Lettre 493 : à

Au très érudit et très consciencieux Th. J. Almeloveen Pierre Bayle fait ses compliments.

Nous avons reçu en même temps, si je ne me trompe, vous la lettre que je vous ai envoyée hier [1], et moi non seulement une lettre des plus charmantes mais aussi le fascicule des lettres casauboniennes [2] et votre dernier traité [3] que vous m’avez fournis et que, si je comprends bien, vous vous étiez occupé à me faire envoyer trois semaines auparavant pendant le temps que vous consacriez à la composition de votre lettre. On se demande comment il s’était fait qu’un cadeau assez exceptionnel était arrivé avec un si grand retard, et non seulement je m’en étonne mais je regrette encore plus fortement la joie retardée d’une lecture des plus utiles, et du souvenir très reconnaissant que j’aurais pu en évoquer dans les nouvelles de ce mois. L’occasion de ce faire me manque en effet déjà, étant donné que j’ai mis aujourd’hui la dernière main aux ouvrages de cette année. Il est nécessaire, que je le veuille ou non, de renvoyer au premier mois de l’année suivante, que j’espère heureuse et abondante, les extraits de votre livre faits en votre honneur [4]. Bravo ! homme érudit, et continuez à accroître de vos travaux la République des Lettres.

Pour ce qui est du possesseur des épîtres, vous avez vu dans ma dernière lettre combien il est de mauvaise humeur à leur égard [5]. Je les ai envoyées à la première occasion à Monsieur Piélat [6] avec votre lettre pour qu’il lui apprenne tout de l’affaire. De sorte qu’à mon avis il ne sera plus parlé de cette transaction. Je vous suis infiniment reconnaissant d’avoir voulu me gratifier de votre remarquable traité ; je le fais coudre au plus vite pour pouvoir le lire d’autant plus vite. Portez-vous bien et aimez-moi.

Donnée à Rotterdam le 29 décembre 1685.

A Monsieur/ Monsieur Almeloveen/ docteur en médecine/ A Amsterdam.