoires sur Godefroy Hermant et sur l’ abbé Gendron, mémoires dont Bayle remercierait Dubos dans sa lettre du 13 décembre. Or, ces mémoires ne sont pas encore envoyés à cette date, comme l’indique précisément la formule de Bayle dans sa lettre du 13 décembre : « J’en ai retenu une copie [des annotations de Bergier communiquées par Oudinet], et je l’insererai à la suite de mon Dictionnaire. Je ferai la même chose à l’égard des mémoires que vous voudrez bien me communiquer de la vie de Mr Hermant, et de l’autre illustre de Beauvais [Gendron], dont vous me parlez. C’est m’obliger sensiblement que de me fournir de si bons matériaux. » Voir A. Lombard, La Correspondance de l’abbé Du Bos (1670-1742) (Paris 1913 ; Genève 1969), lettre n°30, p.21, n.1.
[3] Cette remarque est capitale puisqu’elle constitue un témoignage indubitable que Bayle s’intéressait aux travaux de Dom Mabillon, qui, à cette date, portaient sur la « diplomatique ». Bayle était déjà en relation indirecte avec Etienne Baluze (Lettres 933, n.7, 948, n.5, 1096, n.15, 1102, n.6, et 1208, n.1) et même directe (Lettre 1262, n.4). Ces contacts indiquent que, aux yeux de Bayle et de ses correspondants, la science de l’authentification des documents selon les règles de la diplomatique de Mabillon et de Baluze est un aspect de l’histoire savante et critique qu’ils pratiquent : il n’y aucune rupture épistémologique entre ces différentes disciplines historiographiques. Bayle et Mabillon participent à la même quête de la certitude historique : voir l’introduction au présent volume, H. Bost, « Bayle et Mabillon : histoire critique, histoire savante », in J. Leclant, A. Vauchez et D.-O. Hurel (dir.), Dom Jean Mabillon, figure majeure de l’Europe des lettres (Paris 2010), p. 361-371, et A. McKenna, « Les réseaux au service de l’érudition et l’érudition au service de la vérité de fait : le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle », La Lettre clandestine, 21 (2012), p.201-211.
[4] Edme Pourchot (1651-1734), professeur de philosophie au collège des Quatre Nations entre 1689 et 1703, syndic de la Sorbonne depuis 1694, devait introduire l’enseignement de l’hébreu au collège de Sainte-Barbe. Son Institutio philosophica ad faciliorem veterum ac recentiorum philosophorum lectionem comparata (Parisiis 1695, 12°, 4 vol.), où il tente d’ouvrir les horizons des scolastiques à la « nouvelle philosophie » cartésienne, connut de nombreuses éditions. Il figurait – avec Guillaume Dagoumer – parmi les « modernistes » de la Sorbonne, qui devaient l’emporter sur les philosophes scolastiques conservateurs tels que Laurent Duhan ; celui-ci s’opposait à Pourchot dans son Philosophus in utramque partem, sive selectæ et limatæ difficultates in utramque partem, cum responsionibus ad usum scholæ, circa celebres philosophiæ controversias (Paris, 1694, 12°). Voir le Dictionary of seventeenth-century French philosophers, s.v. (art. de P.R. Blum), et L.W.B. Brockliss, « Aristotle, Descartes and the new science : natural philosophy at the University of Paris, 1600-1740 », Annals of science, 38 (1981), p.33-69.
[5] Comme Bayle l’indique dans sa lettre du 13 décembre (Lettre 1194), il avait traité la question de Diogène et du sentiment des animaux, en tenant compte des remarques de Du Rondel , dans le DHC, art. « Pereira », rem. C. Il y ajoute un extrait d’une dissertation de Du Rondel et un nouvel éloge du savoir et de l’esprit subtil de son ami.
[6] Sur les inquiétudes de Jean Bernier, voir sa lettre du 3 décembre (Lettre 1187) et celle de Dubos du 10 août (Lettre 1148).
[7] Michel Le Tellier, S.J., Recueil historique de toutes les bulles, constitutions concernant les erreurs de ces deux derniers siècles, tant dans les matières de la foy que dans celle des mœurs (Mons 1697, 8°).
[8] Sébastien Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, justifiez par les citations des auteurs originaux (Paris 1693-1712, 4°, 16 vol.) ; le quatrème volume venait de sortir : Tome quatrième qui comprend l’histoire de s[aint] Cyprien et le reste du troisième siècle depuis l’an 253 (Paris 1696, 4°), publié par Charles Robustel.
[9] Jean Gerbais (1629-1699), docteur de Sorbonne depuis 1661, professeur au Collège royal, principal au collège de Reims en 1668, fut l’un des recteurs de la Sorbonne ; il s’agit ici de son Traité du célèbre Panorme touchant le concile de Basle mis en françois (Paris 1697, 8°).
