Lettre 910 : Gottfried Wilhelm Leibniz à Henri Basnage de Beauval

[Hanovre, le 28 février 1693]

Leibniz à Basnage de Beauval

Vostre silence et le mien ont la même cause, qui est la distraction, où nous nous trouvons assez souvent. Pourtant j’avoue que j’avois plus de sujet que vous de combattre contre cet empechement, parceque je trouve que l’avantage de nostre correspondance [1] est presque entierement de mon costé. Je vous remercie fort de ce que vous mandés* du recueil des traités de Mons. Leonard [2]. Mais pour luy envoyer la liste de ce que nous avons icy, il faudroit un catalogue aussi long que celuy qu’il a fait imprimer. Ainsi il auroit esté plus court d’apprendre ceux qu’il a trouvés depuis. Comme je ne m’attache pas aux traités, ny à la France, mon recueil [3] sera entierement different tant de celuy de M. Nesselius [4], que de celuy de Mons. Leonard, bien qu’il y puisse avoir quelque chose de commun. J’y veux mettre toutes sortes d’actes publics qui ont rapport aux droits et interests des princes, et on le pourroit intituler Codex Juris gentium, c’est à dire un recueil de ce qui tient lieu d’ordonnances et d’arrests entre les souverains. Ce sont fundamenta juris gentium voluntarii [5], à quoy servent non seulement traités, contracts de mariage, testamens etc. mais encor arbitrages, adoptions, executions, hommages, creations ou erections, abdications, et autres choses semblables. J’ay de quoy faire un recueil raisonnable, et je ne mettray pas même tout ce que j’ay, de peur de prolixité. Je mettray plus amplement les pieces anciennes, mais je seray plus reservé à l’egard des modernes. Je desireray des pieces choisies sur les affaires passées depuis la paix de Munster [6]. Et j’y implore vostre assistance et celle de vos amis dans les occasions.

Je suis bien aise, Monsieur, d’apprendre par vostre lettre, que mon objection touchant l’etendue [7] donne occasion à un esprit aussi penetrant et aussi exact que celuy des Mons. Bayle de repasser sur cette matiere. On a de la peine à se bien expliquer, et je voy bien de ne l’avoir pas encor fait. C’est pourquoy j’ay esté contraint de donner quelque éclaircissement dans le Journal de sçavans du 5 janvier de cette année [8], dont voicy la copie que je vous soupplie [ sic] de communiquer à Mons. Bayle avec mes tres humbles recommendations. Je crois qu’il demeurera d’accord que l’inertie naturelle des corps est une suite non pas de l’etendue, mais des loix naturelles de la force. Or je tiens que la force est dans le corps, car de dire qu’elle se trouve en Dieu, c’est recourir à la cause générale dans une matiere particuliere. Et quoyque Dieu la produise continuellement comme les autres choses, c’est toujours dans le corps qu’il la produit, dans le corps, dis-je, et non pas dans l’étendue qui se trouve elle-même dans les corps.

Ma solution du probleme de Florence a esté mise d’abord dans les actes de Leipzig de l’année passée [9]. Mons. Viviani, comme j’ay appris depuis, l’avoit proposé ; c’est : invenire Templum Hemisphæricum quadri-fenestratum quadrabile [10]. Le grand prince me le fit envoyer, et je luy adressay ma solution. S. A. S me me fit la grace de repondre, et temoigna qu’on estoit content de ce que j’avois donné là dessus. Elle me fit envoyer en même temps la construction de Mons. Viviani, qui est excellente. Il est sans doute présentement le premier mathematicien de l’Italie. On doit admirer la curiosité du grand prince, qui entre dans toutes les belles recherches de la nature et de l’art. Il semble que c’est une qualité hereditaire à la maison de Medicis. Mais je me trompe fort, si ce prince ne la portera encor plus loin.

Le livre de Jure suprematus [11] a esté imprimé en Hollande du temps de traités de Nimwegue, et reimprimé je ne sçay combien de fois en Allemagne. On le trouvera apparemment chez ceux qui previennent connoissance des affaires en ce temps là.

J’avois donné mon consentement à la publication de mes objections contre M. Pelisson avec ma replique [12]. Mais quant aux appendices je ne m’attendois pas à la publication de certaines bagatelles, qui sont plus propres pour les lettres que pour le public. Cependant je suis bien faché de la mort de cet homme excellent [13], car outre le plaisir et la satisfaction qu’il y avoit dans le commerce qu’on entretenoit avec luy, on pouvoit avoir et apprendre par son credit mille belles choses dont je seray exclus presentement. La reponse à l’ Avis aux réfugiés vient un peu tard [14] ; pour refuser avec utilité ces sortes de livres, il faut le faire d’abord.

