Lettre 622 : Jacques Sylvius à Pierre Bayle
Monsieur La grace que vous m’avez faits [ sic] dans l’article VI du mois de juillet 1686 [1] de m’epargner tant, et de donner un tour si agreable à mes pensées ; me force à vous faire voir ma reconnoissance. En verité Monsieur, je crois que les pierres changeroy[ent] en perles et les chardons en roses entre vos mains aut mollis viola, aut purpureus hyacinthus [2]. Vous m’avez tellement adjusté que j’ay de la peine à me reconnoistre moy mesme. Cependant cela me donne l’hardiesse de vous envoyer un petit traicté des fievres que j’ay faict imprimer à Dublin [3]. Mais Monsieur ce n’est qu’une idée et par consequent si elle vous chocque vous pouvez la prendre pour une chimere. Si vous le trouvé bon mais comme vous estes fort equitable, j’espere que vous voudriez bien vous donner la peine de l’examiné auparavant, • et me dire aprés vostres [ sic] sentiment là dessus lors que je me • donneray l’honneur de vous aller rendre mes devoirs, qu’il sera en peu de jours, car me trouvant presentement en Hollande pour mettre ordre à quelques petites affaires dés que je les auray reglée[s] un peu, j’iray vous derober un demis heure et protester de bouche que je suis avec toute la passion imaginable Monsieur vostre tres obeissant serviteur
Notes :
[1] Bayle avait publié dans les NRL, juillet 1686, art. VI, l’« Extrait d’une lettre de M. Sylvius, médecin et membre de l’Académie de Dublin, écrite à l’auteur de ces Nouvelles, touchant une fille qui a plusieurs cornes en divers endroits du corps ». Voir Lettre 570, n.1.
[2] Voir Virgile, Énéide, xi.69, qui porte : florem seu mollis violæ seu languentis hyacinthi, « la fleur ou de la tendre violette ou de la jacinthe fanée ».
[3] Jacques Sylvius (ou Silvius), Novissima idea de febribus et earundem dogmatica ac rationalis cura, mechanis rationibus suffulta. Accessit dissertatio de insensibili transpiratione mechanicè probata (Dublinii 1686, 12°). Bayle en donnera le compte rendu dans les NRL, janvier 1687, art. IV.