Lettre 141 : Pierre Bayle à Vincent Minutoli
Je n’ai pu faire réponse autrement que par un billet à votre belle lettre du prémier d’avril [1], mon très cher Monsieur, à cause des fatigantes occupations où m’ont engagé pendant ces deux années, la multitude d’exercices qu’il m’a fallu faire à mes ecoliers, et la composition d’un cours. Me voici, par la grace de Dieu, delivré de cette facheuse* corvée. J’ai achevé mon cours [2] ; mes theses pour les maîtres-es-arts sont soutenuës. Enfin, je suis dans les vacances. La prémiere chose qui m’est venuë dans l’esprit, a été de vous écrire, mon cher Monsieur, et de vous avertir que je m’en vais vous accabler de lettres, qui vous feront peut-être présenter un placet à messieurs nos curateurs, tendant à m’obliger de recommencer un autre cours, à capite ad calcem, tant pour la composition, que pour le dictat [3]. /
Notre cher Mr Basnage m’a communiqué les vers latins et françois, dont vous avez honoré la memoire de Mr Roset [4]. Ils sont très beaux et ingenieux, selon votre louable coutume. Vous m’avez fait un singulier plaisir de me circonstancier l’avanture de Mr le burggrave [5]. Ces traits de hardiesse sentent son cœur ferme et intrepide ; ce qui est nécessaire dans les grandes maisons, où l’exercice des armes, et la recherche des occasions belliqueuses, est indispensable. Je ne sai quelles auront été les suites du facheux* demêlé, qui donna occasion à la saillie* de notre jeune gentilhomme : si vous les jugez dignes de remarque, vous m’obligerez beaucoup de me les faire savoir. Je n’ai apris qu’en deux mots la cérémonie de vos promotions ; le s[ieu]r Perou s’étant contenté de me marquer qu’on vous avoit ouï dire des choses très doctes et très curieuses concernant le mois de mai. J’en attens une plus ample relation par votre moien ; et, si je connoissois un copiste, je lui païerois bien sa peine, s’il pouvoit me procurer une copie de vos deux doctes harangues sur cette belle matiere [6].
Nous avons vu toute cette frontiere dans la consternation. Il y avoit long-tems que toute l’Europe étoit imbuë des armemens formidables de l’Empire. Les gazettes des ennemis publioient en toutes langues que l’armée du prince de Lorraine étoit de plus de soixante mille combattans ; qu’ils avoient juré la perte de la France ; qu’ils vouloient prendre des quartiers* d’hiver aux portes de Paris ; et porter par tout l’horreur et la desolation [7]. Toutes ces menaces avoient produit une extrême crainte ; de sorte que toutes les / campagnes ont été abandonnées, bourgs, chateaux, et villages. Chacun s’étoit sauvé dans les places fortes, avec ses meubles. Enfin, les ennemis arriverent à Mouson le 2 du courant, et n’y trouvant personne, firent passer quelques escadrons à gué, et dresser des ponts. On s’imaginoit que toute leur armée passeroit la Meuse ; mais, ils n’ont eu garde ; ils ont séjourné à Mouson, jusques au 14, s’étendant jusques à deux petites lieuës de Sedan, et ont beaucoup souffert, tant à cause des pluies qui rendoient le blé, assez verd de lui-même encore, mal propre à souffrir la meule, que parce que l’armée de Mr de Crequi, les païsans, et les partis de nos places, en tuoient beaucoup : ce qui fit faire deffense de s’éloigner du camp. Enfin, ils sont retournez dans le Luxembourg, sans avoir rien entrepris, sans avoir même osé faire des courses* en Champagne ; quoi qu’ils eussent des guez et des ponts sur la Meuse, autant qu’ils en vouloient. Toutes leurs proüesses consistent à avoir brulé quinze ou seize villages autour de Mouson, et de Carignan. Par bonheur pour eux, Mr de Crequi, qui souhaitoit passionnément qu’ils passassent en Champagne, et qui, pour les y engager, ne gardoit aucun poste de l’autre coté de la riviere, reçut ordre de la Cour de passer du côté de France ; dont il enrageoit : car, il les attendoit au decamper* ; et s’étoit posté si avantageusement, qu’ils n’auroient su faire aucun mouvement, sans que notre armée fut tombée sur eux. Alors, voiant la riviere entre eux, et Mr de Crequi, ils decamperent* tout à leur aise, et nos païsans et campagnards retournerent chacun chez soi [8]. Les menaces et les preparatifs du coté / de Flandres n’ont pas été moindres ; cependant, cela n’a abouti qu’à faire des lignes de circonvallation, et à les abandonner tout aussi tot [9].