Mons. de Spanhem [15] estant icy me communiqua la nouvelle edition de Petrone [16]. Il y a long temps que je n’ay rien vû de si pitoyable ny de si eloigné du caractere de Petrone que ces nouveaux supplemens pretendus. Et je ne comprends pas comment on se peut flatter de l’espérance de faire croire au monde qu’ils sont veritables. Mons. de Spanhem les rejette bien loin. J’ay de la peine à croire que Monsieur Charpentier de l’Académie françoise et Monsieur Santueil y donnent les mains, quoyqu’on ait mis à la teste du livre des lettres ou vers qu’on leur attribue. On diroit asseurement que Mons. Charpentier avoit raison de preferer le françois le plus ordinaire à un latein tel que celuy de ces supplemens. De la maniere qu’on raconte le fait, il se detruit luy même.

Mons. de Spanhem fait imprimer à Leipzig les œuvres de l’empereur Julien l’Apostat [17]. Il y aura aussi la reponse de s[ain]t Cyrille à ce que cet empereur avoit ecrit contre les chrestiens, d’autant que s[ain]t Cyrille donne les propres paroles de cet empereur. Il a fait aussi des excellentes notes sur les hymnes de Callimachus [18] qui eclairciront fort la mythologie et les antiquités. Ces notes seront imprimées avec celles de Mons. Grævius.

Vous sçavés que Mons. Beger avoit donné autresfois Thesaurum ex thesauro palatino, publiant des medailles choisies [19]. Ce tresor palatin a esté joint depuis au cabinet de l’electeur de Brandebourg, et Mons. Beger nous va donner maintenant un autre ouvrage considerable [20], où il expliquera et representera quantité de belles medailles de ce cabinet.

Nous avons perdu aussi l’incomparable Mons. de Seckendorf [21], que je regrette bien fort, car je jouissais particulierement de l’honneur de sa correspondance. C’estoit un homme excellent de toutes les manieres. Il avait esté long temps premier ministre d’un prince considerable ; il a donné des choses tres estimées sur le gouvernement d’un Estat tel que celuy d’un de nos princes. Depuis s’estant retiré des affaires et jouissant d’un repos tres honorable dans ses terres, il ecrivit un livre de la maniere dont un chrestien se doit gouverner, intitulé : Christenstaat [22]. Cependant s’amusant dans sa retraite à faire venir des livres curieux, il a donné des relations de plusieurs qui sont inserées dans les actes de Leipzig, et je crois que la pluspart de relations des livres françois qui ont rapport à la religion sont de sa façon [23]. Son dernier ouvrage, le plus grand et le plus important de tous, est sur l’histoire de la Reformation [24], qui surpasse sans doute tout ce que nous avons eu jusqu’icy en ce genre. Jugés, si je n’ay pas sujet de regretter deux correspondans tels qu’estoient Mons. de Seckendorf et Mons. Pelisson. Cela me fait trembler pour tous les autres et particulierement pour ceux que j’estime le plus. Vous en estes, Monsieur, et des premiers : vous aurés donc soin de vous conserver.

Je vous supplie de faire donner la cyjointe à Mons. Baudry [25], et de me croire etc.

 

P.S. Vous ne me dites rien, Monsieur, de mes animadversions sur Mons. Des Cartes [26], sur lesquelles je serois bien aise d’avoir des remarques des habiles gens.

Le pape ayant secularisé l’eveché d’Utrecht en faveur de Charles Quint, ce qui a servi d’exemple aux protestans. Je desirerois d’obtenir la bulle du pape in forma [27]. Je m’imagine qu’on l’a en Hollande, ou peut-estre même qu’elle se trouve imprimée en quelque livre.

 

Pour Mons. Bayle [28].

J’adjoute que de la maniere que le corps est conçû vulgairement, on s’imagine qu’il pourroit estre en repos. Et selon moy, je tiens que cela implique contradiction. C’est pour marquer que je ne crois pas qu’on ait la veritable notion du corps. J’ay aussi remarqué il y a long temps dans les lettres que j’ay echangées autres fois avec Mons. Arnaud, qu’on n’avoit pas bien expliqué la nature de la substance, laquelle estant bien entendue on trouvera que ce qui n’est qu’etendue ne sçauroit faire une substance.

