Lettre 1266 : Jacques-Gaspard Janisson du Marsin à Pierre Bayle

A Paris le 31 mai 1697

Je vous écris aujourd’hui, Monsieur, par la poste, afin que vous receviéz ma lettre plus tôt, et plus surement, quoique je ne doute point que vous n’ayéz reçû celle que je me donnai l’honneur de vous écrire le 17 de ce mois [1], par laquelle je vous faisois part de ce que je savois de plus nouveau • pour ce qui regardoit les nouvelles litteraires. Cette fois ci je ne vous en dirai peut être pas tant, mais je croi que la piéce que je vous envoye vous fera quelque plaisir ; êtant assés estimée ici ; et comme elle n’y a point êté imprimée, j’ai crû que plusieurs de vos libraires ne demanderoient pas mieux que de l’imprimer en vos quartiers*, d’autant plus volontiers que la lettre pastoralle de Mr l’archevêque de Roüen l’ayant êté, on seroit ravi d’y voir aussi la réponse du Pére Buffier [2] ; c’est pourquoi Monsieur, si vous voulés bien vous donner la peine d’en parler à quelqu’un de vos libraires, et voir combien ils en voudroient donner, vous m’obligeriéz. Je • ne vous en marque point le prix parce que j’estimerai bien tout ce que vous ferés. L’heure de la poste me presse fort, ainsi je suis obligé de fermer mon paquet.

Au reste je vous dirai que vous vous êtes trompé en me mandant que l’auteur des Lettres sincéres s’appelloit • Fleurnois, son nom étoit Fournerod [3], il est vrai qu’il avoit eté ministre à Genéve, d’où il étoit. Il est mort à Surinam, êtant pasteur de la colonie.

J’ai vû la réponse que vous avés faite au mémoire de Mr l’ abbé Renaudot [4], qui vous avoit êté envoyé, à ce que je croi, par Mr Bonnet Bourdelot médecin de Mr le chancelier [5], qui est très forte. Je finis en vous assurant que je suis entierement à vous[.]
J

Vous aurés s’il vous plait la bonté de me faire réponse à la derniere addresse que je vous ai donnée. •

 

A Monsieur / Monsieur Bayle professeur en / histoire et en philosophie / A Rotterdam / Hollande •

Notes :

[1Lettre 1260.

[3Il s’agit en fait de Gédéon Flournois : voir Lettres 1251, n.3, et 1267, n.3.

[4En réponse au Jugement de l’ abbé Renaudot, Bayle venait de composer ses Réflexions sur un imprimé qui a pour titre : « Jugement du public, et particulièrement de l’abbé Renaudot, sur le “Diction[n]aire critique” du sieur Bayle », qui devaient être publiées sous forme de placard au mois de septembre 1697 : on en trouve un exemplaire à la BGE ; les Réflexions furent ensuite publiées dans les OD, iv.742-752, et dans le DHC, iv.616-625. Elles constituent notre Lettre 1303, datée du 17 septembre 1697.

[5Aucune lettre de Pierre Bonnet Bourdelot à Bayle ne nous est parvenue, mais on lit la réaction de Bayle à la lecture du Jugement de Renaudot dans sa réponse à Bourdelot du 18 mars (Lettre 1235).

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