Lettre 526 : Pierre Rainssant à Pierre Bayle
[1]
J’ay trouvé, Monsieur, les trois volumes de chronologie du Pere fueilland [2]. Ils sont en grand papier, et bien reliéz. Ils ont cousté trois louis d’or. Il ne sera pas besoin que vous m’en rendiez l’argent. Ce sera pour des livres que vous m’envoyerez à mesure que vous en trouverez. Mandez* moy je vous prie, si vous avez receu de Mons r
J’ay eu l’honneur d’entretenir le Roy plus / de 24 heures depuis 15 jours sur les medailles antiques et modernes. J’ay ordre de luy mettre à part ce qu’il a de plus rare, • d’y joindre ses belles agathes [11], et de faire des explications du tout. Le Roy veut se divertir à cela et ce divertissement est digne du Roy. Monsieur Pelisson me fait sçavoir presentement, que s’il estoit plus facile de faire venir ses livres à S[ain]t-Valery qu’à Rouën ; on pour[r]oit les addresser à Monsieur de Morangis, maitre des requestes et intendant de la generalité de Caën (et au bas) à S[ain]t-Valery ; au lieu de les addresser à Monsieur de Marillac, intendant de Rouën, à qui il avoit prié Mr Des Bordes de les addresser [12]. Je suis à vous de tout mon cœur.
Je donneray les livres du fueilland à qui me les demandera de vostre part.
A Monsieur/ Monsieur Des Bordes, mar/ chand libraire, pour faire/ tenir à Monsieur Baile./ A Amsterdam.
Notes :
[1] L’année est déterminée par l’allusion à la même affaire que les Lettres 508 de Rainssant et 518 de d’Alence, qui annonçaient l’envoi d’une médaille à Bayle ; par la présente lettre, Rainssant demande si elle est parvenue à Rotterdam.
[2] Pierre Guillebaud, en religion le Père de Saint-Romuald, Trésor chronologique et historique contenant ce qui s’est passé de plus remarquable et curieux dans l’état tant sacré que profane, depuis le commencement du monde jusqu’à la naissance de Jésus-Christ (Paris 1642-1647, folio, 3 vol.). Sur cet ouvrage, voir aussi Lettre 549, n.14.
[3] Il ne s’agit pas ici de la médaille envoyée à Bayle par Denis Talon (sur laquelle, voir Lettre 422, n.3), mais d’un cadeau de Rainssant lui-même, comme il le précise un peu plus loin (voir aussi Lettre 508). Chabert est le consul français à Amsterdam : voir Lettre 551, n.10.
[4] Sur Joachim d’Alence, voir Lettre 518, n.1.
[5] Sur Joseph Rottier, frère du graveur Jean Rottier installé en Angleterre : voir Lettre 508, n.4.
[6] Il s’agit d’une médaille de 41 mm de diamètre à la gloire de Louis XIV lors de la seconde conquête de la Franche-Comté en 1674 : à l’avers, un buste de Louis XIV à droite, signé LI, avec l’inscription : LUDOVICUS MAGNUS REX CHRISTIANISSIMUS ; au revers, le roi, en triomphateur romain, assis sur un char, tiré par quatre chevaux. Par terre des drapeaux et des boucliers avec les armes de la Franche-Comté et de Besançon ; avec l’incription : De sequanis iterum ; à l’exergue : ADDITA IMPERIO GALLICO / PROVINCIA. / M. DC. LXXIV . Voir J.-P. Divo, Les médailles de Louis XIV (Spink 1967), n° 132 ; Claude-François Menestrier, Histoire du roy Louis le Grand parles médailles, emblêmes, devises, jettons, inscriptions, armoiries, et autres monumens publics, nouvelle édition augmentée de 5 planches (Paris 1691, folio), p.17, et notre Figure 8. Le Cabinet des médailles de la BNF posséde trois exemplaires de cette médaille : en or, n°756 ; en argent, n°757 ; en bronze, n°758.
[7] La correspondance entre Bayle et Paul Pellisson-Fontanier serait précieuse pour l’histoire des relations entre huguenots réfugiés et nouveaux convertis, surtout à l’époque de la « Glorieuse Révolution » et de l’ Avis aux réfugiés ; elle ne nous est pas parvenue. Il s’agit ici d’une lettre de Pellisson adressée à l’imprimeur de Bayle, Henri Desbordes : elle est également perdue.
[8] Sur cet ouvrage de Varillas, voir Lettre 331, n.14. Nous n’en connaissons que la première édition : Histoire de François I er, en 13 livres (Paris 1685, 4°, 2 vol.).
[9] Sur cet ouvrage de Courtilz de Sandras, voir Lettre 436, n.10.
[10] Il n’existe pas à cette époque de biographie de Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon : nous suggérons plus loin (Lettre 564, n.2) que Rainssant confond les nièces de Mazarin et qu’il pense ici aux Mémoires d’ Hortense Mancini, duchesse de Mazarin, rédigés par l’ abbé de Saint-Réal.
[11] Le roi collectionnait les médailles et les pierres précieuses.
[12] M. de Morangis est maître des requêtes et intendant de la généralité de Caen, résidant à Saint-Valéry : voir Lettres 540, n.8, et 544, n.6. Il sera donc préféré comme intermédiaire à René de Marillac, le responsable des premières dragonnades au Poitou, qui y avait été remplacé par Nicolas de Lamoignon de Basville : voir Lettre 190, n.16.