Il est vray, que le corps ne sçauroit avoir un effort pour demeurer en un certain lieu ; mais cependant il fait tousjours effort contre celuy qui le doit chasser du lieu, où il est, quelqu’il puisse estre.

Mons. des Cartes luy même en a entreveu quelque chose, en soutenant que le repos même a quelque force ; mais il l’a expliqué d’une maniere insoûtenable que le R. P. Malebranche a eu raison de refuter.

Je ne conçois pas qu’une chose qui n’aura pour son essence que l’etendue, puisse resister par le moyen d’un principe exterieur, car quand on supposeroit ce principe exterieur, je tiens qu’il n’est pas possible qu’il produise de la resistance dans un sujet qui n’est qu’etendue, par ce qu’on ne sçauroit concevoir que la resistance soit une modification de l’etendue. Je suis de l’opinion de M. Hugens en ce qu’il juge, que concevoir le vuide et concevoir l’etendue toute pure, est la même chose.

Notes :

[1La correspondance de Leibniz avec Basnage de Beauval s’établit début 1692 à la suggestion de Jean Robethon ; quelque trente-quatre lettres ont été publiées par Gerhardt (iii.79-147) ; H. Bots et L. van Lieshout donnent une liste de 230 lettres de la correspondance de Basnage de Beauval en proposant l’édition de 91 nouvelles lettres ; ils n’ajoutent pas cependant d’éléments nouveaux à la correspondance Leibniz-Basnage de Beauval publiée par Gerhardt. Il est intéressant de constater l’enchevêtrement des réseaux de Bayle, de Basnage de Beauval, de Reinier Leers et de Leibniz : tous sont liés aux « secrétaires de la République des Lettres » que sont Claude Nicaise, François Pinsson des Riolles, François Janiçon et Jean-Baptiste Dubos.

[2Sur cet ouvrage de Frédéric Léonard, voir Lettre 907, n.6.

[3Leibniz, Codex juris gentium diplomaticus : voir Lettre 907, n.5. Leibniz revient sur la comparaison de son recueil avec ceux de Léonard et de Nesselius dans sa lettre du mois d’octobre 1693 et l’échange se poursuit avec Basnage de Beauval sur cette publication (Gerhardt, iii.99-100, 104, 107-108, 110-111, 115-117, 119-121, 123-126, 139) ; voir aussi R. Otto, « Leibniz’ Codex juris gentium diplomaticus und seine Quellen », Studia leibnitiana, 36 (2004), p.147-177.

[5Fundamenta juris gentium voluntarii : fondements du droit des gens librement adopté : c’est-à dire un code de droit agréé par un ensemble de personnes entre elles et non imposé de l’extérieur.

[6Les traités de Westphalie signés à Münster et Osnabrück en 1648 mirent fin à la guerre de Trente ans.

[7Sur cet écrit de Leibniz, comportant une critique de la définition cartésienne du corps comme étendue, et pour la réponse de Bayle, voir Lettre 901. Basnage de Beauval avait servi d’intermédiaire pour la communication de l’écrit de Leibniz à Bayle et de la réponse de Bayle à Leibniz ; il avait envoyé l’écrit de Leibniz également à Christian Huygens (Gerhardt, iii.82, 85-86, 97). Voir la réaction un peu déçue de Leibniz à l’égard des remarques très brèves et sèches de Bayle (Gerhardt, iii.102-103) et les explications de Basnage de Beauval : « A l’égard de M. Bayle, il n’a eu d’autres raisons que le travail de son Dictionnaire critique qui l’occupe tout entier. Je sçai seulement qu’en particulier il avoit dessein de s’expliquer dans une these sur la motion du corps : mais vous avez appris le revers de fortune qui lui est arrivé. Le Magistrat sans l’entendre l’a privé de sa charge et de ses gages ; il a pris pour pretexte quelques propositions pretendues impies dans son traitté des Cometes. C’est un pretexte, car il y a 10 ou 12 ans que ce livre a paru ; d’ailleurs on devoit du moins à son merite la justice de l’entendre. Il merite un meilleur sort. » (lettre à Leibniz du 15 janvier 1694 : éd. Gerhardt, iii.108 ; même tonalité dans sa lettre à Janiçon du 9 novembre 1693, éd. H. Bots et L. van Lieshout, p.37). En réponse, Leibniz évoque le poids de l’accusation concernant l’ Avis aux réfugiés : « Je suis un de ceux à qui la disgrace de M. Bayle a le plus deplû. Je voudrais que toutes les personnes de merite fussent satisfaites à proportion ; mais ce qui embarrasse, c’est qu’on accuse M. Bayle d’estre l’auteur des Avis aux refugiés, et qu’on dit d’en avoir des soubçons tres forts. Effectivement s’il avoit fait un tel livre, il auroit grand tort ; mais quand il auroit des sentimens approchans, je le tiens incapable de les produire d’une maniere si prejudiciable à l’Estat qui le protege. » (éd. Gerhardt, iii.110).

