Lettre 1364 : Gijsbert Kuiper à Pierre Bayle
[Deventer, le 31 mai 1698]
Monsieur
Il y a long temps, que je dois une réponse à votre obligeante lettre ; et je vous prie de vouloir excuser ce dilay ; qui pourtant n’est pas tant causé, par une longue, mais legere, indisposition, ou par les affaires publiques, que par le retardement de la reponse du Pere Pagi, car j’avois dessein de vous mander en rac[c]ourcy mes pensées touchant les familles de Valerien et de Gallien, aussi-tost que ce sçavant augustin les auroit approuvées ; mais cela n’estant pas encore fait, je ne puis pas faire cela non plus à cette heure. Car l’on se peut facilement tromper dans des choses d’une telle nature, et il n’y a personne qui en puisse mieux juger que le Pere Pagi et vous, / je prend[s] donc la liberté de vous envoier une autre lettre pour luy, et une autre pour Mr l’abbe Nicaise, et je vous prie de les vouloir faire tenir à ces sçavan[t]s hommes. Je crains fort, qu’il ne soient morts, ou malades ; car ils non obtinent antiquum, et ils ne m’envoient pas de leurs nouvelles, ce que ils ont fait auparavant fort regulierement. J’ay • beaucoup d’obligation à Mr l’abbé de Bos, qu’il ne prend pas en mauvaise part mon histoire des III Gordiens, et qu’il y trouve des choses de son approbation. Je la pourrois augmenter au moins la moitié, et etablir ainsi mon sentiment d’avantage ; mais je reserve cela à une seconde edition. Mr. l’abbé de Bos / me fera un tres-singulier plaisir, s’il me veut com[m]uniquer ses considerations ; j’y reponderay avec une honnesteté* et une modestie, dont il se • lourea [ sic] • luy [m]eme, je vous en asseure.
J’ay fait depuis peu en feuillettant seulement les livres, car pour les lire tous entiers cela m’est impossible, des belles decouvertes, j’en ay communiquées quelquels [ sic] unes à Mr le baron de Spanheym, et j’attend[s] avec impatience sa reponse. Car je ne me fie pas fort souvent à moy méme, et vous sçavez, qu’elles [ sic] impressions fassent [ sic] les nouvelles explications ou correction[s] sur l’esprit des gens d’etude, quoyqu’elles soient d’une mauvaise trempe, et sujettes à caution, ce que les desinteressez peuvent voir facilement ; je suis Monsieur vostre tres h[umble] serviteur
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