Lettre 1220 : Pierre Bayle à Hervé-Simon de Valhébert

[Rotterdam, le] 11 e fevrier 1697

Ce billet Monsieur, quelque court qu’il soit devra etre coupé en deux : vous en montrerez s’il vous plait la derniere moitié à votre voisin [1]. Je vous marquai dans ma derniere que j’écrirois au libraire pour le hater de faire reponse à Mr de Popinoncour. Il m’a repondu qu’il ne lui ecriroit point, et qu’il ne vouloit pas imprimer ses manuscrits, ayant trouvé mal son compte à contrefaire les Pensées anecdotes [2], car je m’étois justement adressé à celui qui les a rimprimées. J’ai tenté quelques autres libraires, qui ont tous refusé les propositions.

Je suis Monsieur tout à vous.
Bayle

J’ai fait vos complimen[t]s à Mr Hartsoecker [3] qui me charge de vous assurer de ses tres humbles services.

 

Je vous prie, Monsieur, de faire savoir à Mr de Popinoncour qu’aucun libraire que j’aye sondé ne veut s’engager à l’impression de ses manuscrits [4]. Ils disent tous qu’ils aiment mieux imprimer ce dont la copie ne leur coute rien. Voila où est ici la librairie. Les libraires • ne traitent presque jamais avec les auteurs qui demandent de l’argent. Je suis tres / faché de n’avoir pu rendre service en cela à Mr de Popinoncour que je saluë tres humblem[ent].

 

A Monsieur / Monsieur Simon de Valhebert / bibliothécaire de Monsieur / l’abbé Bignon / A Paris

Notes :

[1Puisque c’est avec Dubos que Bayle avait échangé des nouvelles sur Hartsoeker (voir Lettres 1168 et 1176) et que c’est également Dubos qui avait en premier lieu annoncé la publication du « sieur de Pepinocour », Jean Bernier, c’est sans doute lui le « voisin » à qui Valhébert doit communiquer cette lettre.

[2Sur l’ouvrage de Jean Bernier de Blois, publié sous le pseudonyme du sieur de Pepinocourt, Réflexions, pensées et bons mots (Paris 1696, 12°), voir Lettre 1168, n.11. Nous n’avons pas trouvé trace d’une édition néerlandaise, indice sans doute de son peu de succès. Une nouvelle édition devait néanmoins paraître à Paris en 1699 chez Laurent d’Houry, 12°.

[3Sur le départ de Hartsoeker de Paris et son retour aux Provinces-Unies, voir Lettres 1168 (et n.26) et 1176, n.18.

[4Sur les ouvrages que Jean Bernier souhaitait faire imprimer par l’intermédiaire de Bayle, voir sa lettre du 3 décembre 1696 (Lettre 1187).

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