[Gouda, le 23 août 1695]

Rotterdam

Je ne cherche pas autre chose, homme très érudit, que de satisfaire l’ardent désir du très éminent Monsieur Smith, très pieux pasteur réformé londonien, en publiant un exemplaire de son petit livre très érudit sur les sept églises africaines imprimé à Utrecht il y a un an [1], édition dont tous les exemplaires envoyés par l’imprimeur y compris les livres d’abord inclus par les pirates français parmi les authentiques [2] ont été confisqués, en comparaison de quoi rien de plus désagréable ni de plus pénible ne pouvait arriver à leur auteur. Nous nous sommes efforcés de réparer le dommage en joignant diverses Vies. Venez à son secours et au nôtre en recommandant vivement à Monsieur Spedmann [3] de confier cet exemplaire à un homme d’une fiabilité connue et éprouvée, en retour de quoi il sera, par Hercule, très largement récompensé. Je m’acquitterai très volontiers et au plus tôt de cette gratification. Si inversement vous m’avez demandé quelque chose, je vous le fournirai au plus vite. Je vous enverrai l’histoire des Scaliger [4] en même temps, si en effet elle devait être prête pour vous. Vous pourrez me la renvoyer avec les lettres de Richter [5]. Je vous communiquerai plusieurs choses si je les reçois ici.

Adieu, tête la plus chère, et vivez en vous souvenant de moi ; saluez de ma part nos amis communs.

Donnée à Gouda, le 10 e jour avant les Calendes de septembre 1695

Notes :

[1Thomas Smith (1638-1710), fellow du collège de Magdalen à Oxford, s’était engagé en 1682 dans une bataille avec Richard Simon sur la doctrine de l’Eglise grecque orthodoxe : voir Lettres 487, n.4, et 567, n.8. Il s’agit ici de son ouvrage Septem Asiæ ecclesiarum et Constantinopoleos notitia (Trajecti ad Rhenum 1694, 8°) : voir Lettre 1047, n.4.

[2Nous comprenons : tous les exemplaires de l’ouvrage de Thomas Smith ont été confisqués par la douane, y compris ceux de l’édition piratée dissimulés parmi les exemplaires de l’édition authentique pour leur faire passer clandestinement la frontière française.

[3Sur John Spademan, ministre de l’Eglise de Saint-Pierre à Rotterdam, voir Lettre 1050, n.4.

[4Sur les Scaligerana, voir Lettre 991, n.11. Dans le DHC, Bayle distingue entre les Prima Scaligerana (Rouen 1667, 12° ; Coloniæ Agrippinæ 1667, 12°, etc.), avec les notes de Tanneguy Le Fèvre, et les Scaligerana secunda : sans doute les « Scaligerana », ou bons mots, rencontres agréables et remarques judicieuses et sçavantes de J. Scaliger ; avec des notes de M. Le Fèvre et de M. de Colomiès (Cologne 1695, 12°). Les deux éditions sont citées dans de nombreux articles.

[5Sur les lettres de Richter, demandées par Bayle dans sa lettre du 13 juillet, voir Lettre 1045, n.6.

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