Lettre 1155 : Jean de Bayze à Pierre Bayle

A Dublin ce 22 août v[ieux] style [/ 1 er septembre] 1696

Monsieur

Je vous escrivis le mois dernier [1] par voye d’amy d’ici à Londres en adressant ma lettre à un marchant de cette ville là [2] le priant de vous la faire tenir à l’adresse de Mr Leers votre libraire, mais parce que ce marchant m’a escrit depuis peu une lettre dans laquelle il me parle de la person[n]e à qui j’avois don[n]é celle que je vous escrivois sans me dire s’il l’a reçeuë, dans la juste ap[p]rehension où je suis qu’elle se soit égarée ou qu’on ait négligé de vous l’envoyer[,] je prends la liberté de vous faire encore celle cy pour vous sup[p]lier tres humblement com[m]e je faisois dans la precedente, de me faire sçavoir le plus tot qu’il se pourra le prix que Monsieur Leers aura fixé à votre priere aux deux exemplaires du [3] votre Diction[n]aire critique, afin que je puisse vous le faire tenir incessam[m]ent*, pour avoir des premiers avant qu’il n’expose les autres en vente parce qu’outre la beauté du livre je souhaitterois pour rendre le present plus agreable aux person[n]es à qui je le destine qu’il eut encore l’agrement de la nouveauté. Escrivés moy donc s’il vous plait par la poste à M rs Auriol pour faire tenir à M. B[ayze] à Dublin parce que la lettre viendra ainsi plus vite qu’autrement.

Je vous ap[p]renois • Monsieur dans ma precedente la grande affliction où je me trouve par la mort de ma chere femme [4], je ne doutte pas que cette nouvelle, ne vous ait esté mandée par Mr Daspe [5] comme je l’en avois prié par une que je luy en avois escrite quelque tems auparavant, je n’ay eu aucune de ses nouvelles depuis non plus que de mes parents de France depuis prés d’un ans [ sic] ; si vous en sçavés des uns et des autres don[n]és m’en je vous en prie et si vous escrivés à notre cher amy Mr de Naudis[,] priés le tant de votre part que de la miene aprés l’avoir asseuré de mon tendre souvenir[,] de faire sçavoir chés moy la peine que me fait souffrir / un si long silence[.] J’attends Monsieur touttes ces faveurs de vous et vous sup[p]lie d’estre toujours persuadé que je vous estime et vous honore infiniment, que je vous souhaitte une prosperité ferme, et une santé parfaitte[.]

Vous m’obligerés infiniment de m’ap[p]rendre votre estat et de croire que je suis avec beaucoup d’attachem[en]t et de respect Monsieur votre tres humble et tres obeissant serviteur
J. de Bayze

 

A Monsieur / Leers march[an]t libraire / pour rendre s’il luy plaït / à Monsieur Bayle / à Rotterdam

Notes :

[1La lettre de Jean de Bayze à Bayle du 10 juillet (Lettre 1130).

[2Bayze avait demandé à Bayle d’adresser ses lettres à «  Monsieur Pelletreau marchant in Contom Street Soho London » : voir Lettre 1130, n.12.

[3Bayze écrit « du Diction[n]aire critique » et ajoute ensuite « votre », sans raturer « du ».

[4Sur le décès de la femme de Jean de Bayze, voir sa lettre du 10 juillet (Lettre 1130).

[5Bayze faisait la même remarque dans sa lettre du 10 juillet : voir Lettre 1130, n.1.

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