Il y a peu de jours qu’un mylord anglois, passant de l’armée de Mr de Crequi à celle de Mr de Luxembourg, pour saluer le duc de Montmouth, disoit ici pis que pendre des alliez [10]. Il disoit que Mr le prince d’Orange pouvoit se vanter d’une chose qu’autre que lui n’avoit peut-être jamais pu dire ; c’est qu’« il n’y a point de général, qui, à son âge, ait levé plus de sieges, ni perdu plus de batailles, que lui. » Il ajoutoit que les armées ennemies songeoient dejà aux quartiers* d’hiver, et avoient envoié leurs commissaires des vivres, pour remplir les magazins* ; mais, qu’il ne voioit que deux personnes qui pussent s’en promettre de bons, savoir Mr le prince d’Orange à La Haie, et le prince Charles à Vienne [11] ; que pour l’armée de l’ Empereur, elle courroit risque d’en avoir de mechans ; parce que l’Empereur veut conserver son païs, et que les Cercles* sont resolus de ne point se ruiner tous les hivers, pour des troupes, qui ne font rien l’eté, que des conquêtes de gazette, ou plutot en idée [12].
Avec tout cela, il faut faire justice aux généraux des confederez : ils ne manquent ni de zêle, ni de prudence, ni de conduite : le mal pour eux est de n’avoir pas des armées aussi fortes qu’ils les publient. Car, après tout, pourquoi s’étonner que le prince de Lorraine n’ait formé aucun siege, lui, qui n’avoit qu’environ quarante mille hommes, et qui se voioit obsédé d’une armée de trente-cinq mille hommes effectifs, les meilleures troupes du monde, sous / les ordres de Mr de Crequi, dont l’activité est extrême, et qui ne leur a laissé faire aucune fausse demarche impunement ? Pourquoi s’étonner que Mr le prince d’Orange ait levé le siege de Charleroi ; puis que, non seulement il attaquoit une place très forte, dont la garnison étoit nombreuse et animée du courage d’un gouverneur, qui est un foudre de guerre ; mais, qu’il faisoit cela en presence d’une armée, qui, après avoir ruiné tous ses convois, l’auroit forcée dans ses lignes ; étant aussi nombreuse que la sienne [13]. On est très faché* à la Cour de la levée de ce siege ; car, on esperoit qu’il s’y acharneroit, et qu’il y perdroit la meilleure partie de ses troupes. S’il y a dequoi s’étonner, c’est que le Roi de France seul, après avoir fait trois sieges au cœur de l’hiver, pris autant de places, donné une bataille, mis de bonnes garnisons en une infinité de places [14], mette des armées en campagne, si grandes qu’il est impossible de rien entreprendre en leur presence. C’est ce que le prince de Lorraine avoua qui le passoit, au capitaine des gardes de Mr de Crequi, qui étoit passé dans son camp, pour porter au marquis de Grana une epée de quinze cents louïs, dont Mr le duc lui faisoit présent [15].
On dit qu’il y a beaucoup d’aparence* que la paix se fera, et que les ennemis voudront prévenir les coups que le Roi leur livre dès le printems ; puis qu’aussi bien, ils ne peuvent pas les réparer l’eté. Or, il est sur que le Roi commence dejà ses magazins pour le mois de mars prochain, afin d’aller faire quelque siege d’importance, comme vous diriez Namur, Mons, etc. Mr le prince d’Orange a pris Binch pour la / troisieme fois ; ce qui n’étoit pas fort difficile [16].
Voici des vers sur quelques fontaines de Paris [17].
Sur la pompe du pont Notre-Dame.
