A Rotterdam, le 2 d’aout, 1697
La remarque que vous m’avez communiquée,
Monsieur, touchant le terme de
Mylord est une chose dont je vous rends mille graces ; et vous me ferez plaisir d’y en joindre autant d’autres que vous pourrez.
Il n’y eut jamais de vision plus chimérique, que celle que vous m’apprenez qu’on a débitée, de je ne sai quel mémoire, qu’on dit que j’ai présenté à
Mr de Calliere[s]. Non seulement, c’est une chose sans fondement ; mais aussi, qu’on n’a pu forger sur aucun prétexte. Cette chimere nous est venue de Londres : car, en ce païs-ci, personne ne s’en étoit avisé, quoi qu’il y ait tant d’esprits vision[n]aires.
J’ai vu avec une extrême satisfaction ce que vous m’apprenez de
Mr Drelincourt, doien d’Armach, de
Mr Abbadie, et de
Mr Balaguier. Je suis fort sensible à l’honneur de leur souvenir, et vous supplie de les assurer de mes très humbles respects.
J’ai déjà fait savoir à
Mr Doulès que vous le saluez très particuliérement ; et lui ai envoié votre lettre à
Mr Daspe, qui est toujours en prison, fort patient et fort résigné.
Les nouvelles de la République des Lettres sont ici fort stériles. Je vous en communiquerais avec beaucoup de joie, si j’en avois de considérables. Vous savez, peut-être, qu’on a trouvé beaucoup de conformité entre
L’Art de se connoître soi-même, par
Mr Abbadie ; et le livre, intitulé
De la connoissance de soi-même, par un bénédictin de Paris, nommé
Lami. Celui-ci n’a écrit qu’après Mr Abbadie. Il a publié depuis un livre
De La Vérité de la religion chrétienne : et, depuis peu, une
Réfutation de Spinoza, qui est fort bonne ; et la seconde et troisieme partie de
La Connoissance de soi-même.
Je vous souhaite mille bénédictions et suis, Monsieur, votre etc.
P.S. Je vous prie d’assurer
Mr le doien d’Armach de mes très humbles respects, de lui faire mes
complimen[t]s* de condoléance sur la mort de
Mr le professeur Drelincourt, son illustre frere, et mon bon patron. Je pleurerai toute ma vie la grande perte que j’ai faite d’un si généreux ami et d’un si illustre trésor de littérature. •