Lettre 496 : Hilaire-Bernard de Requeleyne, baron de Longepierre à Pierre Bayle

A Paris ce 1 er janvier [16]86

Une seconde lettre que je me donnay l’honneur de vous ecrire il y a cinq ou six mois, Monsieur, vous a deu apprendre que j’ay receu la reponce que vous avez eu la bonté de faire à ma premiere [1]. Elle vous a deu faire connoistre aussy, combien je suis sensible à l’honneur de vostre estime, et au plaisir du commerce que vous me proposés. Quelque paresseux meme que je sois à ecrire, vous en jugeries mieux encor par l’exactitude que j’aurois à vous demander des nouvelles de vostre santé, si je n’en estois detourné par la crainte de vous voler des instans pretieux, dont le public me demanderoit conte. Cependant Monsieur il est impossible de se taire tousjours, et la violence que je me fais ne peut aller jusques là[ ;] accoustumés vous s’il vous plaist à recevoir tous les ans quelques unes de mes lettres ; et ne m’enviés pas un plaisir qui a tant de charmes pour moy. / L’occasion que m’offre le commencement de cette année m’est trop favorable, pour n’en pas profitter[ ;] permettés moy donc Monsieur de vous la souhaitter aussy heureuse que vous le merités, et de vous renouveller les protestations d’estime et d’amitié que je vous ay deja faites. Apres cela, que me resteroit il à vous dire, si je n’avois encore à vous prier de me conserver tousjours quelque part dans l’honneur de vos bonnes graces, et de me croire veritablement Monsieur vostre tres humble et tres obeïssant serviteur.
Longepierre

Si j’estois asses heureux pour pouvoir vous estre utile à quelque chose en ce pais, vous n’auries qu’à adresser vos lettres Monsieur, à Mr de Longep[ierre] rue Richelieu, vis à vis la fontaine, ou ches Mr Emery libraire à l’ecu de France, sur le quay des Augustins [2].

Notes :

[1La première lettre de Bayle et la réponse de Longepierre sont perdues. Hilaire-Bernard de Requeleyne, baron de Longepierre (1659-1731), traducteur et défenseur passionné des Anciens, avait publié Les poésies d’Anacréon et de Sapho en grec, avec la traduction en vers françois et des remarques (Paris 1684,12°), dont Bayle avait rendu compte dans les NRL, novembre 1684, art. VIII. En 1686, il devait publier Les idylles de Bion et de Moschus traduites de grec en vers françois, avec des remarques (Paris 1686, 12°), que Bayle commentera également dans son périodique au mois de septembre 1686, art. I.

[2Antoine Emery, libraire sur le quai des Augustins, près de l’hôtel de Luynes, au coin de la rue Gît-le-Cœur, avait épousé la fille du libraire Michel Carré ; elle avait repris la librairie après la mort de son mari (vers 1679) avec l’aide de leur fils Pierre (1652 ?-1730) ; elle devait ensuite se remarier avec le libraire Macé Carré : voir J.-D. Mellot et E. Queval, Répertoire d’imprimeurs-libraires XVIe- siècle (Paris 1997), s.v. et R. Arbour, Dictionnaire des femmes libraires en France, 1470-1870 (Genève 2003), s.v.

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