[Gouda, le 22 novembre 1692]

A Pierre Bayle, à Rotterdam

La seule et unique raison de mon silence et de mon retard prolongé à répondre est la remise de jour en jour de mon excursion chez vous, dont la faute a été tantôt la mienne, tantôt celle d’autrui, retard qui doit prendre fin cette semaine, je l’espère ; je désire en effet vous voir tous, et avant tous les autres vous-même, qui avez tellement l’habitude d’inviter vos amis qu’il n’y a que la contrainte de mes affaires qui puisse me tenir éloigné de vous ; avec ces lettres, vous m’assujettissez tout de suite à tel point que chacune d’elles m’oblige presque à répéter que je vous regarde de telle sorte que, ma foi, rien ne m’est plus cher ni plus aimable que vous.

Les Vies de Leickherr ont été utilisées jusqu’ici avec mon consentement par notre commun ami de Mey, qui comme moi avait ignoré qu’on y avait ajouté votre lettre, à laquelle je n’aurais certainement pas tardé à répondre [1]. Maintenant j’en répéterai la substance en sa présence pourvu qu’il trouve commode que je parle des observations de Deodati avec les éditeurs d’Amsterdam [2], où, ce que j’aurais dû faire déjà, je vais me rendre, sans craindre de prolonger le retard.

Portez-vous bien, très cher ami, et continuez, comme assurément vous le faites déjà, à me favoriser de votre affection. Quant au reste, nous en parlerons à la première occasion, portez-vous bien.

Donnée le 10 des calendes de décembre 1692.

Notes :

[1Sur les Vies des jurisconsultes de Leickher, voir Lettres 876, n.8, 880, n.2, 886, n.3, et 896, n.1. Bayle a renvoyé le livre à Almeloveen avec une lettre (qui ne nous est pas parvenue), par l’intermédiaire de leur ami commun Willem de Mey : sur celui-ci, voir Lettre 869, n.4.

[2Sur cet ouvrage d’ Alexandre Dieudonné, dit Diodati (ou Deodati), que Bayle souhaite faire réimprimer, voir Lettres 891, n.22, et 896, n.3.

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