[10] Les opinions gallicanes de Jean Gerbais lui valurent la condamnation de sa Dissertatio de causis majoribus ad caput concordatorum de causis (Lutetiæ Parisiorum 1679, 4°) par un bref du pape Innocent XI, le 18 décembre 1680 ; voir J.M. de Bujanda, Index librorum prohibitorum (Montréal, Genève 2002), p.378.
[11] Jean Gerbais, Traité pacifique du pouvoir de l’Eglise et des princes sur les empeschemens du mariage ; avec la pratique des empeschemens qui subsistent aujourd’hui (Paris 1689, 1690, 4°) ; une deuxième édition parut en 1696 à Paris. Les livres visés de Jean de Launoy s’intitulaient De sacramento unctionis infirmorum liber (Parisiis 1673, 8°) et Regia in matrimonium potestas, vel Tractatus de jure sæcularium principum christianorum in sanciendis impedimentis matrimonium dirimentibus (Paris 1674, 4°).
[12] Pierre de Villiers (1648-1728), Réflexions sur les défauts d’autruy (Paris 1690, 12°) ; Réflexions sur les défauts d’autruy, avec la suite (Paris 1694, 12°, 2 vol.) ; Traité de la satire, où l’on examine comment on doit reprendre son prochain et comment la satire peut servir à cet usage (Paris 1695, 12°) ; Dubos annonce ici les Nouvelles réflexions [...] sur les défauts d’autruy, et les fruits que chacun en peut retirer pour se conduire. Première [-seconde] partie (Paris 1697, 12°, 2 vol.), qui venaient de paraître chez Jacques Collombat.
[13] L’ouvrage d’ Antoine Varillas, Histoire des révolutions arrivées en Europe en matière de religion (Paris 1686-1690, 4°, 6 vol.) ne comporte que six volumes et la publication en était faite depuis plusieurs années ; Gilbert Burnet avait soulevé des objections au récit des deux premiers volumes (voir Lettre 632, n.1) et Varillas avait répondu : Response de M. Varillas à la critique de M. Burnet [...] (Paris 1687, 8°). Voir aussi l’article que Chauffepié consacre à Burnet, s.v. Nous n’avons su identifier l’ouvrage que Dubos désigne comme étant les « 7 e et le 8 e volumes des Heresies de feu Mr de Varillas ».
[14] Varillas avait déjà publié une Histoire de François I er, par le s[ieu]r de Varillas, à laquelle est jointe la comparaison de François I er avec Charles-Quint, par le même auteur (La Haye 1684, 12°, 2 vol.), qui avait connu et devait connaître encore plusieurs éditions. Avait également paru chez Barbin sa Pratique de l’éducation de Charles-Quint (Paris 1689, 12°, 2 vol.). Il s’agit peut-être ici de nouvelles éditions de ces ouvrages.
[15] François Gacon (1667-1725), Le Poète sans fard, ou discours satiriques en vers (Cologne 1697, 12°) ; une nouvelle édition devait paraître sous le titre : Le Poète sans fard, contenant satires, épîtres et épigrammes sur toutes sortes de sujets (Libreville 1698, 12°).
[16] Horace, Art poétique, vers 291-293 : Vos, ô / Pompilius sanguis, carmen reprehendite, quod non / Multa dies et multa litura cœrcuit [atque] : « Vous donc, nobles descendants de Numa, reprenez vos vers tant que vous n’aurez pas passé de longues journées à les châtier[...] ».
[17] Mathieu-Claude Petitdidier (1659-1728), bénédictin de Saint-Vanne, était prieur de Saint-Mihiel entre 1695 et 1700 et devait être élu abbé de Senones en 1715 : c’est dire qu’il était proche de Port-Royal. Il s’agit ici du troisième volume de ses Remarques sur la « Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques » de M. Dupin (Paris 1691-1696, 4°, 3 vol.). Dubos annoncera la défense des Lettres provinciales par Petitididier dans sa lettre du 1 er mars 1697 : voir Lettre 1227, n.8.
[18] Jacques Marsollier, Histoire de l’Inquisition et son origine (Cologne 1693, 12°) ; Histoire du ministère du cardinal Ximénez (Toulouse 1693, 12°) : sur ce dernier ouvrage, voir Lettre 930, n.7. Il s’agit ici de son Histoire de Henri VII, roi d’Angleterre (Paris 1697, 12°, 2 vol.).
[19] Allusion à Francis Bacon (1561-1626), Histoire du regne de Henry VII, roy d’Angleterre, traduicte de l’anglois (Paris 1627, 8°).