Tardat præcipites ambitiosus aquas.
Captus amore loci, cursum obliviscitur, anceps
Quò fluat, et dulces nectit in urbe moras.
Hinc varios implens fluctu subeunte canales
Fons fieri gaudet, qui modò flumen erat
[18]
Pour la fontaine du college des quatre nations, vis à vis le Louvre.
Cùm premerent densæ pigra fluenta rates.
Ingentem Luparam nec jam aspectare potestas
Mirandum augusti regis et artis opus.
Huc alacres, rex ipse vocat, succedite nymphæ,
Hinc Lupara adverso littore tota patet
[19]
Imitation de ces derniers vers.
Sous le poids des bateaux qui cachent votre lit,
Et qui ne vous laissoient entrevoir qu’avec peine
Ce chef-d’œuvre étonnant dont Paris s’embellit,
Dont la France s’enorgueillit. /
Par une route aisée, aussi bien qu’imprevuë,
Plus haut que le rivage un roi vous fait monter ;
Qu’avez-vous plus à souhaiter ?
Nymphes, ouvrez les yeux ; tout le Louvre est en vuë
[20]
Mr Jurieu vient de faire imprimer un traité de la jurisdiction ecclesiastique, qui est très original sur une matiere cent fois rebattuë [21]. J’ai lu un traité des Intrigues de la cour de Rome sous le dernier regne, où on mal-traite fort le cardinal Altieri [22]. J’ai ouï dire que votre Mr Leti veut faire l’histoire du nepotisme de ce cardinal. Nous avions vu auparavant une Idée du conclave, qui est une petite satyre fort agréable contre l’esprit de la cour de Rome [23]. Le livre de Mr Huet, sous-précepteur de Mr le Dauphin, de La Vérité de la religion chrétienne [24], est fort nouveau, et je l’ai ouï fort / estimer ; beaucoup plus que celui que le marquis de Pianezze a composé sous le même titre, et que le P[ere] Bouhours a traduit d’italien en françois [25]. Je ne sai si vous avez vu un livre de Mr de Wicquefort, intitulé Mémoires des ambassadeurs [26]. Il pretend justifier sa conduite, et allegue pour cela quantité de faits fort curieux et instructifs. Je suis tout à vous. Ecrivez-moi au plutot
Notes :
[1] Cette lettre ne nous est pas parvenue.
[2] Sur le cours de philosophie de Bayle, voir Lettre 137, n.3.
[3] « du début à la fin ». Le dictat : le professeur dictait son cours à ses auditeurs.
[4] Il s’agit ici, très probablement, de Marc Roset, né en 1649 et mort, lors d’une députation à Paris, le avril 1677. Il avait été élu conseiller en 1649 et syndic en 1659. Il fut enterré à Paris avec tous les honneurs dus à son rang : voir J.-A. Galiffe, Notices généalogiques sur les familles genevoises depuis les premiers temps jusqu’à nos jours (Genève 1829), i.351.
[5] Le burgrave est le fils aîné du comte de Dohna, qui servait soit dans l’armée brandebourgeoise, soit dans l’armée hollandaise.
[7] Les gazettes des ennemis sont évidemment les gazettes hollandaises et allemandes…
[8] La prise de Mousson par les alliés date du 2 août 1677 : voir les ordinaires de la Gazette, n° 73, nouvelle de Stenay du 3 août, n° 75, nouvelle de Verdun du 8 août, et n° 79, nouvelle de Metz du 24 août 1677. Il s’agit de Mousson en Lorraine, non loin de Pont-à-Mousson (actuellement Meurthe et Moselle, au nord de Nancy).
