[Rotterdam, le 31 mars 1693]

A Almeloveen homme très célèbre, le plus cher de mes amis, je donne mes salutations, Pierre Bayle

Si je n’ai pas obéi à vos très aimables et très urgentes invitations [1], c’est à la fois à cause de l’horrible tempête qui a rempli le ciel pendant la semaine entière de mes vacances et à cause de l’espoir que nos amis communs m’avaient donné que si le voyage était ajourné je pourrais les accompagner. J’ai attendu donc leur commodité ; en fait ils ont abandonné l’espoir [de vous rendre visite] et m’ont ôté le mien. Je vous prie de me pardonner et de plaindre mon sort.

Quel malheur qu’il n’existe pas dans ma très maigre bibliothèque des volumes de délices poétiques [2] de quelque genre que ce soit. Vais-je être toujours malheureux parce que je n’ai en ma possession aucun livre que vous m’avez demandé et que je puisse vous expédier en échange d’un autre ? Il s’en est fallu de peu que je n’envoie pour le très distingué Monsieur Pichot [3] une couronne royale avec cette lettre mais craignant la peine de mort [4] et quelqu’autre accident je la garderai jusqu’au moment de la remettre entre vos mains ou à quelqu’un que vous aurez désigné par son nom. Monsieur de Mey m’a fait la joie de m’a nnoncer la nouvelle de votre future brève excursion chez nous.

Adieu, homme des plus ami, j’écris à la hâte ces lignes, prévenu de l’impatience de Monsieur Pichot ; je vous ordonne de faire mes compliments à vos vénérables parents.

Donnée la veille des Calendes d’avril 1693 peu après lecture de votre lettre.

 

A Monsieur/ Monsieur Almeloveen/ docteur en medecine/ A Tergou/ recommandée à Mr Pichot f[idele] m[inistre] d[u] s[aint] E[vangile]

Notes :

[1Voir les lettres d’ Almeloveen du 22 et du 29 mars (Lettres 915 et 919).

[2Voir la demande d’ Almeloveen dans sa lettre du 29 mars : il cherche les poésies belges publiées par Janus Gruterus : Lettre 919, n.3.

[3Sur François Pichot, voir Lettres 244, n.38, et 919, n.1. Bayle craint que sa lettre ne soit saisie et que la « couronne royale » ne le trahisse comme un ami ou un espion de la France.

[4Sur François Pichot, voir Lettres 244, n.38, et 919, n.1. Bayle craint que sa lettre ne soit saisie et que la « couronne royale » ne le trahisse comme un ami ou un espion de la France.

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