[20] Nicolas Baudot de Juilly (1678-1759), Histoire de Charles VII (Paris 1697, 12°, 2 vol.) : voir Lettre 1184, n.12. L’abbé Charles-Claude Genest (1639-1719), aumônier ordinaire de la duchesse d’Orléans, devait entrer à l’Académie française en 1698. Plusieurs ouvrages traitant de la vie de Charles VII avaient déjà paru, dont celui publié par François Eudes de Mézeray, Histoire de France depuis Faramond jusqu’à maintenant : œuvre enrichie de plusieurs belles et rares antiquitez et d’un abregé de la vie de chaque reyne [...] avec les portraits [...] le tout embelly d’un recueil necessaire des médailles qui ont esté fabriquées sous chaque regne, et de leur explication [...]. Où sont contenus les regnes de Charles VII, Louys XI, Charles VIII, Louys XII, François I, Henry II, François II et Charles IX (Paris 1646, folio), et celui de Denys Godefroy (1615-1681), Histoire de Charles VII par Jean Chartier, sous-chantre de Saint-Denys, Jacques Le Bouvier, dit Berry, roy d’armes, Mathieu De Coucy, et autres autheurs du temps, etc. mise en lumière et enrichie de plusieurs titres, mémoires, etc. (Paris 1661, folio).
[21] Pierre-Jacques Brillon (1671-1736), avocat au Parlement, Dictionnaire civil et canonique du droit françois, contenant les étimologies, définitions, divisions et principes du droit français conféré avec le droit romain, et de la pratique accommodée aux nouvelles ordonnances (Paris 1687, 4°), qui connut plusieurs éditions ultérieures.
[22] Jean Le Clerc, Réflexions sur ce que l’on appelle bonheur et malheur en matière de loteries et sur le bon usage qu’on en peut faire (Amsterdam 1696, 8°), qui furent suivies par l’ouvrage de son beau-père Gregorio Leti, Critique historique, politique, morale, economique, et comique sur les lotteries (Amsterdam 1697, 12°, 2 vol.).
[23] saltat extra chorum : littéralement « il danse en-dehors du chœur », ce qui se dit de quelqu’un qui change brusquement de sujet de conversation, qui « passe du coq à l’âne ».
[24] C’est en tant que remontrant exilé que Grotius servit comme ambassadeur de la Suède en France à partir de 1634. En janvier 1645, il fut invité par la reine Christine à la cour et à cette occasion il donna sa démission. Après un naufrage sur le voyage de retour en Allemagne, il mourut à Rostock le 28 août 1645. Voir H. Nellen, Hugo de Groot. Een leven in strijd om de vrede, 1583-1645 (Amsterdam 2007), p.580-592.
[25] Dubos avait apparemment obtenu de Vinssenot, copiste du roi, qu’il copie sa liste de corrections à faire dans le DHC pour la deuxième édition. Il ne s’agit pas des notes de Dubos sur l’ouvrage de Nicolas Bergier, puisqu’il les avait envoyées depuis quelque temps déjà à Bayle pour qu’il les fît suivre à Almeloveen et qu’elles fussent incluses dans la traduction de Henning : voir Lettre 1031, n.9, et 1168, n.9.
[26] François Lamy, Le Nouvel Atheisme renversé, ou refutation du systeme de Spinosa tirée pour la plupart de la connoissance de la nature de l’homme, par un religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur (Paris 1696, 12°). En 1686, Bayle avait été en correspondance avec l’auteur, qui lui avait envoyé une première version de son ouvrage De la connoissance de soi-même : voir Lettre 645, n.1.
[27] Voir, dans les NRL, juin 1684, art. VI, le compte rendu de l’ouvrage de Guillaume Seldenus, Otia theologica, sive Exercitationum subcisivarum varii argumenti, libri quatuor [ Recueil de diverses dissertations théologiques] (Amstelodami 1684, 4°) : « Il examine dans la seconde [dissertation], si Moïse est l’auteur du Pentateuque, et il soutient qu’oüi, et réfute les objections de Spinoza. Il trouve mauvais qu’on ait écrit depuis peu en flamand contre cet impie, parce, dit-il, qu’il est à craindre que la curiosité du peuple ne s’excite, si on ne tient pas ces disputes enveloppées dans une langue qu’il n’entende pas. Je croi que cet auteur a raison, principalement à l’égard des œuvres philosophiques de Spinoza. Plusieurs trouvent étrange que quelque habile homme ne les réfute pas solidement ; mais d’autres disent au contraire, qu’il vaut mieux n’y répondre point du tout en aucune langue. Car si un mal-habile homme s’en mêle, il n’entendra pas ce qu’il entreprendra de réfuter. Si un habile homme l’entreprend, il débroüillera un cahos où presque personne n’entend rien, et en le débroüillant il rendra cette doctrine plus dangereuse, parce que tous ceux qui ont l’impertinente vanité de vouloir passer pour spinozistes, quoiqu’il entendent aussi peu Spinoza que l’arabe, deviendront en effet ce qu’ils ne sont que de nom, si on leur rend ces impiétés moins mal-aisées à comprendre. Il faut donc les laisser dans des ténebres impénétrables, où leur auteur les a mises ; et ne leur chercher d’autre antidote que leur propre obscurité. »
[28] Dubos indique très clairement une voie de contrebande : il est donc parfaitement sûr que sa lettre ne sera pas interceptée par les autorités françaises.