[8Dans le JS du 5 janvier 1693, est publié l’« Extrait d’une lettre de M. de Leibniz pour soutenir ce qu’il y a de lui dans le Journal de sçavans du 18 juin 1691 », comportant sa réponse aux objections publiées dans le JS du 16 juillet 1691 : « Pour prouver que la nature du corps ne consiste pas dans l’étenduë, je m’étois servi d’un argument expliqué dans le Journal des sçavans du 18 juin 1691, dont le fondement est, qu’on ne sçauroit rendre raison par la seule étenduë de l’inertie naturelle des corps, c’est à dire de ce qui fait que la matiere resiste au mouvement, ou bien de ce qui fait qu’un corps qui se meut déja, ne sçauroit emporter avec soi un autre qui repose, sans en être retardé. Car l’étenduë en elle-mesme estant indifferente au mouvement et au repos, rien ne devroit empêcher les deux corps d’aller de compagnie avec toute la vitesse du premier, qu’il tâche d’imprimer au second... ».

[9Il s’agit d’un problème de géométrie que Leibniz avait publié dans les Acta eruditorum de juin 1692, p.274-279 : « Constructio testudinis quadrabilis hemisphæricæ ; Autore G.G.L. » et dont il donne la solution en août 1692, p.370-371 : « Ænigmatis florentini solutiones ».

[10Sur le « problème de Florence » posé par Viviani, voir Lettre 901, n.5, et Gerhardt, iii.89, 105.

[11Publié par Leibniz sous le nom de César Furstenerius, l’ouvrage De Jure suprematus ac legationis principum Germaniæ (s.l. 1677, 8°) parut sans adresse en 1677, 1678 et 1679. Une nouvelle édition complétée parut en 1682 : Notæ et animadversiones in Cæsarini Furstenerii tractatum De jure suprematus ac legationis principum Germaniæ, inter legendum, quinque abhinc annis, jam anno 1677. ex tempore conscriptæ, nunc verò in lucem editæ (Coloniæ Allobrogum 1682, 8°).

[12Sur la correspondance entre Pellisson et Leibniz et la publication de Pellisson, voir Lettre 901, n.7, et Gerhardt, iii.79-90. Il s’agit de la publication de l’ouvrage intitulé De la tolérance des religions. Lettres de M. de Leibniz et réponses de M. Pellisson, ou quatriéme partie des réflexions sur les differends de religion (Cologne 1692, 12°) ; Jean Le Clerc en devait donner un compte rendu dans la BUH, juillet 1693, art. II. Sur ce périodique, voir H. Bots, H. Hillenaar, J. Janssen, J. Van der Korst et L. van Lieshout, De « Bibliothèque universelle et historique » (1686-1693). Een periodiek als trefpunt van geletterd Europa (Amsterdam, Maarssen 1981).

[13Paul Pellisson-Fontanier est mort le 7 février 1693 à Versailles. Voir la Lettre sur la mort de M. Pellisson, pour justifier ce qu’en a dit la Gazette de Rotterdam du 16 février 1693 contre deux lettres, l’une imprimée et l’autre qui court manuscrite (Rotterdam 1693, 8°), et, dans la Gazette, la nouvelle de Paris du 14 février 1693 : « Messire Paul Pellisson Fontanier, maître des resquêtes de l’Hôtel, un des Quarante de l’Académie françoise, chargé par le Roi de l’administration des deniers des Œconomats, destinez à la subsistance des Nouveaux-Convertis, mourut à Versailles le 7e de ce mois. Son esprit et son sçavoir l’avoient toujours fort distingué parmi les gens de Lettres. Son application continuelle au soulagement et à l’instruction des Nouveaux Catholiques, suivant les intentions de Sa Majesté, et plusieurs ouvrages qu’il a donnez au public, ont été des preuves signalées de sa piété et de son zele pour la religion catholique. »

[15Ezéchiel Spanheim avait dû quitter la cour de France début 1689 en raison de la rupture des relations entre la France et le Brandebourg à la suite du sac du Palatinat en septembre 1688. Spanheim fut tenu à l’écart des affaires pendant plusieurs années et rédigea à cette époque sa Relation de la Cour de France en 1690 : voir Lettre 746, n.3.

