Lettre 1073 : Gédéon Huet à Pierre Bayle

• [La Haye,] le 10 de l’année 1696

Il y a deux jours, Monsieur, que je vous écrivis assez amplem[en]t sous le couvert de M. Basnage [1] ; et comme je sup[p]ose que vous avez reçû ma lettre, et que vous êtes suffisamment instruit de la conduite que je tiens pour la table de vôtre Dict[ionnaire], je n’y ajoûterai rien de nouveau, si ce n’est que je vous prie d’examiner cet essai incessamment* et de me le renvoyer de même, afin de ne point perdre de tems. Quoique M. Leers ne veüille pas que l’on mette les choses considerables sous plusieurs lettres de l’alphabet, je n’ai pas laissé de le faire à l’egard de deux ou trois, parce que je l’ai jugé absolument nécessaire pour des raisons qu’il seroit trop long de vous dire icy. Il y a aussi deux ou trois autres choses • que je n’ai pû m’empêcher d’insérer dans la table, quoique vous n’en parliez que dans les notes marginales, parce qu’elles m’ont paru dignes d’y entrer ; comme par exemple celle cy : La bien-seance chez les payens mêmes ne permettoit pas à un pere et à un fils de se baigner en même lieu [2]. Cependant, comme je ne sçai pas encore vôtre intention là dessus, • vous m’obligerez de m’en instruire pour l’avenir. En un mot, pourvû que vous vous donniez la peine de corriger et d’effacer de cet echantillon tout ce qui ne vous plaira pas, soyez assuré qu’après cela je ferai vôtre table avec plaisir et avec toute l’exactitude possible.

Voyez aussi s’il vous plaît avec M. Leers si ce que je vous envoye de mon écriture n’est point ni trop ni trop peu étendu pour 50 feüilles [3] afin que / je me régle là dessus pour le reste. Ou plûtôt voyez ce que l’ecriture de M. de La Boulonniere [4] et la mienne ensemble peuvent produire à peu près de feüilles d’impression ; parce que selon ce que vous m’en direz, je m’étendrai ou me resserrerai si besoin est. Souvenez vous aussi, que je vous ai prié de • traiter pour moi avec M. Leers pour cette table ; c’est la priére que je vous réitére icy. Je vous en laisse le maître : mais, afin que personne ne soit surpris, il faudra s’il vous plaît, traiter à tant par feüille • de celles que je lirai, et non de celles que je composerai. • Consultez ma lettre là dessus, et si vous ne l’aviez pas encore, ayez la bonté de l’envoyer chercher chez M. Basnage. Adieu. /

 

Pour Monsieur Leers [5] /

Monsieur

Depuis ma lettre ecrite et mon paquet fermé, je me suis aperçû d’une faute d’impression fort considérable et qui, je croy, vous obligera à rimprimer la feüille où elle se trouve : autrement je ne voi pas comment je pourrois l’indiquer dans la table. C’est celle qui suit la page 586 et qui est marquée par 557 558 559 560 : au lieu qu’elle le devroit être par 587 588 589 590. Vous m’instruirez, s’il vous plait, de ce que vous ferez à cet égard, ou de ce que je dois faire moi même [6].

 

A Monsieur / Monsieur Bayle prof[esseur] en Hist[oire] et en Philos[ophie] / à Rotterdam •

Notes :

[1Voir la lettre de Huet à Bayle du 8 janvier 1696 (Lettre 1071).

[2Cette indication figure bel et bien dans la table des matières de la 1 re édition du DHC à l’entrée Baigner. Le renvoi à la p.414a conduit à l’article « Augustin », rem. B, n. f. (n.6 dans la 5 e édition).

[3Sur ces considérations, qui devaient déterminer la nature du contrat de Gédéon Huet avec Reinier Leers, voir l’avant-dernier paragraphe de la lettre de Huet du 8 janvier (Lettre 1071) : comme il le précise de nouveau plus loin, Huet est payé par page du DHC et non par page de l’index. Ce n’est donc pas par intérêt personnel qu’il élaborait un index très détaillé.

[4Monsieur de La Boulonnière, prote à l’imprimerie de Reinier Leers : voir Lettre 1071, n.13.

[5Il s’agit du billet joint à la lettre de Gédéon Huet à Bayle de même date. Source : Copenhague, Thott 1208, II Du-L : lettre autographe.

[6Il était apparemment trop tard pour changer puisque cette erreur de pagination est maintenue dans le premier volume de la première édition du DHC.

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