[9] Pour les nouvelles du côté de Flandres, voir l’ordinaire de la Gazette n° 75, nouvelle de Verdun du 8 août et de Charleville du 9 août 1677
[10] Monmouth, c’est-à-dire, James Scott (1649-1685), duc de Monmouth et Buccleuch, fils naturel de Charles II Stuart, avait assumé le commandement de l’armée britannique en 1670 et, en 1672, avait conduit, sous les yeux de Turenne et de Louis XIV, l’offensive britannique contre les forces hollandaises ; en 1673, il avait pris une part active au siège de Maastricht. Par la suite, en 1678, il devint l’allié du prince d’Orange et tenta de protéger Ostende contre les forces françaises et de lever le siège de Mons à la veille de la paix de Nimègue. L’allusion de Bayle à la date du 29 août 1677 semble impliquer que Monmouth servait alors dans l’armée de Luxembourg : voir l’ordinaire de la Gazette, n° 79, nouvelle de Charleville du 25 août 1677.
[11] De bons quartiers d’hiver, à savoir bien à l’arrière : le prince d’Orange s’abrite à La Haye et Charles de Lorraine, le général impérial, à Vienne.
[12] Rappelons que les Cercles étaient les divisions territoriales et politiques de l’Empire, toujours assez récalcitrantes lors qu’il s’agissait de payer de troupes pour l’empereur (voir Lettre 127, n.3).
[13] Sur la levée du siège de Charleroi, voir l’ordinaire de la Gazette, n° 77, nouvelle de Philippeville du 18 août 1677, et l’extraordinaire n° 82 du 14 septembre 1677 : « La levée du siège de Charleroy par le prince d’Orange ». Charles de Montsaulnin, comte de Montal (1621- ?), gouverna cette place depuis 1667 jusqu’à la paix qui la rendit aux Espagnols.
[14] Allusion aux sièges de Valenciennes (mars 1677), de Cambrai (avril 1677) et de Saint-Omer (avril 1677), ainsi qu’à la victoire remportée par Monsieur sur le duc d’Orange au Mont-Cassel (avril 1677).
[15] On passait d’un camp à l’autre avec des sauf-conduits ; le marquis de Grana, à qui le fils du Grand Condé fait cadeau d’une épée ouvragée, combattait contre la France. Sur les mouvements du maréchal de Créqui à cette époque, voir l’ordinaire de la Gazette, n° 77, nouvelle de Metz du 16 août 1677.
[16] Sur la prise de Binch, voir l’ordinaire de la Gazette, n° 79, nouvelles de Charleville du 25 août et de Paris du 28 août 1677, confirmées par l’ordinaire n° 81, nouvelle de Charleville du septembre 1677.
[17] Les trois années précédentes ayant été d’une sécheresse exceptionnelle, on se mit d’accord en 1670 pour faire construire deux machines dans les petit et grand « moulins » du Pont Notre-Dame : de cette façon seraient alimentées les nouvelles fontaines, dont celle du collège des Quatre-Nations. A l’occasion de la mise en marche de ces fontaines, qui ne semble pas avoir eu lieu avant 1675, Jean-Baptiste Santeuil (ou Santeul) composa plusieurs poèmes latins, dont neuf en un in-folio, s.l.n.d., de 4 pages sous le titre : Au Roy touchant les fontaines tirées de la Seine. Ces poèmes furent réimprimés dans Jean Baptistæ Santolini Victorini Opera poetica (Parisiis 1694, 12°), et dans les éditions augmentées de 1698 et 1729.
[18] Jean-Baptiste Santeuil, Sur la Pompe du Pont Notre Dame. « Dès que la Seine aborde la ville reine, sinueuse elle modère l’impétuosité de ses eaux. Séduite par l’amour des lieux, elle oublie sa route, incertaine où couler, et ménage de douces méandres dans la ville. D’où, remplissant des canaux divers de son flot jaillissant, elle qui naguère était fleuve se réjouit de devenir fontaine. »
[19] Pour la Fontaine du college des Quatre-Nations, vis-à-vis le Louvre. « Les Nymphes de la Seine pleuraient au fond de la rivière / Quand les bateaux serrés pressaient les calmes eaux / Elles ne pouvaient pas encore voir le Grand Louvre / œuvre remarquable de l’art et du roi auguste / Venez vite, Nymphes, le Roi lui-même vous appelle / D’ici le Louvre apparaît tout entier sur la rive d’en face. » Ces vers aussi sont de Santeuil. Dans l’édition de 1698, i.344, le 4 e vers est changé : Tarpeii cedat cui domus alta Jovis : « auquel la haute demeure de Jupiter tarpéien céderait la prééminence ». Au 3 e vers, Prosper Marchand substitue potestas à potestis dans son édition de la lettre de Bayle.
