[Rotterdam, le 26 avril 1686]

Très éminent Monsieur,

Que je me réjouisse du retour de certains pasteurs français séjournant à Utrecht [1] et fortement touchés d’admiration par votre réputation et votre célébrité, à la fois parce que je remettrai à l’un d’entre eux le livre italien que vous m’avez prêté [2] et parce qu’ils m’ont promis qu’ils feraient savoir combien je vous estime et avec combien de plaisir je parle de vos mérites. Nous avons reçu récemment le discours exceptionnellement élégant et d’une éloquence digne de Tite-Live qui a été prononcé à votre intention dans vos cérémonies académiques [3]. Je l’ai lu avec le plus grand plaisir et la plus grande admiration pour l’incroyable talent oratoire qui y brille, de sorte que le respect que depuis bien des années je vous porte comme atout et ornement de la République des Lettres croît grandement. Adieu, homme très illustre et aimez-moi qui vous suis tout soumis et tout dévoué.

Donnée à Rotterdam, le 26 avril 1686.

 

A Monsieur/ Monsieur le professeur/ Grævius A Utrecht

Notes :

[1L’Eglise wallonne d’Utrecht, servie par Elie Saurin, était connue pour sa tradition libérale. Fondée en 1583, elle s’installa en 1656 dans la plus ancienne église d’Utrecht, le Pieterskerk (église Saint-Pierre), qui avait été construite au XI e siècle. La communauté wallonne se heurta souvent au consistoire de l’Eglise hollandaise d’Utrecht, très traditionaliste, très sévère, et attira plusieurs des grandes familles locales, telles que les Quarles, les Van Velthuijsen et les Des Tombe. Voir F.R.J. Knetsch, « Élie Saurin (1639-1703). Waals predikant in turbulente tijden », in A.Th. van Deursen (dir.) De herroeping van het Edict van Nantes (1685) en de Franse en Nederlandse geschiedschrijving (Amsterdam 1987), p.49-77.

[2Bayle emprunte régulièrement des livres à Graevius pour les besoins de ses comptes rendus des NRL, mais la dernière lettre connue datant du 6 août 1685 et aucun compte rendu des NRL ne portant sur un livre italien autour de la date de la présente lettre, nous ne saurions préciser le titre du livre italien dont il s’agit ici. Sur Graevius, voir Lettre 85, n.6, 419, n.6, 425, n.1.

[3Nous n’avons su découvrir la nature exacte du discours qui célébrait les qualités de Grævius à l’Université d’Utrecht.

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