[16Sur les faux fragments du Satyricon de Pétrone publiés par François Nodot chez Leers à Rotterdam, voir Lettre 901, n.12. Voir aussi les Observations sur le Pétrone trouvé à Belgrade en 1688 et imprimé à Paris en 1693. Avec une lettre sur l’ouvrage et la personne de Pétrone (Paris 1694, 12°), publiées chez Daniel Horthemels et recensées dans le JS du 19 avril 1694.

[17L’impression de cet énorme ouvrage d’ Ezéchiel Spanheim prit trois ans : Juliani Imperatori Opera quæ supersunt omnia, et S. Cyrilli Alexandriæ Archiepiscopi contra impium Julianum libri decem (Lipsiæ 1696, folio, 4 vol.). Voir le commentaire de Kuiper à Nicaise dans sa lettre du 26 juillet 1695, in Cuper, Correspondance, p.439, et le compte rendu de Basnage de Beauval, HOS, janvier 1697, art. VII.

[21Veit Ludwig von Seckendorf avait occupé d’importantes fonctions administratives auprès du duc Ernest de Saxe-Gotha, puis de Maurice de Saxe-Zeitz. A la mort de celui-ci en 1681, il s’était retiré sur ses terres de Meuselwitz. Il fut nommé chancelier de l’université de Halle en 1692 ; il mourut le 18 décembre de la même année. Voir R. Pahner, Veit Ludwig von Seckendorff und seine Gedanken über Erziehung und Unterricht (Leipzig, 1892).

[23Si tel est le cas, et pour s’en tenir à l’année de sa mort, Seckendorf serait notamment l’auteur des recensions que les Acta eruditorum ont publiées de l’ Avis important aux réfugiés et de l’ Examen d’un libelle contre la religion, contre l’Etat et contre la revolution d’Angleterre (février, p.49-54 et 54-62), de La Cabale chimérique et de L’Apologie du sieur Jurieu [...] adressée aux pasteurs et conducteurs des Eglises wallonnes des Pays-Bas (mars, p.117-121 et 121-124), des Réflexions sur les différends de religion de Pellisson (juin, p.241-249). Aurait-il également rendu compte du Projet et fragmens d’un dictionnaire critique, recensé dans les Acta eruditorum d’octobre 1692, p.474-477 ?

[25Sur l’arabisant Paul Bauldry (Baudrius), professeur d’histoire de l’Eglise à l’université d’Utrecht à partir de 1685 et gendre de Basnage de Beauval, voir Lettre 683, n.2.

[26Leibniz fait ainsi allusion à ses deux écrits sur la définition cartésienne de la matière publiés dans le JS : voir ci-dessus, n.8.

[27Entre 1024 et 1528, « het Sticht Utrecht », qui comprenait de grands territoires dans les provinces à l’est et au nord des Pays-Bas, constituait une principauté du Saint-Empire romain germanique, ce qui faisait des évêques d’Utrecht des princes puissants. Le dernier prince-évêque avant Charles Quint fut Henry II de Bavière (1487-1552). C’est en octobre 1528 que le duc Karel abandonna les Etats d’Utrecht et Overijssel à Charles Quint. Utrecht entra ainsi dans l’empire des Habsbourg aux Pays-Bas. L’évêque Henri de Baden abandonna à Charles Quint toute la temporalité de l’évêché d’Utrecht, ce qui ouvrit en effet la voie à la Réforme aux Pays-Bas. Malgré une réorgansiation des diocèses (Utrecht, Malines et Cambrai), les structures de l’administration ecclésiastique catholique avaient quasiment disparu dans la partie septentrionale des Pays-Bas au dernier quart du XVI e siècle. Voir J.I. Israel, The Dutch Republic. Its rise, greatness and fall (1477-1806) (Oxford 1995), p.60-62 ; Dictionnaire de Port-Royal, art. « Hollande, Mission de ».

[28Leibniz adresse à Bayle une brève réponse à ses remarques – relayées par Basnage de Beauval avec la lettre 901 – sur les objections proposées par le philosophe allemand à la conception cartésienne du corps.

Accueil| Contact | Plan du site | Se connecter | Mentions légales | icone statistiques visites | info visites 260048

Institut Cl. Logeon