[20] Cette imitation est de Pierre Corneille, qui en a fait une autre du poème de Santeuil Sur la Pompe du Pont Notre Dame. Ces deux imitations figurent à la suite des originaux latins dans les éditions de ceux-ci. Voir Corneille, Œuvres complètes, éd. G. Couton (Paris 1980-1987, 3 vol.), iii.1237, et notes p.1672-1673.
[21] Il s’agit de l’ouvrage de Jurieu, Traité de la puissance de l’Eglise [...], qui fut composé comme réponse, non seulement à Maimbourg, Traité de la vraie Eglise de Jésus-Christ, pour ramener les enfants égarez à leur mère (Paris 1671, 2°), et à Bossuet dont l’ Exposition de la doctrine de l’Eglise catholique (Paris 1671, 1673, 12°) avait connu un grand succès, mais aussi à l’ouvrage de Louis Du Moulin, Fasciculus epistolarum latine et gallice in quibus Ludovicus Molinæus satisfacere conatur celeberrimo theologo d o Johanni Claudio super nonnullis quæ imprimis ventilantur in Epistola ad clarissimum virum Petrum Mussardum (Eleutheropoli 1676, 12°). Louis Du Moulin devait lui répliquer par deux fois : voir E. Kappler, Bibliographie de Jurieu, section 71.
[22] Sur cet ouvrage de l’ abbé Pageau, voir Lettre 133, n.31.
[23] Bayle avait déjà mentionné, mais sans en connaître l’auteur, L’Idée du conclave (voir Lettre 133, n.32) ; maintenant, il a eu vent d’un livre de Leti hostile au népotisme du cardinal Altieri, sans faire le rapport avec le livre précédent : or, il s’agit très probablement du même ouvrage : L’Idée du conclave présent de 1676, ou le pronostique du pape futur, avec des réflexions sur la cour de Rome, durant le siège vacant, par un abbé romain (Amsterdam 1676, 12°), où la faction du cardinal Altieri est évoquée, p.79. Il ne s’agit pas ici, comme on aurait pu s’y attendre, d’un autre ouvrage de Leti, Il Nipostismo di Roma (s.l. 1667, 32°), traduit en français sous le titre Le Népotisme de Rome, ou relation des raisons qui portent les papes à agrandir leurs neveus, du bien et du mal qu’ils ont causé à l’Eglise depuis Sixte IV jusqu’à maintenant […] et d’où vient que les familles des papes n’ont pas pu subsister longtemps avec éclat (s.l. 1669, 12°, 2 vol.), où il n’est pas question du cardinal Altieri.
[24] A la date de cette lettre (août 1677), la Demonstratio evangelica de Pierre-Daniel Huet n’avait pas encore paru, mais elle attendait chez l’imprimeur depuis fin 1676 ; elle ne devait paraître qu’en 1679. C’est cette longue attente qui devait susciter la polémique de Huet avec Filleau de La Chaise, qu’il accusait de plagiat : voir A. McKenna, De Pascal à Voltaire, p.323-327. La remarque de Bayle semble confirmer que le texte de Huet était connu bien avant sa publication. Quant à la nouveauté de l’ouvrage, rappelons le commentaire de Jean Racine : « Te cum tua Monstratione magnus perdat Jupiter (que le grand Jupiter t’anéantisse avec ta Démonstration) » ( Racine, Œuvres complètes, éd. P. Mesnard, i.68-69).
[25] La Vérité de la religion chrétienne. De l’italien de M. le marquis de Pianesse (Paris 1672, 12°), traduit par le P. Bouhours. Pianezze était le ministre du duc de Savoie, comme Bayle le dira plus tard (voir Lettre 143, p.440). Aucun compte rendu de la traduction par Bouhours ne parut à cette date, et on comprend mal pourquoi Bayle évoque soudain cet ouvrage : sa source est sans doute orale.
[26] Sur ce livre de Wicquefort, voir Lettre 136, n.11.